#2 « Trouver des coins nature, c’est ce que j’étais venu chercher. »

L’odyssée d’Olivier : fuir les moustiques

Ce 12 juillet, Olivier a déjà changé de pays deux fois. Au revoir la Norvège, un coucou express à la Finlande, et bonjour la Suède. La descente vers le Sud s’enchaîne, jour après jour, à toute allure. En avalant 347 km pour ses trois premiers jours en Suède (dont une grosse étape de 142 km), il est largement au-dessus de sa moyenne théorique de 70 km par jour. Si désormais le temps est au beau fixe, il faut compter sur la présence massive… de moustiques !

#0 (Re)-lire l’interview d’Olivier au départ fictif à Grenoble
#1 Passer le cap

As-tu noté des changements en traversant les frontières ?

Je me faisais la remarque : il n’y a pas de différences fondamentales en passant d’une frontière à l’autre. Les deux frontières que j’ai passées (ndlr : Norvège-Finlande, Finlande-Suède), c’était à 100 km d’intervalle. La végétation, la population ne sont pas trop différentes. Je vois un peu plus des lieux de vies, du monde dans les villages, des gens devant leur maison à tondre la pelouse, ou à faire des petits travaux dans le jardin. Chose que je n’avais pas vue jusqu’à maintenant. Je commence à retrouver la civilisation. Depuis trois, quatre jours, il fait grand beau temps. Aujourd’hui, j’ai eu un grand ciel bleu toute la journée. Limite, je crame. C’est impressionnant la différence entre les jours où j’étais sous la grisaille où il faisait timidement 10 degrés. Et là, il fait plus de 25 degrés, voir 30 degrés.

Sur les derniers jours, l’itinéraire prenait des grandes routes en forêt. Dans cette région, il y a beaucoup de moustiques et autres bestioles volantes qui piquent. Tu as tout le temps une nuée de bestioles autour de toi quand tu es au camping, ou quand tu fais une pause. Pour toutes ses raisons, j’ai beaucoup roulé. Je n’avais pas trop envie de m’attarder, ce n’était pas très accueillant. Depuis hier, j’ai quitté la grande route. Je passe dans des routes de campagne, des chemins, des itinéraires plus adaptés au vélo. C’est plus agréable.

Tu as battu ton record d’étape : 142 km ! Comment ça s’est passé ?

Je n’avais pas envie de m’arrêter n’importe où. Je préfère aller au camping dans ces conditions-là. Soit je coupais les 142 km en deux, avec une nuit que j’imaginais un peu difficile entre les deux, soit je traçais directement à la prochaine étape. Étant donné que j’avais fait une première journée de 130 km, ça passait. J’ai poussé jusqu’à 140 km pour voir ce que ça donnait. C’était un peu difficile sur la fin. Je n’avais plus vraiment d’énergie dans les jambes. J’essayais d’avancer tout doucement, sans forcer. J’étais parti le matin tôt à 8h, donc j’avais de la marge. J’ai fini en roulant un peu pépère. Je fais du 15 km/h en roulant normalement, là, j’étais à 10 km/h. Je suis arrivé à 17h30. Le soir, je voulais manger au restaurant, mais il était fermé.

Est-ce que tu croises des gens qui jouent au football ?

Non, je n’en ai pas vu spécialement. Mais quand je dis que je suis Français, ils font référence à la coupe du monde. C’est assez rigolo. On me dit : “Ah les Français, ils vont gagner”. J’ai vu des bouts de match sur mon téléphone. Sinon, je regarde les résultats le lendemain. Je n‘ai pas eu l’occasion d’aller dans des bars. Pour la finale, je vais essayer de trouver un endroit (ndlr : Olivier a finalement regardé le match au camping).

Chaque semaine, L’avertY propose à Olivier de commenter certaines de ses photos prises durant le trajet. Quel est le contexte de la photo ? Quelles anecdotes ? Pourquoi ces choix-là de photos ?

N°5 Soirée lavvu (tipi)

« Il y avait une dizaine de personnes au camping, on a passé une soirée sous un grand tipi, l’habitation traditionnelle des Lapons, sur proposition de la gérante. Elle a fait un feu. La fumée montait et sortait par le haut. Il y avait une petite bouilloire pour faire du café et des bancs avec des peaux de renne pour s’asseoir. C’est vraiment sympa de discuter avec les gens qui sont dans le camping, parce que sinon chacun reste dans son coin. On se croise, on se dit bonjour, mais on n’a pas l’occasion d’échanger. Il y avait un couple d’Allemand (à droite sur la photo) qui faisait du vélo aussi. Sur la portion de route dont on a parlé, ils faisaient exactement l’itinéraire inverse de ce que je faisais. Je leur ai parlé des deux, trois étapes par où je venais de passer, et inversement. Ce sont eux qui m’ont parlé des moustiques, des taons ou autres mouches que j’allais rencontrer par la suite. »

N°6 Le bivouac idéal

« Je suis tombé là-dessus complètement par hasard en quittant la route. Il devait être 16h30, 17h. J’étais en train de me dire que j’allais chercher un coin pour dormir, que comme il faisait beau, avec une rivière pas loin, je devrais trouver un coin sympa sans besoin d’aller au camping. J’ai vu un panneau qui indiquait des ruines. Je vais voir. En arrivant aux ruines, ce n’était pas très intéressant, il y avait trois petites pierres les unes à côtés des autres. Mais il y avait cet espace aménagé : abris, banc, table. De quoi faire du feu. Une zone d’herbe. La rivière qui coule juste derrière. Vraiment idéal pour me doucher, manger tranquillement. J’ai posé ma tente juste là, j’étais un peu isolé. C’était la première soirée où j’étais en camping sauvage. La première fois aussi que je faisais du feu, plus pour l’ambiance et pour éloigner les bestioles. J’ai quand même pris mon petit réchaud à gaz pour me faire à manger. Trouver des coins nature, c’était un peu ce que j’étais venu chercher ici. »

N°7 Des couronnes suédoises

« En Finlande, ils ont l’Euro, mais pas en Norvège ou Suède. En Suède (ndlr : membre de l’Union européenne depuis 1995), ils ont encore la couronne suédoise. J’essaye de retirer des sommes conséquentes pour avoir moins de frais. Ensuite, je fais tous mes achats avec la monnaie, plutôt que par carte. Alors que quand c’est en Euro, il n’y a aucuns frais, que ça soit par carte ou en retirant au distributeur. Tu te poses moins de questions. Il y avait un décalage horaire d’une heure aussi en Finlande. Sur une journée, ça ne m’a pas trop perturbé. En revenant en Suède, on revient à l’heure d’Europe de l’Ouest. Je n’avais pas du tout fait gaffe, c’est quand j’ai allumé mon téléphone, que lui avait changé d’heure automatiquement, alors que ma montre non. Au début, je ne comprenais pas pourquoi. »

Envie de poser une question à Olivier ? Envie de réagir à ses propos ? Rejoignez le salon de discussions Discord, ou envoyez un mail à ludovic.chataing@laverty.fr. N’hésitez pas également à l’encourager sur son blog.

Propos recueillis et mise en page par Ludovic Chataing
Photos Olivier Letz.

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