Pour la deuxième fois dans son Odyssée, Olivier a partagé quelques jours de route à vélo avec un proche. Cette fois-ci, c’est Alban, déjà habitué à ces longs voyages, qui l’a rejoint mi-septembre. Ensemble, ils ont parcouru près de 300 km, avec 1600 mètres de dénivelés positifs, sur trois jours complets. Pour ce chapitre 9, L’avertY laisse la parole à Alban, qui nous partage quelques moments forts (en textes et photos), ainsi que ses impressions sur ce voyage.
J’avais dit à Olivier que je le rejoindrais quand il passerait “proche” de Grenoble. On s’est donc retrouvés à Verona (ndlr : à 500 km de Grenoble). J’ai pris plusieurs Flixbus de nuit. D’ailleurs, il est possible de réserver une place sur les portes-vélos et il n’y a alors pas besoin de démonter son vélo.
Pendant quelques jours, j’ai pu partager sa routine de voyage. Agréablement surpris par son mode sans-pression, j’ai pu vivre, par exemple, l’expérience de laisser les vélos chargés sans cadenas devant le supermarché. Pas hyper rassuré pendant les courses, mais on les a bien retrouvés en sortant.
Dans ce mode, les journées ne sont pas rythmées par des rendez-vous ou autres obligations, seule l’envie du moment prime (pause, joli paysage, repas…). Les journées commencent quand on se réveille (pas de réveil sur l’EuroVelo 7) et finissent quelques heures après le coucher du soleil, après la douche, le repas et la rédaction du blog (ça prend finalement pas mal de temps, surtout la rédaction du blog).
De plus, en faisant du bivouac, il n’y a pas besoin d’avoir un lieu d’arrivée, faut juste trouver un bon spot avant que la nuit tombe. On s’est d’ailleurs fait avoir deux fois sur trois nuits.
Côté touristique, entre Verona et Bologna, j’ai été très étonné des traces de l’exode rural bien plus visibles que chez nous : un nombre énorme de fermes abandonnées, plein de champs “morts”, peu d’habitants croisés.
Heureusement, la partie entre Bologna et Firenza (oui, c’est Florence, mais comme on francise les noms étrangers…) était déjà beaucoup plus ce que j’avais en tête.
On y a découvert des villages colorés à l’Italienne (une sorte d’enduit dans les tons rouges qui ne font pas uniformes et qui font vachement romains), des clochers à la Toscane, des vignes, des oliviers…
Durant ces quatre jours, j’étais littéralement l’invité d’Olivier. Il m’a accueilli dans sa tente, a chargé mon téléphone sur son moyeu avant, m’a fait le guide (distance, dénivelé et panneau). Avec le minimum, quand il y a du confort pour un, il y en a pour deux.
Il a d’ailleurs atteint un niveau d’orientation assez incroyable. On ne s’est quasi jamais perdu alors qu’il n’y avait presque aucun panneau vélo. Il m’a fait une super promo de l’application phare de son voyage : OsmAnd. C’est l’application d’OpenStreetMap, alors à mon tour de faire de la pub !
Pour les non-gourous du libre ou du geekisme, OpenStreetMap (ou OSM) est une base de données cartographique libre et participative (rien que ça !). Elle est très complète, on y retrouve par exemple la position des fontaines à eau, des restaurants, des magasins, des campings, des arbres en ville, des passages piétons…
L’application permet une utilisation hors ligne de ces cartes. Olivier a donc chargé les cartes, les tracés (GPX) de l’EuroVelo 7, et même quelques infos touristiques via WikiVoyage, et n’utilise plus Internet pour se diriger ou rechercher quelque chose de précis. C’est hyper pratique pour remplir ses gourdes, trouver facilement le prochain camping sur le trajet ou encore avoir les dénivelés et les distances parcourus.
Durant ces quatre jours sportifs à la découverte de l’Italie, nous avons aussi parlé pas mal de la vie, de notre lien avec la ville, de nos maisons idéales, de jardins, et même de fleurs.
Mais ça, ça sera à chacun de vous de découvrir le nouvel Olivier.
Alban, pour l’AvertY
Toutes les photos d’Alban sont disponibles en suivant ce lien.
L’odyssée d’Olivier : À travers les Alpes. Interview réalisée le 12 septembre.
La République Tchèque, l’Autriche sont derrière lui. Les Alpes ont marqué Olivier par ses nouveaux décors, ses vallées, ses rivières, avec parfois un peu de ressemblance avec l’Isère ou la Haute-Savoie. Plus de 5000 km au compteur, notre voyageur fait une courte pause au Lac de Garde en Italie, pour retrouver un nouveau compagnon de voyage à vélo…
Cette semaine, tu es rejoint par Alban, un ami d’enfance. Comment vous êtes-vous organisé pour vous retrouver ?
Avec Alban, on a démarré les voyages à vélo ensemble. On avait fait le trajet Paris, Mont-Saint-Michel l’année dernière, et la ViaRhôna cette année. Quand je lui ai dit que je partais faire ce long voyage, il m’a dit qu’il était partant pour faire un petit bout ensemble. Le fait que je sois plus prêt de Grenoble a permis qu’on se retrouve. Moi, j’ai essayé d’estimer il y a quelques semaines à quel moment je serais disponible. Et il a pu poser quelques jours de congé pour qu’on se retrouve au bon endroit, au bon moment. Il fallait qu’il prévienne sa boîte un peu à l’avance. J’avais prévu un peu de marge, c’est pour ça que je suis arrivé avec un jour et demi d’avance sur la date fixée ensemble.
Il aura donc 4 jours. L’objectif, c’est d’aller jusqu’à Florence. Là, on va descendre en passant par Bologne. Il pourra repartir de Florence pour rentrer à Grenoble.
Comment s’est passée cette traversée des Alpes du Nord au Sud ? Quels ont été les passages les plus compliqués ?
La traversée des Alpes s’est faite à partir de Salzbourg en Autriche. L’itinéraire est passé tout le long des rivières. Du coup, ça ne grimpait pas très raide dans les vallées. J’ai passé les Alpes beaucoup plus facilement que ce que je m’étais imaginé avant de partir. En fait, c’étaient des routes qui montaient tranquillement. Il y a eu deux jours où je suis monté à 1200 mètres d’altitude. Mais après ça, j’ai pédalé sans forcer. Deux fois 90 km, sans même m’en rendre compte.
Juste avant d’arriver à Florence, il va y avoir encore quelques difficultés de ce type, et dans le Sud de l’Italie, je crois que ça va être aussi vallonné. Je n’ai pas regardé en détails. Mais vers Naples à priori, vers la pointe de la botte de l’Italie. Ça ne va pas être tout simple.
Quelle anecdote peux-tu nous raconter sur ton passage dans les Alpes ?
En Autriche, le premier jour dans la montagne, pour passer les passages à 2000 ou 3000 mètres, il y a une navette en train qui prend un tunnel sous la montagne. On peut monter avec son vélo, ou avec une voiture dans le train. Il traverse en 10 minutes. Et on se retrouve de l’autre côté, pour descendre tranquillement dans la vallée. C’était la petite nouveauté. J’avais pris plusieurs fois des bacs, des bateaux pour traverser des rivières, et là donc, un train pour traverser une montagne.
Tu t’es arrêté deux nuits à Salzbourg (Autriche), comment était la ville ?
J’ai trouvé la ville bien sympa. J’étais content parce que c’était le premier jour de soleil après une longue série de pluies. J’ai pu bien profiter de la ville, me balader dans des petites rues, dans le château. Il y avait les jardins de la mairie qui était très jolis aussi. C’était une ambiance assez cool. Il y avait encore pas mal de touristes quand même. Je pensais que début septembre ça se calmerait un peu, mais non. C’est peut-être pire en juillet et août.
Chaque semaine, L’avertY propose à Olivier de commenter certaines de ses photos prises durant le trajet. Quel est le contexte de la photo ? Quelles anecdotes ? Pourquoi ces choix-là de photos ?
N°17 Quête d’enseigne
« C’était une rue où il y a beaucoup d’enseignes, célèbre pour ça. Il y avait des boutiques anciennes. J’essayais de prendre en photo celles un peu plus traditionnelles, plutôt que celle d’un MacDo ou autre. »
N°18 Après la pluie…
« C’est en passant les frontières que la météo a changé. Quand je suis arrivé en République Tchèque, il s’est mis à pleuvoir. Il a plus quasiment tout le long en République Tchèque et en Autriche. Et depuis que je suis repassé en Italie, il fait grand beau, il fait très chaud. Et j’espère que ça va durer, c’est bien plus agréable comme ça. Avec la pluie, je suis plus en mode “j’avance”, et je profite moins de ce qu’il y a autour. »
N°19 Un paysage familier
« Près de la ville de Bolzano, à la redescente des Alpes, l’environnement est vraiment très similaire à Grenoble. La configuration des montagnes, des rivières. Et puis la vallée qui suit après. Quasiment jusqu’au Lac de Garde. C’est vraiment cette zone-là qui était pour moi très similaire à Grenoble. Avant, dans les Alpes, je n’avais pas ce sentiment. C’était plus la campagne avec des petits chalets, des vaches, qui ressemblerait plus à la Haute-Savoie, ou à la Suisse. »
L’odyssée d’Olivier : 4400 km, le bilan du deuxième mois
Olivier garde toujours un très bon rythme dans sa longue course vers le Sud de l’Europe. Comme pour le bilan du premier mois, L’avertY vous propose cette semaine une interview plus longue, réalisée le 30 août, pour fêter les deux mois depuis le départ du Cap Nord en Norvège.
Parmi les personnes que tu as déjà croisées sur ton trajet, qui aimerais-tu revoir après cette odyssée à vélo ?
Le plus évident pour moi, ce serait Richard que j’ai croisé d’abord sur le bateau, puis à Berlin. On a beaucoup échangé, on s’entendait bien, on était en phase sur pas mal de sujets. Le fait de bien parler anglais tous les deux, on arrivait bien à discuter. Le petit couple qui m’a hébergé en Allemagne était vraiment sympa, mais avec eux j’ai eu plus de mal à échanger. C’était un peu moins riche comme échange, mais quand même super sympa. Si j’avais l’occasion de les recroiser, ce serait super cool. J’ai prévu de leur envoyer une carte postale un peu plus tard dans le voyage.
Avec ces gens-là, on a pris le temps de faire connaissance. Ce n’est pas juste des gens que j’ai croisé, à qui j’ai dit bonjour et avec qui j’ai échangé trois mots. J’ai passé un peu de temps. On s’est raconté nos vies. À partir de là, je me sens plus proche de ces personnes-là, que d’autres personnes croisées en coup de vent.
Si tu devais déménager dans un des pays déjà visités, ce serait lequel et pourquoi ?
Je pense que ça serait la Suède. Ça dépend un peu où en Suède, mais globalement les gens sont très cool. La culture n’est pas si différente de la nôtre, je pense que je ne serais pas trop perdu si je devais m’y installer. La langue est relativement proche de l’Allemand, j’arriverais à me débrouiller assez vite. La Suède plutôt au Sud, pour le climat. J’ai bien aimé cette partie-là.
Est-ce qu’à force des kilomètres parcourus (combien?), tu ressens une certaine fatigue ou lassitude ?
Physiquement, ça va bien. Je n’ai pas l’impression d’avoir spécialement forcé. J’avance à mon rythme, je ne suis pas spécialement fatigué. Après sur la lassitude, ça dépend un peu des jours. Globalement, ça va plutôt bien. J’avais un peu peur avant de partir, de me dire : tous les matins, il faut remonter sur le vélo, il faut repartir après avoir remballé toutes ses affaires. Je n’ai pas spécialement de mal à faire ça. Parce que je me dis que je vais découvrir des nouvelles choses. Parce que j’avance dans mon trajet. J’ai l’impression de progresser. Il y a des jours où, forcément, les paysages sont moins beaux.
Par exemple, aujourd’hui pour ton étape jusqu’à Vyšší Brod (République Tchèque), ce n’est pas la journée idéale avec la pluie ?
Je m’étais préparé psychologiquement avant de partir en me disant : il y aura des jours de pluie. Il faudra quand même que je pédale, que j’avance un peu. J’ai l’équipement pour, j’ai des vêtements, des sacoches étanches. C’est pas foufou, mais c’est pas non plus un calvaire.
Je te propose 3 questions, il faut que tu en choisisses une et que tu y répondes :
Quel est le plus gros risque que tu as pris depuis le début du voyage ?
Quelle rencontre t’as le plus ému ?
Qu’est-ce que tu t’obliges à ne jamais dire dans ton blog ?
Je vais prendre la dernière : qu’est-ce que tu t’obliges à ne jamais dire dans ton blog. Je ne parle pas trop de ce qui est petit pépin de santé. Voilà. Si j’ai des soucis, c’est vraiment rien de grave au jour le jour. D’une part, ce n’est pas la peine d’en parler, parce que ce n’est pas très intéressant, et je n’ai pas envie que les gens s’inquiètent, et parce que je n’arriverais pas forcément à le formuler. Cela paraîtrait très grave, alors que ça ne l’est pas. Je m’étends pas plus que ça là-dessus. Je pense que c’est aussi bien.
Et pourquoi pas les deux autres ?
Pour la première, je n’ai pas spécialement l’impression d’avoir pris de risques. Il y a une fois où j’ai hésité à prendre une voie de chemin de fer sur 100 mètres, mais je me suis ravisé parce que c’est vraiment un risque un peu stupide. Et puis l’autre question, ça rejoint la question posée tout à l’heure sur les personnes que j’aimerais revoir.
Si tu avais droit à un joker pour faciliter la fin de ton trajet, tu prendrais quoi : un vélo électrique Métrovélo qui pèse plus de 18 kg, un sac de noix de Grenoble pour changer ton alimentation du quotidien, ou une personne qui te dit dans l’oreillette à chaque carrefour par où il vaut mieux passer selon des critères définis à l’avance ?
Je réponds assez facilement, les noix de Grenoble. Justement, sur le vélo électrique, ce matin, je me suis retrouvé avec un couple qui en avait. Selon le relief, si ça montait ou si ça descendait, je les doublais, ou il me repassait devant. Même sur le plat j’allais globalement plus vite qu’eux. Le vélo électrique ne m’apporterait pas grand chose. Ce serait plus un poids plutôt qu’un joker. Pour le guidage dans l’oreillette, j’ai déjà mon GPS sur le téléphone. Je n’ai pas l’oreillette, mais je peux avoir le guidage point par point. Je ne regarde pas forcément à chaque fois, j’arrive à me repérer facilement avec. Par contre, les noix de chez nous, c’est toujours appréciable. J’ai de temps en temps, des petits trucs à grignoter.
Si tu avais la possibilité de te téléporter à Grenoble pour prendre ou déposer un objet, et revenir où tu es actuellement, quel serait ton choix ?
Je n’ai pas l’impression de manquer de grand chose. Y a quelque chose que j’ai pris et que je n’ai pas utilisé jusqu’à maintenant, c’est la chambre à air de secours. Ce serait un peu prétentieux de dire que je la laisserais à Grenoble. Je n’ai pas du tout crevé, j’ai eu zéro soucis sur le vélo. À priori, tout le reste, je l’ai utilisé. Je n’ai pas eu l’impression qu’il me manque vraiment quelque chose.
À quand remonte la dernière fois où tu as bu une bière ?
Très longtemps, étant donné que je ne bois pas d’alcool du tout.
Du coup, je transforme la question : à quand remonte la dernière fois où tu as bu un verre dans un bar ?
C’était à midi. Un Pepsi. Je suis passé dans une ville assez jolie, je n’avais plus grand chose à manger et pas envie d’aller acheter à manger. Je me suis arrêté dans un petit restaurant au bord de la rivière. J’ai mangé sur la terrasse abritée. C’était aussi bien, parce qu’il s’est mis à pleuvoir.
Comment trouves-tu le parcours, les aménagements, Eurovélo 7 depuis ton départ ?
C’est très variable, même à l’intérieur d’un même pays. Globalement, la signalisation Eurovélo 7 en tant que telle, elle est très peu mise en place. J’ai vu quelques panneaux au Danemark et sur le Nord de la Suède. Sinon, ce qui se passe, c’est qu’elle reprend des itinéraires cyclables nationaux. Du coup, ce sont ces itinéraires-là que je suis, pas forcément le logo Eurovélo 7 à chaque fois. Donc le GPS m’aide bien. Les itinéraires que je suis, sont plus ou moins bien aménagés. Des fois, en Suède, c’est un petit chemin dans la forêt avec des graviers, et parfois presque l’autoroute. Des fois, en République Tchèque, il y a de belles pistes cyclables le long de la rivière, très agréable, du plat, ça roule tout seul. C’est vraiment très très variable. C’est la surprise de chaque jour. Aujourd’hui, c’était très très vallonné. Il y avait de grosses pentes, en montée et descente. Sur la signalisation, je m’y attendais, à ce que ce ne soit pas bien mis en place partout… Par contre, je pensais que les endroits où j’allais passer seraient globalement plus adaptés aux vélos. J’étais assez surpris de me retrouver sur des petits chemins en forêt ou sur des routes bien abîmées, défoncées. Je pensais que ce serait en meilleur état, ça fait partie de la découverte.
Quand tu prends une photo, quels réglages fais-tu ? Sur quoi te concentres-tu ?
Le réglage principal que je choisis, c’est l’ouverture de l’objectif. C’est ça qui va déterminer la profondeur de champ, donc la zone de netteté dans la photo. En gros, si je prends une photo de paysage, je vais vérifier que tout soit net. Au contraire, si je prends une photo d’un détail, un bâtiment, un animal ou une fleur, je vais essayer d’avoir une profondeur de champ plus réduite pour vraiment faire ressortir l’élément à mettre en avant. En plus du cadrage, que j’essaie d’avoir intéressant pour mettre en valeur les éléments dans la photo. Sur certaines photos, je fais effectivement des réglages spécifiques.
Et pour finir, combien de cyclistes penses-tu avoir croisé depuis ton départ sur ta route ? (ou combien par jour)
C’est très variable selon les jours. Il y a des jours où c’est en permanence, et des jours comme aujourd’hui, quatre ce matin et zéro cette après-midi. En moyenne, une vingtaine par jour.