#7 « Les noix de chez nous, c’est toujours appréciable. »

L’odyssée d’Olivier : 4400 km, le bilan du deuxième mois

Olivier garde toujours un très bon rythme dans sa longue course vers le Sud de l’Europe. Comme pour le bilan du premier mois, L’avertY vous propose cette semaine une interview plus longue, réalisée le 30 août, pour fêter les deux mois depuis le départ du Cap Nord en Norvège.

Épisodes précédents…
#0
(Re)-lire l’interview d’Olivier au départ fictif à Grenoble
#1
Passer le cap
#2
Fuir les moustiques
#3
Mer fraîche, feux de forêts
#4
2000 km, le bilan du premiers mois (la mensuelle)
#5
Un rythme à deux
#6
L’Elbe cool

Parmi les personnes que tu as déjà croisées sur ton trajet, qui aimerais-tu revoir après cette odyssée à vélo ?

Le plus évident pour moi, ce serait Richard que j’ai croisé d’abord sur le bateau, puis à Berlin. On a beaucoup échangé, on s’entendait bien, on était en phase sur pas mal de sujets. Le fait de bien parler anglais tous les deux, on arrivait bien à discuter. Le petit couple qui m’a hébergé en Allemagne était vraiment sympa, mais avec eux j’ai eu plus de mal à échanger. C’était un peu moins riche comme échange, mais quand même super sympa. Si j’avais l’occasion de les recroiser, ce serait super cool. J’ai prévu de leur envoyer une carte postale un peu plus tard dans le voyage.

Avec ces gens-là, on a pris le temps de faire connaissance. Ce n’est pas juste des gens que j’ai croisé, à qui j’ai dit bonjour et avec qui j’ai échangé trois mots. J’ai passé un peu de temps. On s’est raconté nos vies. À partir de là, je me sens plus proche de ces personnes-là, que d’autres personnes croisées en coup de vent.

Wilfried et Krista, couple allemand qui a hébergé Olivier

Si tu devais déménager dans un des pays déjà visités, ce serait lequel et pourquoi ?

Je pense que ça serait la Suède. Ça dépend un peu où en Suède, mais globalement les gens sont très cool. La culture n’est pas si différente de la nôtre, je pense que je ne serais pas trop perdu si je devais m’y installer. La langue est relativement proche de l’Allemand, j’arriverais à me débrouiller assez vite. La Suède plutôt au Sud, pour le climat. J’ai bien aimé cette partie-là.

Moulin dans le Sud de la Suède.

Est-ce qu’à force des kilomètres parcourus (combien?), tu ressens une certaine fatigue ou lassitude ?

Physiquement, ça va bien. Je n’ai pas l’impression d’avoir spécialement forcé. J’avance à mon rythme, je ne suis pas spécialement fatigué. Après sur la lassitude, ça dépend un peu des jours. Globalement, ça va plutôt bien. J’avais un peu peur avant de partir, de me dire : tous les matins, il faut remonter sur le vélo, il faut repartir après avoir remballé toutes ses affaires. Je n’ai pas spécialement de mal à faire ça. Parce que je me dis que je vais découvrir des nouvelles choses. Parce que j’avance dans mon trajet. J’ai l’impression de progresser. Il y a des jours où, forcément, les paysages sont moins beaux.

Par exemple, aujourd’hui pour ton étape jusqu’à Vyšší Brod (République Tchèque), ce n’est pas la journée idéale avec la pluie ?

Je m’étais préparé psychologiquement avant de partir en me disant : il y aura des jours de pluie. Il faudra quand même que je pédale, que j’avance un peu. J’ai l’équipement pour, j’ai des vêtements, des sacoches étanches. C’est pas foufou, mais c’est pas non plus un calvaire.

Le beau temps laisse ses marques de bronzage.

Je te propose 3 questions, il faut que tu en choisisses une et que tu y répondes :

  • Quel est le plus gros risque que tu as pris depuis le début du voyage ?
  • Quelle rencontre t’as le plus ému ?
  • Qu’est-ce que tu t’obliges à ne jamais dire dans ton blog ?

Je vais prendre la dernière : qu’est-ce que tu t’obliges à ne jamais dire dans ton blog. Je ne parle pas trop de ce qui est petit pépin de santé. Voilà. Si j’ai des soucis, c’est vraiment rien de grave au jour le jour. D’une part, ce n’est pas la peine d’en parler, parce que ce n’est pas très intéressant, et je n’ai pas envie que les gens s’inquiètent, et parce que je n’arriverais pas forcément à le formuler. Cela paraîtrait très grave, alors que ça ne l’est pas. Je m’étends pas plus que ça là-dessus. Je pense que c’est aussi bien.

Et pourquoi pas les deux autres ?

Pour la première, je n’ai pas spécialement l’impression d’avoir pris de risques. Il y a une fois où j’ai hésité à prendre une voie de chemin de fer sur 100 mètres, mais je me suis ravisé parce que c’est vraiment un risque un peu stupide. Et puis l’autre question, ça rejoint la question posée tout à l’heure sur les personnes que j’aimerais revoir.

Panneau explicite, découvert au Danemark.

Si tu avais droit à un joker pour faciliter la fin de ton trajet, tu prendrais quoi : un vélo électrique Métrovélo qui pèse plus de 18 kg, un sac de noix de Grenoble pour changer ton alimentation du quotidien, ou une personne qui te dit dans l’oreillette à chaque carrefour par où il vaut mieux passer selon des critères définis à l’avance ?

Je réponds assez facilement, les noix de Grenoble. Justement, sur le vélo électrique, ce matin, je me suis retrouvé avec un couple qui en avait. Selon le relief, si ça montait ou si ça descendait, je les doublais, ou il me repassait devant. Même sur le plat j’allais globalement plus vite qu’eux. Le vélo électrique ne m’apporterait pas grand chose. Ce serait plus un poids plutôt qu’un joker. Pour le guidage dans l’oreillette, j’ai déjà mon GPS sur le téléphone. Je n’ai pas l’oreillette, mais je peux avoir le guidage point par point. Je ne regarde pas forcément à chaque fois, j’arrive à me repérer facilement avec. Par contre, les noix de chez nous, c’est toujours appréciable. J’ai de temps en temps, des petits trucs à grignoter.

L’église Sankt Michael à Berlin.

Si tu avais la possibilité de te téléporter à Grenoble pour prendre ou déposer un objet, et revenir où tu es actuellement, quel serait ton choix ?

Je n’ai pas l’impression de manquer de grand chose. Y a quelque chose que j’ai pris et que je n’ai pas utilisé jusqu’à maintenant, c’est la chambre à air de secours. Ce serait un peu prétentieux de dire que je la laisserais à Grenoble. Je n’ai pas du tout crevé, j’ai eu zéro soucis sur le vélo. À priori, tout le reste, je l’ai utilisé. Je n’ai pas eu l’impression qu’il me manque vraiment quelque chose.

Cathédrale à Prague, voir aussi la série de photos.

À quand remonte la dernière fois où tu as bu une bière ?

Très longtemps, étant donné que je ne bois pas d’alcool du tout.

Du coup, je transforme la question : à quand remonte la dernière fois où tu as bu un verre dans un bar ?

C’était à midi. Un Pepsi. Je suis passé dans une ville assez jolie, je n’avais plus grand chose à manger et pas envie d’aller acheter à manger. Je me suis arrêté dans un petit restaurant au bord de la rivière. J’ai mangé sur la terrasse abritée. C’était aussi bien, parce qu’il s’est mis à pleuvoir.

Rivière du village de Český Krumlov en République Tchèque.

Comment trouves-tu le parcours, les aménagements, Eurovélo 7 depuis ton départ ?

C’est très variable, même à l’intérieur d’un même pays. Globalement, la signalisation Eurovélo 7 en tant que telle, elle est très peu mise en place. J’ai vu quelques panneaux au Danemark et sur le Nord de la Suède. Sinon, ce qui se passe, c’est qu’elle reprend des itinéraires cyclables nationaux. Du coup, ce sont ces itinéraires-là que je suis, pas forcément le logo Eurovélo 7 à chaque fois. Donc le GPS m’aide bien. Les itinéraires que je suis, sont plus ou moins bien aménagés. Des fois, en Suède, c’est un petit chemin dans la forêt avec des graviers, et parfois presque l’autoroute. Des fois, en République Tchèque, il y a de belles pistes cyclables le long de la rivière, très agréable, du plat, ça roule tout seul. C’est vraiment très très variable. C’est la surprise de chaque jour. Aujourd’hui, c’était très très vallonné. Il y avait de grosses pentes, en montée et descente. Sur la signalisation, je m’y attendais, à ce que ce ne soit pas bien mis en place partout… Par contre, je pensais que les endroits où j’allais passer seraient globalement plus adaptés aux vélos. J’étais assez surpris de me retrouver sur des petits chemins en forêt ou sur des routes bien abîmées, défoncées. Je pensais que ce serait en meilleur état, ça fait partie de la découverte.

Panneau Eurovélo 7 en Autriche.

Quand tu prends une photo, quels réglages fais-tu ? Sur quoi te concentres-tu ?

Le réglage principal que je choisis, c’est l’ouverture de l’objectif. C’est ça qui va déterminer la profondeur de champ, donc la zone de netteté dans la photo. En gros, si je prends une photo de paysage, je vais vérifier que tout soit net. Au contraire, si je prends une photo d’un détail, un bâtiment, un animal ou une fleur, je vais essayer d’avoir une profondeur de champ plus réduite pour vraiment faire ressortir l’élément à mettre en avant. En plus du cadrage, que j’essaie d’avoir intéressant pour mettre en valeur les éléments dans la photo. Sur certaines photos, je fais effectivement des réglages spécifiques.

Illustration de la profondeur de champ, net devant, et flou derrière.

Et pour finir, combien de cyclistes penses-tu avoir croisé depuis ton départ sur ta route ? (ou combien par jour)

C’est très variable selon les jours. Il y a des jours où c’est en permanence, et des jours comme aujourd’hui, quatre ce matin et zéro cette après-midi. En moyenne, une vingtaine par jour.

(nombre de kilomètres déjà parcourus)

Encouragez Olivier à parcourir les kilomètres restants en envoyant des questions, commentaires, mots sympas à ludovic.chataing@laverty.fr. D’autres photos disponibles sur son blog.

Propos recueillis et mise en page par Ludovic Chataing
Photos Olivier Letz.

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