#1 Un marché timidement déconfiné

Les ambiances de Léa | mardi 30 juin | 10h30

Alors que les fruits d’été débordent des étals, les clients eux, déambulent en petit nombre au milieu d’allées un peu vides. Huit semaines après le levé du confinement, c’est un mardi matin on ne peut plus tranquille sur le marché de l’Estacade. Après des ventes irrégulières et restreintes par les règles sanitaires, l’ambiance est mitigée et de nombreux emplacements restent vides.

Marché de l’Estacade, les fruits d’été débordent des étals.

Que l’on soit un habitué ou un promeneur du dimanche, le marché est plus qu’un endroit où faire ses courses. Lieu de vie, d’échange, de bonne humeur, on y croise des connaissances, on prend des nouvelles de ses commerçants, on échange des recettes, des conseils, on se rencontre. Le marché c’est aussi les étals colorés et les odeurs : les plats cuisinés qui embaument l’air, le poulet grillé, les olives, le poisson, la paëlla. Sous les tonnelles et les parasols, on se bouscule poliment, tirant son cabas, portant sa cagette, son panier ou poussant son vélo, le casque encore sur la tête. On zigzague entre le gens, les camions et les étals. Le brouhaha couvre les bruits de la ville et un accordéoniste ajoute parfois à cette joyeuse confusion un air de musette intemporel.

Alors forcément, les masques, les visières plastiques, les distances de sécurité, les files d’attentes en rang d’oignon et l’interdiction de toucher les produits, de sentir son melon, de tâter ses pêches. “C’était un peu triste“, confie un producteur. Une dame explique ne pas être venue pendant le confinement, craignant que les mesures de sécurité ne soient pas vraiment respectées. Pour d’autres comme ce vendeur de plats cuisinés c’est aussi le grand retour après deux mois d’absence car ses produits n’étaient pas considérés comme de première nécessité.

Martine, retraitée, fait son “petit tour de marché”, par habitude, par plaisir de prendre l’air et pour acheter quelques tomates. Elle reconnaît qu’en effet, ce matin, il n’y a pas grand monde. Comme beaucoup de professions et de secteurs, les maraîchers, producteurs, artisans et autres habitués des marchés souffrent encore du vide que la crise sanitaire a laissé dans les caisses. Beaucoup sont inquiets de constater un retour encore timide des clients en semaine. D’autres évoquent le contraste avec des week-ends bien plus animés.

Alors que sonne midi certains commencent à plier, peu convaincus qu’il vaille la peine de rester jusqu’à 13h. L’un d’eux semble même bien pessimiste sur la suite. Balayant son étal d’un geste de dépit, il se désole du stock qui, une fois de plus, lui reste sur les bras. Plus loin, des cartons vides s’entassent. Des salades et des tomates abimées dépassent d’un tas de cagettes, laissées sur la place bientôt vide à disposition des glaneurs de fin de marché.

Mais les commerçants gardent le sourire, et les bonnes habitudes du métier, offrant volontiers un bout de fromage, une fraise ou un abricot, pour le geste, fiers de leurs produits. Ils espèrent que le soleil fera revenir les clients et que la fin de la crise sonnera bientôt le retour de cette atmosphère si caractéristique des marchés.

Léa Bouvet, journaliste sur L’avertY.

Note aux curieux
La réouverture du 11 mai — documents de la Fédération Nationale des Marchés de France, avec Saveurs Commerce, la Fédération des Fromagers de France et l’Organisation des Poissonniers Écaillers de France

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