Opération “Ghostbusters” sur le campus de Grenoble : comment soutenir les étudiants ?

Sujet élu le 6 janvier avec 46% des votes | rejoindre les 114 abonné·e·s

La situation actuelle des étudiant·e·s interpelle. Leurs paroles et celles de leurs proches prennent de l’ampleur dans les médias et sur les réseaux sociaux, mais les réactions de l’état donnent l’impression à beaucoup des premiers concernés d’être des “étudiants fantômes”. Face aux problèmes rencontrés, des propositions émergent, qui peuvent apporter un soutien important, parfois même des solutions durables, et permettre ainsi à certains jeunes “ectoplasmes” de reprendre forme. L’avertY fait le point.

Vendredi soir après le couvre-feu : le tram C vide, arrive sur le campus.

Étudiants fantômes aux besoins bien réels

Les difficultés matérielles de certain·e·s étudiant·e·s ne sont malheureusement pas nouvelles, mais l’état d’urgence sanitaire a aggravé la situation. Des structures déjà existantes ont pu réagir et mettre en place des actions spécifiques pendant les confinements, certaines continuant toujours aujourd’hui.

L’épicerie solidaire AGORAé vient d’ouvrir ses portes sur le campus dans un local du CROUS.

À Grenoble, si les restaurants universitaires sont fermés, le CROUS propose tout de même des repas à emporter à 1€ pour les étudiant·e·s (boursiers au départ, puis à tous suite aux récentes annonces du gouvernement), et des distributions alimentaires ont eu lieu dans les résidences… Les besoins sont importants. L’équipe ayant implanté l’épicerie solidaire AGORAé à Saint-Martin-d’Hères en septembre 2020, avait estimé au départ, se basant sur les chiffres des autres épiceries solidaires françaises, qu’elle fonctionnerait pour 60 à 100 personnes. Cette toute jeune AGORAé, dont les produits sont vendus à 10 % de leurs prix habituels, a désormais 500 bénéficiaires. Ceux-ci sont sélectionnés sur dossier : leur “reste à vivre journalier” doit être inférieur à 7€60.

Zone de gratuité, accessible dans l’épicerie solidaire AGORAé.

Solution n°1
– Pallier la précarité : repas au CROUS à 1€, distributions alimentaires, épicerie solidaire associative…

Train-train fantôme : cadre de travail ou décors de fête-foraine ?

La variété de lieux pour travailler s’étant réduite, les étudiant·e·s restent principalement chez eux. Début novembre, Christine Cannard, Dr en Psychologie et enseignante à l’Université Grenoble Alpes (UGA), a mené une étude auprès des étudiant·e·s de psychologie. On découvre que 31 % des 674 sondés déclaraient ne pas avoir un espace suffisant et calme pour travailler, et que 59 % ont avoué leurs difficultés de concentration à la maison. Ceux qui ont le choix et le peuvent rentrent souvent dans leurs familles. Ceux qui n’ont pas le choix (distance trop importante, conflits familiaux…), ou qui se sentent bien “chez eux”, restent dans leur logement étudiant. La grande question est surtout celle de l’accès à une connexion Internet de qualité suffisante, ainsi que les compétences numériques pour s’adapter aux cours en distanciel. Face aux inégalités et aux difficultés de certain·e·s jeunes, l’association InterAsso Grenoble Alpes organise la distribution de cartes SIM offertes par l’entreprise Orange, permettant un accès adapté à Internet.

Des cartes SIM offertes par l’entreprise Orange, distribuées par InterAsso Grenoble Alpes.

Solution n°2
– Garantir l’égalité dans l’accessibilité aux cours à distance : distribution de cartes SIM permettant une connexion Internet de qualité.

L’isolement de l’angoisse

Un vendredi à 20 h, alors que l’ambiance sur le campus n’est pas à la fête, je retrouve Alexis, étudiant en Master Innovation à l’IAE, et Jeanne, en licence de psychologie. Ce soir, ils donnent de leur temps à la toute jeune association Alpaline (janvier 2021), qui propose une ligne d’écoute anonyme aux étudiant·e·s de Grenoble et Valence. Jeanne explique sa démarche :

« S’il n’y a personne pour écouter, c’est la crise. Je vois des gens qui se déchargent, en même temps, sans s’écouter mutuellement. Mais quand on écoute, ça apporte aussi. La personne qui a été écoutée a parfois l’impression que l’autre a plus parlé qu’elle, car une relation se crée. Ce n’est pas qu’en ce moment que c’est important, tout le temps ça compte de savoir écouter et s’écouter soi-même » -Jeanne, étudiante en licence de psychologie.

En tant que bénévole, elle a suivi une formation dédiée à l’écoute active et à la gestion des situations de détresse psychologique. Alexis réagit également : “L’écoute active c’est du civisme en fait. Mais on ne sait pas faire dans notre société individualiste. On ne fait même plus attention aux autres.” Alpaline est une initiative locale portée par des étudiant·e·s, qui cherche à pallier ce besoin de parole et d’échange entre pairs, sans jugements. Il faut signaler que l’accès aux psychologues professionnel·le·s n’est pas facile, même si le gouvernement est en train de mettre en place des “chèques psy” qui permettront l’accès gratuitement à un parcours de soin.

L’association Alpaline a ouvert une ligne d’écoute anonyme et gratuite.

Lorsqu’on demande à Christine Cannard ce dont ont besoin les étudiant·e·s aujourd’hui, elle répond sans hésitation, “d’un vrai soutien”. Les résultats de son étude montrent en effet que ceux qui se sont sentis soutenus ont moins abandonné leurs études. Plus étonnant, il ressort également que 47 % n’ont pas eu envie de parler de leurs problèmes, “comme si ceux qui en avaient le plus besoin se refermaient sur eux-mêmes”. Un constat qui résonne avec celui d’Alexis, “dans les résidences, personne ne se parle, les gens évitent de se croiser…”. Jérémie, étudiant en Master de “droit des libertés”, témoigne de la disparition des échanges informels :

« Dans ma promo, il y avait deux trois personnes avec qui j’allais boire des coups de temps en temps, mais c’était pas planifié. Maintenant on a une conversation Facebook de groupe avec tous les étudiants, mais les discussions ne sont centrées que sur l’organisation, il n’y a jamais rien de personnel. » -Jérémie, étudiant en master.

Avec ce sentiment d’isolement, de solitude, apparaît un manque de reconnaissance. La lettre ouverte ayant donné l’impulsion à la pétition “Pour une considération des étudiant·e·s” sur Change.org (plus de 35 000 signatures) l’affirme : beaucoup d’étudiant·e·s se sentent abandonné·e·s. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #etudiantsfantomes leur permet de regrouper leurs communications qui vont dans ce sens.

Permanence des bénévoles de l’association Alpaline, formé·e·s à l’écoute active

« Récemment j’ai eu un rendez-vous avec ma prof référente. On devait échanger 5 min au sujet de ma convention de stage, mais en fait notre entrevue a duré quasiment 2h. Peu de profs prennent le temps d’échanger sur les conditions actuelles… J’ai pu obtenir son avis sur ce que je pensais faire. Finalement c’est un suivi un peu social, personnel qui était appréciable, mais je pense que j’ai une prof qui n’est pas représentative de l’ensemble. » -Jérémie, étudiant en master.

En effet, d’une formation à l’autre, d’une équipe d’encadrement à l’autre, les compétences numériques et sociales ne sont pas les mêmes. Christine Cannard a décidé de faire une enquête auprès des étudiant·e·s de psycho “afin que ce qui se passe aujourd’hui puisse servir de leçon pour les mois à venir, étant donné la tournure que prend la situation sanitaire”. Elle a ensuite communiqué les résultats à tous les étudiant·e·s de psychologie, et leur a envoyé tous les lundis un mail de motivation et de soutien, pour lesquels elle a reçu des retours positifs comme par exemple : “On se sent un peu plus considérés quand un enseignant prend le temps de nous écrire.

Solutions n°3 à 6
– Offrir son soutien : aider la prise de parole, développer l’écoute active.
– Analyser la situation pour mieux comprendre les besoins et pouvoir progressivement adapter les réponses.
– Créer le terrain propice à la motivation collective.
– Prendre la parole collectivement et lui donner plus de visibilité : pétitions, hashtags sur les réseaux sociaux…

Distanciel : rendez-vous derrière l’écran de fumée

Difficile de savoir ce qu’il se passe réellement derrière l’écran. Dans l’entourage d’Alexis comme dans celui de Jeanne, les extrêmes se côtoient : des étudiant·e·s abandonnent, lâchent complètement, et d’autres s’oublient dans le travail et font des burn-outs.

Les premières difficultés évidentes rencontrées par l’enseignement en distanciel sont celles liées à la communication. Elles peuvent être techniques, à cause d’un manque de compétences numériques, mais aussi découler de la perte de certains signaux non-verbaux : “En classe, le prof voit direct quand on ne comprend pas”, illustre Alexis.

Chacun dans des espaces différents, des habitudes se mettent en place qui ne sont pas toutes compatibles : “Ce n’est pas toujours facile de réussir à travailler en groupe à distance, car certains étudiants sont décalés, dorment à des moments où d’autres travaillent et vice-versa”, témoigne Jeanne. L’émulsion propre aux travaux de groupes qui fonctionnent est encore plus compliquée à provoquer lorsque les étudiant·e·s ne sont pas “présents ensembles”. “Globalement je me sens moins concentré et moins productif. Dans ma filière “innovation”, je vois bien l’impact que la situation a sur ma créativité, qui diminue…”, déclare Alexis.

Autre situation délicate : le retour au présentiel, ou la situation transitoire hybride :

« La période de rentrée était tellement incertaine, des étudiants ont été embêtés, car ils étaient repartis chez eux pour faire des économies sur leur loyer, mais lorsque les cours ont repris en présentiel, ils étaient loin… Ou alors ils couraient pour s’installer en classe puis suivre un cours en distanciel et vice-versa. Alors certains ont décroché à cause de ça. Il faudrait faire attention aux emplois du temps. » -Christine Cannard.

L’association grenobloise ESSENSi’Ailes a justement mis en place des dispositifs, pour accompagner le “retour au présentiel”. Le “kit oxygène” et la “mallette Covid’Ailes”, téléchargeables gratuitement sur leur site internet, s’adressent aux enseignant·e·s et professionnel·le·s de l’éducation et de la santé, afin de les accompagner dans le développement de compétences émotionnelles et sociales.

Solutions n° 7 et 8
– Former les équipes d’encadrement.
– Valoriser les compétences émotionnelles et sociales.

Les projets hantés

Alors que l’avenir est incertain, les difficultés à se projeter sont d’autant plus dures à surmonter pour ceux qui cherchent à construire leur “projet professionnel”, ou “projet de vie”. On constate forcément que selon l’avancée des étudiant·e·s dans leurs parcours, la situation n’est pas la même : “Dans les perspectives que j’avais avant la crise, rien n’a tellement bougé, parce que je suis déjà en M2. J’arrive au bout, le plus dur est fait”, explique Jérémie. Dans son étude réalisée sur les étudiant·e·s de la fac de psychologie, Christine Cannard confirme ce propos avec des résultats montrant des M1 plus inquiets quant à leur avenir professionnel (difficultés à trouver des stages, faire des travaux de recherche…). Elle relève également que les M1 n’ont pas attendu de voir si les examens allaient avoir lieu pour travailler, alors que les L1 étaient moins motivés.

Dessin de Simon Derbier : son travail est à découvrir ici.

Les difficultés notamment liées à l’orientation, aux doutes existentiels, ne sont elles non plus pas nouvelles, mais se renforcent. Les résultats de l’enquête de Christine Cannard montrent que les étudiant·e·s étaient plus tristes (54 %), plus anxieux (54 %), et plus déprimés (46 %) qu’avant le confinement, quelle que soit l’année d’études, 35 % ont déclaré avoir eu plus souvent des problèmes d’endormissement qu’avant le confinement, et 24 % plus souvent des éveils nocturnes. Lorsque l’anxiété et les doutes persistent, les ruminations mentales augmentent et empêchent de dormir, toutes les études le montrent. Les stages obligatoires sont encore plus compliqués à trouver, la crise du marché de l’emploi paraît sans fin et les étudiant·e·s ne se sentent pas armés : “On peut s’auto-dévaloriser car on imagine que les employeurs vont considérer que nos diplômes valent moins que ceux des promotions précédentes, hors période COVID”, ajoute Jeanne à ces observations.

Quand on projette quelque chose et qu’on est empêché de le faire, il y a toujours de la frustration”, constate quant à lui Alexis, qui continue, “il faut qu’on arrête de culpabiliser, on a le droit par exemple de se réorienter, de ne pas répondre à des attentes que d’autres fixent pour nous. Il faut prendre le temps, regarder ce que les moments qui débordent [ndlr : les à-côtés] nous apprennent”.

Lui-même est passé, comme beaucoup de jeunes, dans une période de doute. Tournant pendant lequel il s’engage dans l’associatif, une activité pendant laquelle il aura le déclic et se réorientera. Il complète :

« Ce n’est pas un échec si tu as appris quelque-chose. Ce n’est juste pas ce à quoi tu t’attendais. En fait, les jeunes n’arrivent pas à valoriser leurs compétences, on ne leur apprend pas ça. Ils ne se rendent pas compte qu’ils savent faire des choses. » -Alexis, étudiant en Master Innovation à l’IAE.

Jeanne renchérit : “On n’a pas le recul, on ne voit que ce qu’on ne sait pas, ce qu’il reste à faire.” Elle, c’est en parlant avec une de ses amies de son parcours, en détaillant ce qu’elle avait fait pendant ses cours qu’elle a réalisé ses avancées. Prendre ce temps de faire le point avec une personne proche sur ces connaissances, sur ses “savoir-être” également, l’a aidé en un sens à se rassurer, à reprendre confiance.

Rien de plus décourageant que des perspectives bouchées et des sommets inatteignables. Se fixer des objectifs réalistes permet de s’octroyer des petites victoires qui redonnent un coup de fouet au moral. Alexis donne l’exemple d’un de ses profs qui a invité sa promo à profiter de cette période pour se faire une culture cinématographique, argumentant sur le fait que c’était l’occasion ou jamais. Si cet exemple est encore trop vague – quand peut-on vraiment dire qu’on a “acquis une culture cinématographique ?” – on peut facilement le décliner par exemple en “regardant l’intégralité de la filmographie de tel·le réalisateur·trice…”

Solutions n° 9 à 11
– Prendre du temps pour échanger et faire le point.
– Valoriser les compétences (même celles “non-scolaires”).
– Continuer à faire des projets, en se fixant des objectifs réalistes.

Manger bouger avec des chaînes et un boulet

Lorsqu’on n’a pas accès à ce qui nous fait du bien, ça impacte tout”, commence Jeanne lorsque le sujet de l’hygiène de vie est abordé. Christine Cannard m’explique que beaucoup des étudiant·e·s ne profitaient même pas des “heures de sorties” autorisées pendant le confinement. C’est pour cela qu’elle leur adresse ce message : “La sédentarité donne froid ! N’oubliez pas de faire des pauses, de bouger et d’aller marcher dès que vous pouvez même si c’est qu’une demi-heure. Ça fait du bien au moral, ça réchauffe et ça relance l’attention.

Pour Jérémie c’est une nécessité : “Aujourd’hui je prends l’air par discipline. Avant c’était par plaisir, pour le loisir. Maintenant je vais prendre l’air pour garder l’équilibre, une stabilité mentale”. Alors qu’il termine son Master en “droit des libertés”, il commente ainsi cette situation, “c’est dans les mœurs, les politiques que ça se joue, ce n’est pas une fatalité de restreindre la liberté, même si ça peut être nécessaire. Il est toujours bon d’essayer de repenser ces restrictions”.

Solution n°12
– Sortir tous les jours, prendre l’air et se dérouiller.

Déconnecter pour s’exorciser

Avant, on n’arrêtait pas de dire : “sortez-vous de vos écrans” ! Le “bon côté”, si bon côté il y a à cette pandémie, c’est que ça a montré aux jeunes que oui, les réseaux sociaux virtuels c’est bien pour garder le contact et se tenir informé, mais ça ne suffit pas. Les contacts humains ont manqué à 74 % des étudiants, et 51 % se sont sentis vraiment isolés”, rapporte Christine Cannard.

L’espace convivial de l’épicerie AGORAé, en attente de pouvoir ouvrir dans de bonnes conditions.

La saturation est sensible. Pour Jérémie le plus dur est de rester toujours dans la même pièce, mais aussi que : “Les journées se ressemblent, la seule différence week-end semaine c’est qu’il n’y a pas de cours en distanciel, mais de plus en plus de réunions, d’échanges par mail… il n’y a pas de coupure”, soupire-t-il. “Comme je suis devant mon ordi, autant continuer. Je n’ai plus de coupures. Parfois j’oublie même de manger”, témoigne Jeanne. Dans un moment de rejet, Jeanne réalise : “Tout ce que je voulais faire, c’était sur mon écran, mes loisirs… je ne savais pas quoi faire !

Solutions n°13 et 14
– Se déconnecter régulièrement.
– Se trouver des loisirs et activités hors écran.

Formation identitaire : le miroir sans reflet

Si l’impact psychologique de la crise sanitaire est si fort chez les étudiant·e·s, c’est peut-être aussi parce qu’ils sont dans une période de leur vie transitoire, entre le cocon familial et leur construction en tant que jeune adulte. “Beaucoup ne savent pas trop pourquoi ils sont là, ont l’impression qu’ils ne servent à rien”, constate tristement Alexis. “Ils ne savent pas ce que c’est “être étudiant”. C’est aussi cuisiner, gérer un budget, voir le monde par soi-même.

Le départ pour l’université c’est l’acquisition de l’autonomie tant dans ses apprentissages que dans sa vie quotidienne, c’est un réajustement des relations inter-personnelles, tant avec sa famille qu’avec ses amis, et l’ensemble des autres étudiants dans un univers au début fortement anonyme”, nous dit Madame Cannard, dont le sujet d’étude est la construction identitaire (lire notamment à ce sujet son livre « le développement de l’adolescence. L’adolescent à la recherche de son identité »). Retourner chez les parents pendant le confinement c’est parfois vécu comme un échec, comme un retour en enfance. Rester derrière ses écrans, c’est perdre une partie de leur vie qui est consacrée aux contacts sociaux et aux soirées entre ami·e·s. Lorsqu’elle diffuse son questionnaire auprès des étudiant·e·s de psycho, Madame Cannard a des retours de jeunes lui racontant que le fait de prendre un temps pour y répondre leur a permis de réfléchir à la façon dont ils vivaient cette crise. Sur ce point concernant la formation des jeunes adultes, elle renchérit : “La socialisation est importante pour la construction, la composante sociale fait partie de la construction identitaire. Mais distance physique ne veut pas dire distance sociale !

Solution n°15
– Prendre soin de sa vie sociale

Engagement collectif : rassembler les âmes errantes

En deux jours, 50 personnes ont fait part de leurs motivations pour rejoindre bénévolement la nouvelle association Alpaline. Se rendre utile peut donner du sens, particulièrement dans une période comme celle que nous traversons. Président d’Interasso, Alexis peut en témoigner : “L’engagement permet beaucoup de choses : lutte contre la délinquance, l’isolement… quand tu t’engages ça répond à tout ça. Je vois toute la richesse que peut apporter la vie associative !

Dons suite aux fêtes de Noël, accessibles aux bénéficiaires de l’épicerie solidaire AGORAé.

L’engagement dans d’autres projets que ceux directement liés aux études permet, en plus d’être utile à une cause à laquelle on adhère, de découvrir d’autres activités, d’agrandir son cercle social.

Si certaines structures sont en “stand by” aujourd’hui, sur le campus ou dans la métropole de Grenoble, les appels à bénévoles ne manquent pas : 226 missions sont aujourd’hui proposées sur le site Tousbénévoles et 11 sur le site Auvergne-Rhône-Alpes Solidaires.

Solution n°16
– Se rendre utile.

À la recherche de solutions : exorcisme et réincarnation

Pendant le confinement, la plupart des étudiants de l’association qui s’occupe des jardins partagés n’étaient plus sur le campus. Le jardin a continué sa vie. À leur retour tout allait bien, des petites constructions étaient apparues…”, raconte Alexis, alors que nous longeons les plantations. De la même façon, plusieurs poussées inattendues, élans vitaux ou mouvements solidaires, peuvent apporter une lueur dans cette période sombre.

« On doit essayer de voir aussi le bon côté des choses. Par exemple si le COVID nous a plombé, et même plus grave que ça, on peut aussi voir les apports scientifiques, le fait que de nombreux chercheurs ont pour la première fois travaillé ensembles, que des actions de solidarités sont apparues, des associations ont réagi, des gens ont acheté des poules… » -Alexis, étudiant en Master Innovation à l’IAE.

Jeanne n’en peut plus de la déprime ambiante : “Sur mon fil d’actualité Facebook, je n’avais que des choses négatives, même moi je râlais, alors que ce n’est pas mon habitude. Pendant une période j’ai coupé.

Alexis, président d’InterAsso, dans l’espace convivial de l’AGORAé, inutilisé pour le moment et transformé en sortie de l’épicerie solidaire, pour permettre une circulation adaptée aux consignes sanitaires.

Solutions n°17 et 18
– se protéger de la rumination d’idées négatives.
– se tenir informé des actions de solidarité se déroulant à proximité.

Les étudiant·e·s rencontrent actuellement de nombreux problèmes. S’ils peuvent faire face à certains seul·e·s, ce n’est pas le cas pour tous, et aucun coup de main ne serait de trop. Les mots adressés par Christine Cannard à ses étudiant·e·s nous ont touchés, et nous sommes heureux qu’elle les partage aujourd’hui plus largement avec sa contribution citoyenne sur L’avertY. Vous pourrez lire ses précieux conseils pour affronter cette délicate période, et pourquoi pas les partager à votre tour pour en propager les bonnes ondes autour de vous.

Reportage de Coline Vernay
Dessin de presse Simon Derbier

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Contacter Alpaline : Quand, comment ? — Post Facebook Alpaline
Pétition “Pour une considération des étudiant·e·s” — Change.org
Site de l’association ESSENSi’Ailes
Le développement de l’adolescent — Christine Cannard
Le site Tousbénévoles
Le site Auvergne-Rhône-Alpes Solidaires
Contribution citoyenne de Christine Cannard

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📣 « Les êtres humains sont faits pour avoir des contacts sociaux et coopérer »

En complément du mensuel « Opération “Ghostbusters” sur le campus de Grenoble : comment soutenir les étudiants ? », voici un texte écrit par Christine Cannard, Dr en psychologie et enseignante à l’Université Grenoble Alpes, adressé à tous ses étudiant·e·s. Un message qui se veut plein de bons conseils, à l’image des solutions proposées dans le mensuel.

Je voudrais dans ce contexte remonter le moral de tous les étudiants, remotiver les troupes et rebooster les apprentissages. L’hiver est déjà une période pénible car au lieu d’hiberner comme notre corps le réclame, nous devons nous lever, travailler et rester éveillé alors même que la nuit dure longtemps sur 24h.

N’oubliez pas donc de vous lever, de rythmer votre vie quotidienne, en organisant vos plages de travail mais aussi vos plages de loisir. “Ressortez vos talents” mis de côté peut-être depuis des années (dessin, couture, tricot, puzzle, peinture, musique, mode, théâtre, entraide, défense de l’environnement, cuisine, pâtisserie, danse, …), je vous invite à penser à vous et à autrui, à échanger avec vos voisins différents services (“troc de talents”), voir si les gens vont bien autour de vous et demander ce que vous pouvez faire pour eux, voir si vous allez bien et demander aux autres de vous aider ou juste vous écouter si ce n’est pas le cas.

Gardez le contact avec les délégués ou les autres étudiants, les gestionnaires de scolarité et les enseignants, pour avancer sereinement vers le deuxième semestre qui s’annonce encore bien souvent en distanciel. Appelez les services de santé. N’ayez aucune honte ni scrupule, les êtres humains sont faits pour avoir des contacts sociaux et coopérer.

Si tout est fait pour qu’on reste sur les téléphones, pensez à sortir également. Voir des gens, même masqués, est toujours mieux que de rester enfermé·e, enfoui·e sous sa couette, à faire défiler des images de ceux qui ont tout et des vidéos soi-disantes humoristiques qui ne font que se moquer des uns et des autres. Prenez ce qu’il y a à prendre de bons sur les écrans, mais planifier vos activités car le problème de l’usage des écrans est que la connexion est sans fin, de même toutes les séries télévisées puisqu’un épisode est fait pour en entraîner un autre. Soyez vigilants par rapport à la facilité d’Internet qui vous attire comme une mouche sur du miel. Apprenez à résister.

Pour votre santé, sortez, et pour ceux qui sont en ville, allez dans les parcs et les jardins, baladez-vous dans les allées de fleurs et imprégnez vous des arbres, allez en montagne (30 min autour de Grenoble de tous les côtés, en bus) et respirez la nature, marchez, courez, dansez, sautez, aérez vos neurones et vos poumons, pour anticiper le prochain semestre. Si vous avez un peu de temps, rendez-vous utiles (devoirs scolaires, secours populaires, croix-rouges, restau du cœur, bricolage, aide informatique, associations diverses et variées de toutes vos communes, etc)… Faire du bien aux autres fait du bien à soi.

Pour vos études, regardez en arrière ce qui s’est passé durant le semestre 1, et demandez-vous comment améliorer si besoin votre organisation ou votre fonctionnement face aux cours. Comment donner du sens à ce que vous apprenez, quelles sont vos motivations, et comment mieux appréhender les partiels du printemps. N’attendez pas les résultats des partiels de janvier, ils tardent toujours à venir car on a beaucoup de copies à corriger, dans chaque année d’études, des mémoires et des rapports de stage à lire, puis c’est au tour des gestionnaires de scolarité de saisir toutes les notes, et enfin la tenue des jury… bref, n’attendez pas les résultats pour vous mettre au travail.

Ne vous jugez pas trop sévèrement non plus. Devenir autonome tant dans ses apprentissages que dans ses comportements prend du temps. Devenir psychologue encore plus. N’attendez pas tout de la fac non plus (sauf le diplôme évidemment), apprenez de ce que vous observez autour de vous, de ce que vous lisez ou écoutez. La complexité humaine est tout autour et par conséquent les sciences humaines sociales aussi. Ce n’est pas une orientation par défaut, donc profitez-en pour vous faire plaisir car la psychologie, c’est une science passionnante qui nous permet d’en savoir plus sur l’être humain et ses comportements.

Christine Cannard

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Un éclairage zététique

Sujet élu le 2 décembre avec 41% des votes | rejoindre les 106 abonné·e·s

Avec l’association Observatoire zététique et les cours universitaires ancrés à Grenoble, les témoignages de locaux qui se sont imprégnés de zététique ne sont pas rares. Un univers qui semble bien mystérieux avec un nom qui n’évoque pas grand-chose en français. Et pourtant, derrière le mot zététique se cache une démarche relativement simple.

L’origine du terme “zététique” gravite autour de la philosophie sceptique enseignée par Pyrrhon au IIIème siècle avant J-C. Les sceptiques étaient parfois surnommés “zetetikoi” : ceux qui cherchent. En France, le terme est ravivé par le physicien Henri Broch, qui crée en 1998 le Laboratoire de zététique dans la Faculté des sciences de Nice. « Art du doute », « hygiène préventive du jugement », « pensée critique » ou encore « autodéfense intellectuelle », la zététique est d’abord l’usage d’une méthode d’investigation scientifique pour analyser les phénomènes réputés étranges, paranormaux ou surnaturels. La démarche est simple et rigoureuse : on recherche la source de l’information, on teste à nouveau lorsque cela est possible, on expérimente, on égraine les hypothèses, on analyse les preuves. En clair, on use de l’attirail du scientifique pour produire une analyse rigoureuse afin d’expliquer un phénomène. On pourrait croire alors que les zététiciens sont tout simplement des scientifiques qui s’intéressent aux phénomènes paranormaux.

Mais ce nouveau terme introduit, zététique, contient une nuance non négligeable. En effet, deux recherches peuvent appliquer la même démarche critique mais aboutir à un résultat qui n’aura absolument pas le même impact. L’étude d’un végétal endémique de Madagascar n’aura pas le même retentissement qu’une étude sur l’efficacité de l’homéopathie. Le terme zététique comprend, au-delà de la démarche sceptique, la prise en compte de la charge affective contenue dans les sujets étudiés. La précaution est de rigueur lorsqu’on analyse des phénomènes sur lesquels certaines personnes ont fondé leur existence et le sens de leur vie. En d’autres termes, il s’agit de prendre des pincettes lorsque l’on touche à des sujets sensibles.

Se faire son opinion

La zététique s’attèle sans crainte à tous les sujets qui sortent de l’ordinaire, des légendes urbaines à l’astrologie, en passant par les coupeurs de feu. La finalité des recherches n’est pas un positionnement moral ou prescripteur, une fois le sujet éclairé, c’est à tout un chacun de se faire une opinion. Il ne s’agit pas de dire aux gens quoi faire mais de leur donner toutes les informations nécessaires pour qu’ils puissent faire des choix éclairés. Aujourd’hui la pratique s’est étendue à la vérification d’informations plus ordinaires et communes, et à l’éducation à la pensée critique méthodique. Ce tournant offre de nouveaux objets d’études, et ses outils spécifiques, tels que la rhétorique ou encore la linguistique.

Dessin de Simon Derbier : son travail est à découvrir ici.

Concrètement, que nous apprend la zététique ?

La zététique mobilise un grand nombre d’outils qui permettent de faire fonctionner l’esprit critique. Prenons par exemple un biais cognitif plutôt connu : “l’effet Barnum”. Ce biais emprunte son nom à Phineas Taylor Barnum, célèbre entrepreneur américain connu pour ses freak shows et son cirque éponyme. En période de vache maigre pour ses affaires, Barnum avait mis en place des prestations de “lecture à froid”. Il prétendait pouvoir lire la personnalité de ses spectateurs en les observant. Aussi appelé “effet Forer”, du nom du psychologue qui a percé à jour ce biais cognitif, son utilisation la plus courante est attribuée aux astrologues et aux médiums. Basé sur la validation subjective, il induit toute personne à percevoir une description vague de sa personnalité comme étant juste et spécifique.

En 1948, Bertram Forer teste ce biais sur ses étudiants, il leur fait remplir un test de personnalité, et prétend dresser un profil personnalisé de chacun à partir des résultats du test. Pour cela il leur remet un texte censé contenir leur analyse personnalisée et leur demande de noter la pertinence de l’analyse sur une échelle de 0 à 5. La moyenne est de 4,26. Pourtant les étudiants s’étaient tous vus attribuer le même texte, sans le savoir. Les prestations qui induisent l’effet Forer mobilisent souvent des phrases assez vagues pour que nous puissions y attacher des réalités qui nous sont propres ou auxquelles nous désirons correspondre. Le texte produit par Forer affirmait par exemple : « Vous avez besoin d’être aimé et admiré, et pourtant vous êtes critique avec vous-même », ou encore, « vous avez un potentiel considérable que vous n’avez pas encore utilisé à votre avantage. »

Kévin, Rony et Aude s’emparent de la zététique

Parmi les ressources de la zététique on retrouve également des principes structurants, tels que la charge de la preuve. Kévin a suivi des cours de zététique en licence de psychologie à Grenoble. La charge de la preuve est l’un des principes qu’il a retenu :

« Si j’avance qu’un dragon se trouve dans mon garage et qu’en plus, ce dragon est invisible, je ne peux pas vous mettre au défi de me prouver le contraire. C’est à moi de vous apporter les preuves qu’un dragon invisible vit dans mon garage. » — Kévin

En clair, la charge de la preuve incombe à celui qui avance un fait qui sort de l’ordinaire.

Rony est commerçant ambulant, il vend des bijoux sur les marchés. Après le bac, son activité saisonnière lui permet de voyager régulièrement à travers le monde. Déconnecté de l’actualité française, il découvre avec un peu de retard les vidéos de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral. Intrigué par l’aspect manipulatoire de son discours, il cherche à se renseigner sur le sujet et tombe sur un article du Cortecs ( Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & science). Plus tard, une expérience traumatisante lors d’une sortie de plongée le mène à s’interroger sur la mort. Après avoir égrainé toutes sortes d’hypothèses mystiques sur Youtube, il renoue avec la pensée critique via “les sceptiques du Québec”, une association qui promeut la pensée critique et la rigueur scientifique appliquées aux sujets paranormaux.

« Cette découverte est un moment charnière de ma vie. Je découvre une démarche différente, il ne s’agit pas de faire du monde ce qu’on désire qu’il soit, mais de chercher à le voir tel qu’il est. » — Rony

Aude est grenobloise, elle a découvert la zététique il y a 15 ans, alors étudiante en information-communication. Elle commence à lire du contenu publié par l’Observatoire zététique. Aujourd’hui encore, la démarche zététique l’accompagne dans son activité professionnelle puisqu’elle travaille dans le domaine de l’éducation à l’information. Lors de ses premières expériences au contact de personnes qui s’intéressent aux contenus critiques, elle remarque chez certains une forme de mépris pour les pseudo-sciences et les médecines alternatives. Selon elle, il est important de tenir compte du fait que le processus de remise en question est souvent douloureux.

Remettre en question nos pratiques, particulièrement dans le domaine du soin, peut être un processus déstabilisant, notamment quand il s’agit de pratiques familiales. Selon Aude, analyser le fonctionnement des médecines alternatives et déterminer leur efficacité est une démarche importante, cependant il faut tenir compte de toute la dimension humaine du soin à la personne. « Les consultations de médecine générale sont souvent expéditives, alors qu’il est d’usage en homéopathie, par exemple, de prendre entre 30 et 45 minutes avec le patient », il se sent alors peut-être plus écouté, et cela a son importance dans le soin.

Les chaînes qui font référence

Depuis quelques années, on trouve du contenu zététique sur les réseaux sociaux, notamment sur Youtube. Parmi les plus regardées, on trouve la chaîne “Hygiène mentale” qui comptabilise près de 350 000 abonnés. C’est sur cette chaîne que le vidéaste Christophe Michel, membre de l’Observatoire zététique (association basée à Grenoble), partage des outils d’autodéfense intellectuelle, le plus souvent sous forme d’animations commentées par sa voix off.

La chaîne “La tronche en biais” [ndlr : basée à Nancy] contribue également à la diffusion d’outils de zététique, dans des vidéos plus mises en scène. On y trouve des interviews, des vidéos de vulgarisation, des vlogs et depuis peu les émissions de La tronche en biais sous forme de podcasts.

Il existe également beaucoup de créateurs qui proposent des outils de pensée critique mais qui ne se revendiquent pas zététiciens comme “Defakator”, “Aude WTFake”ou “Cyrus North”. Un grand nombre de sujets et de formats s’offrent à nous, et les réseaux sociaux peuvent être un excellent moyen de diffuser du savoir. Cependant, comme toute diffusion d’un savoir via les réseaux sociaux, la zététique ne fait pas exception et connaît quelques électrons libres dont le discours n’est pas toujours représentatif du mouvement global.

« Le cerveau est une machine à se tromper »

Pour Richard Monvoisin, l’humilité doit être au cœur de la démarche zététique. Il dispense l’un des seuls cours en France de “zététique & autodéfense intellectuelle” à l’Université Grenoble Alpes. Il pratique la zététique depuis 25 ans et l’enseigne depuis près de 15 ans. Il met l’accent sur la rigueur et l’honnêteté intellectuelle que requiert la démarche zététique :

« L’esprit critique ne doit pas s’arrêter à notre confort. Il n’y a pas de raison de s’attaquer aux croyances des autres et d’épargner nos propres croyances. » — Richard Monvoisin.

Son discours sur la démarche critique ne laisse pas de place à l’arrogance ni au mépris. Au contraire, la démarche se veut libératrice et accessible à tous. C’est d’ailleurs ce qu’il tient à transmettre à ses étudiants : « Je commence toujours mon cours en rappelant patiemment aux étudiants qu’avant d’apprendre la démarche critique, je suis moi-même tombé dans toutes sortes de croyances improbables parmi lesquelles j’ai essayé d’hypnotiser mon chat. » Ce premier pilier peut sembler être une plaisanterie mais il est primordial pour le cours, il déconstruit quelque part le rapport d’autorité entre le professeur et l’étudiant et pose le postulat que nulle croyance ne mérite d’être méprisée. En montrant des illusions d’optiques ou des biais cognitifs, comme l’effet Barnum (dont nous parlions plus tôt), il montre aux étudiants que notre cerveau n’est pas fiable : « Le cerveau est une machine à se tromper. Ce n’est ni de leur faute ni de la mienne, mais l’important c’est d’être conscient de ce que cela implique. » Enfin, il introduit des notions d’épistémologie, à savoir l’étude de la constitution des connaissances en utilisant différents outils, tels que la charge de la preuve, le rasoir d’Occam ou encore le critère de Popper. Autant d’outils qui structurent le savoir.

Ce cours transdisciplinaire est une particularité grenobloise, quelques membres du Cortecs en dispensent dans d’autres universités mais ce n’est pas encore d’usage. « Mon rêve en prenant la suite d’Henri Broch était d’introduire dans toutes les universités des cours d’autodéfense intellectuelle. Pour l’instant ce n’est pas le cas, car il y a des résistances au niveau institutionnel. Entre autres, on nous dit que ce type d’enseignement existe déjà ou qu’il faut éviter de déconstruire le rapport à l’autorité », explique Richard Monvoisin. En attendant que ce rêve se réalise, les étudiants grenoblois peuvent profiter de ce cours et tous les autres peuvent consulter les ressources existantes en ligne. La zététique est un savoir partagé et accessible à tous, encore faut-il prendre le temps de la découvrir.

Reportage de Myriam Surat
Dessin de presse de Simon Derbier

J’ai raté un lien ?

48 photos incroyables de Freaks de cirque au début du XXe siècle — Buzzfeed
Petit recueil de 25 moisissures argumentatives pour concours…— Cortecs
C’est quoi un VLOG ? — FlorianOnAir
Chaîne Youtube Defakator
Chaîne Youtube Aude WTFake
Chaîne Youtube Cyrus North
Zététique, le making off — Conseils aux enseignant-es — Hauteurs UGA
Critère de Popper et réfutabilité d’une théorie — Cortecs

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