#Final « Pas mal d’émotions qui se mélangent »

L’odyssée d’Olivier : l’interview à l’arrivée.

Il est allé au bout de ses 7200 kilomètres de voyage à vélo. Olivier est arrivé à Malte le 12 octobre. Avec quelques coups de pédales supplémentaires le lendemain, jusqu’au point le plus au Sud de l’île, il a officiellement achevé son Odyssée (avec une photo très aérienne). L’avertY l’a interviewé par téléphone le soir même, lorsqu’il était à l’auberge de jeunesse, pour avoir son ressenti.

Olivier et son vélo, au point le plus au Sud de l’Europe.

Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder à l’interview audio de L’avertY.

https://archive.org/embed/AppelDeMalteOdysseDOlivierV2

Voici également un extrait de son blog :

« Il n’y a pas de monument comme en Norvège, je passe simplement un petit trou dans une barrière et je suis un petit chemin bétonné qui me mène jusqu’à la pointe. Je suis tout seul sur un rocher en haut de la falaise qui domine la mer. Il est un peu plus de midi, le soleil perce timidement au sud au travers des nuages, et un peu plus loin face à moi se trouvent les côtes de l’Afrique, et en particulier la Libye. J’ai forcément une pensée pour tous ceux qui essaient de faire le trajet en sens inverse, à la recherche d’une vie meilleure en Europe, ou tout simplement pour leur survie. »

Épisodes précédents…
#0
(Re)-lire l’interview d’Olivier au départ fictif à Grenoble
#1
Passer le cap
#2
Fuir les moustiques
#3
Mer fraîche, feux de forêts
#4
2000 km, le bilan du premiers mois (la mensuelle)
#5
Un rythme à deux
#6
L’Elbe cool
#7
4400 km, le bilan du deuxième mois (la mensuelle)
#8
À travers les Alpes
#9
Le récit d’Alban
#10
6500 km, le bilan du troisième mois (la mensuelle)

Photo et blog : Olivier Letz.
Interview et mise en page : Ludovic Chataing.

Site web de L’avertY : www.laverty.fr

#10 « Je suis vraiment content qu’ils arrivent maintenant. »

L’Odyssée d’Olivier : 6500 km, le bilan du troisième mois

Ce jeudi 4 octobre, il ne reste plus “que” 720 kilomètres à parcourir en Italie pour Olivier, avant d’arriver à Malte, dernier pays à visiter. Dans le petit village d’Acquafredda, sur la côte italienne, Olivier commence à fatiguer à cause des dénivelés répétitifs. Heureusement, les renforts sont là pour l’aider à finir son incroyable Odyssée à vélo.

Épisodes précédents…
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(Re)-lire l’interview d’Olivier au départ fictif à Grenoble
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Fuir les moustiques
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Mer fraîche, feux de forêts
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Un rythme à deux
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L’Elbe cool
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4400 km, le bilan du deuxième mois (la mensuelle)
#8
À travers les Alpes
#9
Le récit d’Alban

Quel est ton état de fraîcheur sur une échelle de 1 (le moins frais) à 10 (le plus frais) ?

On va dire six. Je commence à fatiguer un peu, mais ça roule quand même tout le temps. Sur le Sud de l’Italie en particulier, ça commence à être bien vallonné, il y a pas mal de collines, voir de montagnes. Je suis globalement le long de la mer, mais il y a pas mal de dénivelés. Donc ça me fait quand même des bonnes journées. J’essaye toujours de faire 70 km par jour en moyenne, mais avec plusieurs centaines de mètres de dénivelés. Par exemple, aujourd’hui, je pense avoir fait 700 mètres de dénivelés, ça tire sur les jambes. Je commence à accumuler un petit peu de fatigue sur l’ensemble du trajet mine de rien. La traversée des Alpes, ça s’est fait en gros en deux jours. Là depuis quatre, cinq jours, j’enchaîne les journées avec pas mal de dénivelés. En cumulé, sur cette région de l’Italie, je vais faire bien plus de dénivelés que ce que j’ai fait sur la traversée des Alpes. Je ne m’y attendais pas…

Blog : La tournée des châteaux.

Les meilleures pizzas d’Italie sont au Nord ou au Sud ?

J’en ai mangé pas mal à Naples, qui est censée être la capitale de la pizza. C’est vrai qu’elles étaient bien bonne là-bas. Globalement plutôt au Sud. J’aurais peut-être l’occasion d’en manger encore quelques-unes d’ici la fin du trajet pour confirmer. Quand je m’arrête au restaurant en Italie, je me dis que la pizza, c’est local. Ça me donne une bonne excuse. J’en ai mangé à Rome, à Naples, pas non plus des kilos. En général, je vais dans les restaurants dans les villes et que je suis en pause. Du coup, je n’ai pas envie de me faire à manger.

Blog : Re-garde le lac.

Si tu devais décrire l’Italie avec seulement des adjectifs, tu dirais que l’Italie est comment ?

Ce n’est pas facile, parce que c’est très différent entre le Nord et le Sud. Le Nord, j’ai trouvé ça très propre, on sent que ce n’est pas loin. Il y a une forte influence de l’Autriche, à parler Allemand. Assez strict. Alors qu’au Sud, c’est un peu plus folklorique, pour rester gentil. Un peu plus le bazar, que ce soit dans la circulation, que ce soit dans la gestion des poubelles. Il y a des poubelles de partout, c’est assez sale. Les gens roulent dans tous les sens. J’ai l’impression que c’est un peu plus égoïste aussi, que chacun est un peu plus renfermé sur soi. Il y a des barrières, des grilles de partout. C’est ce que j’ai ressenti en passant dans les villages. J’ai ressenti cette différence entre le Nord et le Sud, c’est assez progressif en avançant. Si je regarde la ville Bolzano dans le Nord, qui ressemblait pas mal à Grenoble, et Naples dans le Sud, j’ai l’impression d’être dans deux pays complètement différents.

Blog : Florence, comme au cinéma.

Comment trouves-tu cette côte italienne de la méditerranée ?

Vraiment jolie. Assez abrupte. Il y a pas mal de collines, de montagnes, des falaises qui tombent dans la mer, je trouve ça magnifique. Il y a pas mal de villages accrochés dans ces falaises. En me baladant comme ça de l’un à l’autre, j’apprécie vraiment l’ambiance qu’il y a. En avançant vers le Sud, c’est de plus en plus calme. On sent que c’est la fin de la saison. Il y a moins de touristes, plein d’endroits avec beaucoup moins de monde qu’en plein été. J’apprécie ce calme-là que je trouve dans les villages.

Blog : Des hauts et des bas.

Tu as pu “goûter” la mer ?

J’ai goûté la mer. Pas beaucoup, parce qu’il y a eu des jours où il ne faisait pas très beau. Quand je me suis baigné, elle était bien bonne. Ça faisait du bien sur une journée de plein soleil de pouvoir se rafraîchir. C’est bien plus chaud que la mer baltique. Ce qui est différent, c’est la manière dont c’est aménagé. En Italie, il y a beaucoup de plages privées avec des bars, des restaurants, voir des hôtels. Il y a quelques accès publics. Ça change de la Suède où c’était plus sauvage.

Blog : De la mer à l’amer.

Question patrimoine : quel est ton TOP 3 des monuments ou lieux que tu conseillerais à visiter en Italie (à ce stade de voyage) ?

J’ai fait trois grandes villes où j’ai visité : Florence, Rome, Naples.

  • À Rome, j’ai beaucoup aimé la basilique Saint-Pierre, le cœur du Vatican. Quoi qu’on en dise, qui est vraiment impressionnante, grande et bien décorée. Je n’y étais jamais allé.
  • Après, ce que j’ai beaucoup aimé, parce que ça changeait de ce que j’avais vu jusqu’à maintenant, ce sont les souterrains à Naples. C’est une construction qui date de l’époque romaine. C’était un aqueduc qui permettait d’amener de l’eau jusque dans la ville. Qui a été laissé à l’abandon. Qui a resservi pendant la Seconde Guerre mondiale comme abris anti-bombardement. Donc ça se visite, c’est assez original. En une heure, on découvre le système de galeries d’eaux, et comment les gens vivaient pendant la guerre quand ils allaient se réfugier là-dessous.
  • La côte amalfitaine, très jolie avec des villages installés dans les falaises. J’y suis passé alors que c’était assez gris, ça faisait une ambiance particulière. En plein soleil ça devait être encore plus impressionnant, plus coloré, plus joli. J’ai vraiment apprécié de passer par là avec mon petit vélo. Il y avait beaucoup, beaucoup de voitures. Je pense qu’en plein été, ça doit être la folie. J’arrivais à me faufiler dans les files de voitures, sur les petites routes qui zigzaguent dans les falaises. C’était chouette.
Blog : Pagaille et grisaille.

Rapidement,
Que retiens-tu de Florence ?

Énormément, énormément de touristes. Je pensais qu’en septembre ça serait un peu plus calme. Ça l’est peut-être, mais je n’ose pas imaginer en plein cœur de l’été.

Que retiens-tu de Rome ?

Il y a une grande richesse culturelle, énormément de lieux à visiter. J’y ai passé deux jours, et j’ai l’impression d’avoir vu qu’un tout petit bout de ce qu’il y a à découvrir là-bas. Une grande richesse historique à découvrir.

Que retiens-tu de Naples ?

La circulation. C’est bien le bazar, il y a des voitures dans tous les sens, ça klaxonne de partout. Moi, je me faufilais avec mon vélo au milieu. Finalement, je m’en suis pas trop mal sorti. À Rome c’était un peu le cas, mais là, c’est encore un niveau au-dessus.

Blog : Recette de la pizza napolitaine.

Dans l’actualité, on parle souvent des immigrés accueillis en Italie. Est-ce que tu ressens sur le terrain une forme de crispation à ce sujet ? Est-ce que les Italiens sont accueillants ?

Je vais répondre peut-être un petit peu à côté de la question. Je n’ai pas vraiment ressenti de crispation ou quoi que ce soit. Mais en arrivant en Italie, déjà dans le Nord, et c’est un peu le cas tout le long dans les différentes villes où je suis passé, j’ai vu beaucoup de petits groupes de noirs, d’Africains, je sais pas comment le dire. Beaucoup d’immigrés, je pense, qui sont là. Soit temporairement, soit installés. J’ai senti une forte présence d’Africains dans les villes. J’ai pas vraiment eu l’occasion d’en discuter avec des Italiens, je ne sais pas trop comment ils ressentent la chose. Pour ça que je ne peux pas vraiment répondre à la première question.

Je ne sais pas comment le dire… Depuis que je suis arrivé dans le Sud, comme tout est fermé parce que c’est la fin de la saison touristique, j’ai l’impression qu’ils ont plus envie d’accueillir grand monde. Ils accueillent du monde pendant l’été, et maintenant tout est fermé : les campings, les magasins. Je passe dans des villages, j’ai l’impression que c’est abandonné parce qu’il n’y a plus personne. Ce n’est pas forcément une mauvaise volonté, c’est la fin de la saison. Il doit y avoir tellement de monde pendant l’été, que ça doit mobiliser beaucoup d’énergie. Tout tourne autour du tourisme.

Blog : Sous la pluie et sur le plat.

Tu es de nouveau rejoint sur ton trajet… tu peux nous en dire plus ?

Ce sont mes parents qui m’ont rejoint pour la fin du trajet. Ils ont loué un petit camping-car, et mon père a pris son vélo en plus. Sur certaines étapes, on va rouler tous les deux pendant que ma mère conduit le camping-car. On va se retrouver les soirs pour pouvoir dormir dans le camping-car. Ça va bien me faciliter la vie, parce que tous les campings sont fermés. J’ai du mal à trouver des lieux d’hébergement. Là, au moins, je sais que tous les soirs, j’aurais de quoi dormir. Ça va me faciliter aussi la logistique. Niveau nourriture, je n’aurais pas besoin de faire des courses.

Blog : Dernière visite.

J’ai l’impression que la cavalerie est arrivée, pile-poil au bon moment ?

C’est exactement ce que je me disais. Il y a hier soir où c’était vraiment tendu pour trouver un lieu pour dormir. Il aurait fallu qu’ils arrivent un jour plus tôt, ça aurait été parfait. Je suis vraiment content qu’ils arrivent maintenant, parce que ça devenait compliqué. Je vais profiter du camping-car pour rentrer avec eux. On va sûrement faire quelques étapes pour visiter aussi. Ils sont venus directement de Grenoble en deux jours. Ils voulaient prendre le temps de visiter le reste de l’Italie. En remontant, on va prendre notre temps. À priori, on voulait voir le Vésuve à côté de Naples. Faut qu’on discute de tout ça, qu’on fasse le planning de ce qu’on veut faire ensemble. Je serais l’esprit libre, en mode touriste.

Nombre de kilomètres parcourus à vélo par Olivier depuis le Cap Nord.

Encouragez Olivier à parcourir les kilomètres restants en envoyant des questions, commentaires, mots sympas à ludovic.chataing@laverty.fr. D’autres photos disponibles sur son blog.

Photos : Olivier Letz.
Mise en page : Ludovic Chataing.

Site web de L’avertY : www.laverty.fr

#9 « J’étais littéralement l’invité d’Olivier. »

L’Odyssée d’Olivier : Le récit d’Alban

Olivier et Alban ont pris le temps de faire une petite photo souvenir avant de se séparer.

Pour la deuxième fois dans son Odyssée, Olivier a partagé quelques jours de route à vélo avec un proche. Cette fois-ci, c’est Alban, déjà habitué à ces longs voyages, qui l’a rejoint mi-septembre. Ensemble, ils ont parcouru près de 300 km, avec 1600 mètres de dénivelés positifs, sur trois jours complets. Pour ce chapitre 9, L’avertY laisse la parole à Alban, qui nous partage quelques moments forts (en textes et photos), ainsi que ses impressions sur ce voyage.

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Un rythme à deux
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#8
À travers les Alpes

J’avais dit à Olivier que je le rejoindrais quand il passerait “proche” de Grenoble. On s’est donc retrouvés à Verona (ndlr : à 500 km de Grenoble). J’ai pris plusieurs Flixbus de nuit. D’ailleurs, il est possible de réserver une place sur les portes-vélos et il n’y a alors pas besoin de démonter son vélo.

Pendant quelques jours, j’ai pu partager sa routine de voyage. Agréablement surpris par son mode sans-pression, j’ai pu vivre, par exemple, l’expérience de laisser les vélos chargés sans cadenas devant le supermarché. Pas hyper rassuré pendant les courses, mais on les a bien retrouvés en sortant.

Dans ce mode, les journées ne sont pas rythmées par des rendez-vous ou autres obligations, seule l’envie du moment prime (pause, joli paysage, repas…). Les journées commencent quand on se réveille (pas de réveil sur l’EuroVelo 7) et finissent quelques heures après le coucher du soleil, après la douche, le repas et la rédaction du blog (ça prend finalement pas mal de temps, surtout la rédaction du blog).

De plus, en faisant du bivouac, il n’y a pas besoin d’avoir un lieu d’arrivée, faut juste trouver un bon spot avant que la nuit tombe. On s’est d’ailleurs fait avoir deux fois sur trois nuits.

Côté touristique, entre Verona et Bologna, j’ai été très étonné des traces de l’exode rural bien plus visibles que chez nous : un nombre énorme de fermes abandonnées, plein de champs “morts”, peu d’habitants croisés.

Heureusement, la partie entre Bologna et Firenza (oui, c’est Florence, mais comme on francise les noms étrangers…) était déjà beaucoup plus ce que j’avais en tête.

On y a découvert des villages colorés à l’Italienne (une sorte d’enduit dans les tons rouges qui ne font pas uniformes et qui font vachement romains), des clochers à la Toscane, des vignes, des oliviers…

Durant ces quatre jours, j’étais littéralement l’invité d’Olivier. Il m’a accueilli dans sa tente, a chargé mon téléphone sur son moyeu avant, m’a fait le guide (distance, dénivelé et panneau). Avec le minimum, quand il y a du confort pour un, il y en a pour deux.

Il a d’ailleurs atteint un niveau d’orientation assez incroyable. On ne s’est quasi jamais perdu alors qu’il n’y avait presque aucun panneau vélo. Il m’a fait une super promo de l’application phare de son voyage : OsmAnd. C’est l’application d’OpenStreetMap, alors à mon tour de faire de la pub !

Pour les non-gourous du libre ou du geekisme, OpenStreetMap (ou OSM) est une base de données cartographique libre et participative (rien que ça !). Elle est très complète, on y retrouve par exemple la position des fontaines à eau, des restaurants, des magasins, des campings, des arbres en ville, des passages piétons…

L’application permet une utilisation hors ligne de ces cartes. Olivier a donc chargé les cartes, les tracés (GPX) de l’EuroVelo 7, et même quelques infos touristiques via WikiVoyage, et n’utilise plus Internet pour se diriger ou rechercher quelque chose de précis. C’est hyper pratique pour remplir ses gourdes, trouver facilement le prochain camping sur le trajet ou encore avoir les dénivelés et les distances parcourus.

Durant ces quatre jours sportifs à la découverte de l’Italie, nous avons aussi parlé pas mal de la vie, de notre lien avec la ville, de nos maisons idéales, de jardins, et même de fleurs.

Mais ça, ça sera à chacun de vous de découvrir le nouvel Olivier.

Alban, pour l’AvertY

Toutes les photos d’Alban sont disponibles en suivant ce lien.

Encouragez Olivier à parcourir les kilomètres restants en envoyant des questions, commentaires, mots sympas à ludovic.chataing@laverty.fr. D’autres photos disponibles sur son blog.

Contribution texte et photos : Alban.
Première photo : Olivier Letz.
Mise en page : Ludovic Chataing.

Site web de L’avertY : www.laverty.fr.