#8 « C’est en passant les frontières que la météo a changé. »

L’odyssée d’Olivier : À travers les Alpes.
Interview réalisée le 12 septembre.

La République Tchèque, l’Autriche sont derrière lui. Les Alpes ont marqué Olivier par ses nouveaux décors, ses vallées, ses rivières, avec parfois un peu de ressemblance avec l’Isère ou la Haute-Savoie. Plus de 5000 km au compteur, notre voyageur fait une courte pause au Lac de Garde en Italie, pour retrouver un nouveau compagnon de voyage à vélo…

Épisodes précédents…
#0
(Re)-lire l’interview d’Olivier au départ fictif à Grenoble
#1
Passer le cap
#2
Fuir les moustiques
#3
Mer fraîche, feux de forêts
#4
2000 km, le bilan du premiers mois (la mensuelle)
#5
Un rythme à deux
#6
L’Elbe cool
#7
4400 km, le bilan du deuxième mois (la mensuelle)

Cette semaine, tu es rejoint par Alban, un ami d’enfance. Comment vous êtes-vous organisé pour vous retrouver ?

Avec Alban, on a démarré les voyages à vélo ensemble. On avait fait le trajet Paris, Mont-Saint-Michel l’année dernière, et la ViaRhôna cette année. Quand je lui ai dit que je partais faire ce long voyage, il m’a dit qu’il était partant pour faire un petit bout ensemble. Le fait que je sois plus prêt de Grenoble a permis qu’on se retrouve. Moi, j’ai essayé d’estimer il y a quelques semaines à quel moment je serais disponible. Et il a pu poser quelques jours de congé pour qu’on se retrouve au bon endroit, au bon moment. Il fallait qu’il prévienne sa boîte un peu à l’avance. J’avais prévu un peu de marge, c’est pour ça que je suis arrivé avec un jour et demi d’avance sur la date fixée ensemble.

Il aura donc 4 jours. L’objectif, c’est d’aller jusqu’à Florence. Là, on va descendre en passant par Bologne. Il pourra repartir de Florence pour rentrer à Grenoble.

Comment s’est passée cette traversée des Alpes du Nord au Sud ? Quels ont été les passages les plus compliqués ?

La traversée des Alpes s’est faite à partir de Salzbourg en Autriche. L’itinéraire est passé tout le long des rivières. Du coup, ça ne grimpait pas très raide dans les vallées. J’ai passé les Alpes beaucoup plus facilement que ce que je m’étais imaginé avant de partir. En fait, c’étaient des routes qui montaient tranquillement. Il y a eu deux jours où je suis monté à 1200 mètres d’altitude. Mais après ça, j’ai pédalé sans forcer. Deux fois 90 km, sans même m’en rendre compte.

Juste avant d’arriver à Florence, il va y avoir encore quelques difficultés de ce type, et dans le Sud de l’Italie, je crois que ça va être aussi vallonné. Je n’ai pas regardé en détails. Mais vers Naples à priori, vers la pointe de la botte de l’Italie. Ça ne va pas être tout simple.

Quelle anecdote peux-tu nous raconter sur ton passage dans les Alpes ?

En Autriche, le premier jour dans la montagne, pour passer les passages à 2000 ou 3000 mètres, il y a une navette en train qui prend un tunnel sous la montagne. On peut monter avec son vélo, ou avec une voiture dans le train. Il traverse en 10 minutes. Et on se retrouve de l’autre côté, pour descendre tranquillement dans la vallée. C’était la petite nouveauté. J’avais pris plusieurs fois des bacs, des bateaux pour traverser des rivières, et là donc, un train pour traverser une montagne.

Tu t’es arrêté deux nuits à Salzbourg (Autriche), comment était la ville ?

J’ai trouvé la ville bien sympa. J’étais content parce que c’était le premier jour de soleil après une longue série de pluies. J’ai pu bien profiter de la ville, me balader dans des petites rues, dans le château. Il y avait les jardins de la mairie qui était très jolis aussi. C’était une ambiance assez cool. Il y avait encore pas mal de touristes quand même. Je pensais que début septembre ça se calmerait un peu, mais non. C’est peut-être pire en juillet et août.

Chaque semaine, L’avertY propose à Olivier de commenter certaines de ses photos prises durant le trajet. Quel est le contexte de la photo ? Quelles anecdotes ? Pourquoi ces choix-là de photos ?

N°17 Quête d’enseigne

« C’était une rue où il y a beaucoup d’enseignes, célèbre pour ça. Il y avait des boutiques anciennes. J’essayais de prendre en photo celles un peu plus traditionnelles, plutôt que celle d’un MacDo ou autre. »

N°18 Après la pluie…

« C’est en passant les frontières que la météo a changé. Quand je suis arrivé en République Tchèque, il s’est mis à pleuvoir. Il a plus quasiment tout le long en République Tchèque et en Autriche. Et depuis que je suis repassé en Italie, il fait grand beau, il fait très chaud. Et j’espère que ça va durer, c’est bien plus agréable comme ça. Avec la pluie, je suis plus en mode “j’avance”, et je profite moins de ce qu’il y a autour. »

N°19 Un paysage familier

« Près de la ville de Bolzano, à la redescente des Alpes, l’environnement est vraiment très similaire à Grenoble. La configuration des montagnes, des rivières. Et puis la vallée qui suit après. Quasiment jusqu’au Lac de Garde. C’est vraiment cette zone-là qui était pour moi très similaire à Grenoble. Avant, dans les Alpes, je n’avais pas ce sentiment. C’était plus la campagne avec des petits chalets, des vaches, qui ressemblerait plus à la Haute-Savoie, ou à la Suisse. »

Nombre de kilomètres déjà parcourus par Olivier.

Visitez le site web de L’avertY sur www.laverty.fr.

Encouragez Olivier à parcourir les kilomètres restants en envoyant des questions, commentaires, mots sympas à ludovic.chataing@laverty.fr. D’autres photos disponibles sur son blog.

Propos recueillis et mise en page par Ludovic Chataing
Photos Olivier Letz.

#7 « Les noix de chez nous, c’est toujours appréciable. »

L’odyssée d’Olivier : 4400 km, le bilan du deuxième mois

Olivier garde toujours un très bon rythme dans sa longue course vers le Sud de l’Europe. Comme pour le bilan du premier mois, L’avertY vous propose cette semaine une interview plus longue, réalisée le 30 août, pour fêter les deux mois depuis le départ du Cap Nord en Norvège.

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Parmi les personnes que tu as déjà croisées sur ton trajet, qui aimerais-tu revoir après cette odyssée à vélo ?

Le plus évident pour moi, ce serait Richard que j’ai croisé d’abord sur le bateau, puis à Berlin. On a beaucoup échangé, on s’entendait bien, on était en phase sur pas mal de sujets. Le fait de bien parler anglais tous les deux, on arrivait bien à discuter. Le petit couple qui m’a hébergé en Allemagne était vraiment sympa, mais avec eux j’ai eu plus de mal à échanger. C’était un peu moins riche comme échange, mais quand même super sympa. Si j’avais l’occasion de les recroiser, ce serait super cool. J’ai prévu de leur envoyer une carte postale un peu plus tard dans le voyage.

Avec ces gens-là, on a pris le temps de faire connaissance. Ce n’est pas juste des gens que j’ai croisé, à qui j’ai dit bonjour et avec qui j’ai échangé trois mots. J’ai passé un peu de temps. On s’est raconté nos vies. À partir de là, je me sens plus proche de ces personnes-là, que d’autres personnes croisées en coup de vent.

Wilfried et Krista, couple allemand qui a hébergé Olivier

Si tu devais déménager dans un des pays déjà visités, ce serait lequel et pourquoi ?

Je pense que ça serait la Suède. Ça dépend un peu où en Suède, mais globalement les gens sont très cool. La culture n’est pas si différente de la nôtre, je pense que je ne serais pas trop perdu si je devais m’y installer. La langue est relativement proche de l’Allemand, j’arriverais à me débrouiller assez vite. La Suède plutôt au Sud, pour le climat. J’ai bien aimé cette partie-là.

Moulin dans le Sud de la Suède.

Est-ce qu’à force des kilomètres parcourus (combien?), tu ressens une certaine fatigue ou lassitude ?

Physiquement, ça va bien. Je n’ai pas l’impression d’avoir spécialement forcé. J’avance à mon rythme, je ne suis pas spécialement fatigué. Après sur la lassitude, ça dépend un peu des jours. Globalement, ça va plutôt bien. J’avais un peu peur avant de partir, de me dire : tous les matins, il faut remonter sur le vélo, il faut repartir après avoir remballé toutes ses affaires. Je n’ai pas spécialement de mal à faire ça. Parce que je me dis que je vais découvrir des nouvelles choses. Parce que j’avance dans mon trajet. J’ai l’impression de progresser. Il y a des jours où, forcément, les paysages sont moins beaux.

Par exemple, aujourd’hui pour ton étape jusqu’à Vyšší Brod (République Tchèque), ce n’est pas la journée idéale avec la pluie ?

Je m’étais préparé psychologiquement avant de partir en me disant : il y aura des jours de pluie. Il faudra quand même que je pédale, que j’avance un peu. J’ai l’équipement pour, j’ai des vêtements, des sacoches étanches. C’est pas foufou, mais c’est pas non plus un calvaire.

Le beau temps laisse ses marques de bronzage.

Je te propose 3 questions, il faut que tu en choisisses une et que tu y répondes :

  • Quel est le plus gros risque que tu as pris depuis le début du voyage ?
  • Quelle rencontre t’as le plus ému ?
  • Qu’est-ce que tu t’obliges à ne jamais dire dans ton blog ?

Je vais prendre la dernière : qu’est-ce que tu t’obliges à ne jamais dire dans ton blog. Je ne parle pas trop de ce qui est petit pépin de santé. Voilà. Si j’ai des soucis, c’est vraiment rien de grave au jour le jour. D’une part, ce n’est pas la peine d’en parler, parce que ce n’est pas très intéressant, et je n’ai pas envie que les gens s’inquiètent, et parce que je n’arriverais pas forcément à le formuler. Cela paraîtrait très grave, alors que ça ne l’est pas. Je m’étends pas plus que ça là-dessus. Je pense que c’est aussi bien.

Et pourquoi pas les deux autres ?

Pour la première, je n’ai pas spécialement l’impression d’avoir pris de risques. Il y a une fois où j’ai hésité à prendre une voie de chemin de fer sur 100 mètres, mais je me suis ravisé parce que c’est vraiment un risque un peu stupide. Et puis l’autre question, ça rejoint la question posée tout à l’heure sur les personnes que j’aimerais revoir.

Panneau explicite, découvert au Danemark.

Si tu avais droit à un joker pour faciliter la fin de ton trajet, tu prendrais quoi : un vélo électrique Métrovélo qui pèse plus de 18 kg, un sac de noix de Grenoble pour changer ton alimentation du quotidien, ou une personne qui te dit dans l’oreillette à chaque carrefour par où il vaut mieux passer selon des critères définis à l’avance ?

Je réponds assez facilement, les noix de Grenoble. Justement, sur le vélo électrique, ce matin, je me suis retrouvé avec un couple qui en avait. Selon le relief, si ça montait ou si ça descendait, je les doublais, ou il me repassait devant. Même sur le plat j’allais globalement plus vite qu’eux. Le vélo électrique ne m’apporterait pas grand chose. Ce serait plus un poids plutôt qu’un joker. Pour le guidage dans l’oreillette, j’ai déjà mon GPS sur le téléphone. Je n’ai pas l’oreillette, mais je peux avoir le guidage point par point. Je ne regarde pas forcément à chaque fois, j’arrive à me repérer facilement avec. Par contre, les noix de chez nous, c’est toujours appréciable. J’ai de temps en temps, des petits trucs à grignoter.

L’église Sankt Michael à Berlin.

Si tu avais la possibilité de te téléporter à Grenoble pour prendre ou déposer un objet, et revenir où tu es actuellement, quel serait ton choix ?

Je n’ai pas l’impression de manquer de grand chose. Y a quelque chose que j’ai pris et que je n’ai pas utilisé jusqu’à maintenant, c’est la chambre à air de secours. Ce serait un peu prétentieux de dire que je la laisserais à Grenoble. Je n’ai pas du tout crevé, j’ai eu zéro soucis sur le vélo. À priori, tout le reste, je l’ai utilisé. Je n’ai pas eu l’impression qu’il me manque vraiment quelque chose.

Cathédrale à Prague, voir aussi la série de photos.

À quand remonte la dernière fois où tu as bu une bière ?

Très longtemps, étant donné que je ne bois pas d’alcool du tout.

Du coup, je transforme la question : à quand remonte la dernière fois où tu as bu un verre dans un bar ?

C’était à midi. Un Pepsi. Je suis passé dans une ville assez jolie, je n’avais plus grand chose à manger et pas envie d’aller acheter à manger. Je me suis arrêté dans un petit restaurant au bord de la rivière. J’ai mangé sur la terrasse abritée. C’était aussi bien, parce qu’il s’est mis à pleuvoir.

Rivière du village de Český Krumlov en République Tchèque.

Comment trouves-tu le parcours, les aménagements, Eurovélo 7 depuis ton départ ?

C’est très variable, même à l’intérieur d’un même pays. Globalement, la signalisation Eurovélo 7 en tant que telle, elle est très peu mise en place. J’ai vu quelques panneaux au Danemark et sur le Nord de la Suède. Sinon, ce qui se passe, c’est qu’elle reprend des itinéraires cyclables nationaux. Du coup, ce sont ces itinéraires-là que je suis, pas forcément le logo Eurovélo 7 à chaque fois. Donc le GPS m’aide bien. Les itinéraires que je suis, sont plus ou moins bien aménagés. Des fois, en Suède, c’est un petit chemin dans la forêt avec des graviers, et parfois presque l’autoroute. Des fois, en République Tchèque, il y a de belles pistes cyclables le long de la rivière, très agréable, du plat, ça roule tout seul. C’est vraiment très très variable. C’est la surprise de chaque jour. Aujourd’hui, c’était très très vallonné. Il y avait de grosses pentes, en montée et descente. Sur la signalisation, je m’y attendais, à ce que ce ne soit pas bien mis en place partout… Par contre, je pensais que les endroits où j’allais passer seraient globalement plus adaptés aux vélos. J’étais assez surpris de me retrouver sur des petits chemins en forêt ou sur des routes bien abîmées, défoncées. Je pensais que ce serait en meilleur état, ça fait partie de la découverte.

Panneau Eurovélo 7 en Autriche.

Quand tu prends une photo, quels réglages fais-tu ? Sur quoi te concentres-tu ?

Le réglage principal que je choisis, c’est l’ouverture de l’objectif. C’est ça qui va déterminer la profondeur de champ, donc la zone de netteté dans la photo. En gros, si je prends une photo de paysage, je vais vérifier que tout soit net. Au contraire, si je prends une photo d’un détail, un bâtiment, un animal ou une fleur, je vais essayer d’avoir une profondeur de champ plus réduite pour vraiment faire ressortir l’élément à mettre en avant. En plus du cadrage, que j’essaie d’avoir intéressant pour mettre en valeur les éléments dans la photo. Sur certaines photos, je fais effectivement des réglages spécifiques.

Illustration de la profondeur de champ, net devant, et flou derrière.

Et pour finir, combien de cyclistes penses-tu avoir croisé depuis ton départ sur ta route ? (ou combien par jour)

C’est très variable selon les jours. Il y a des jours où c’est en permanence, et des jours comme aujourd’hui, quatre ce matin et zéro cette après-midi. En moyenne, une vingtaine par jour.

(nombre de kilomètres déjà parcourus)

Encouragez Olivier à parcourir les kilomètres restants en envoyant des questions, commentaires, mots sympas à ludovic.chataing@laverty.fr. D’autres photos disponibles sur son blog.

Propos recueillis et mise en page par Ludovic Chataing
Photos Olivier Letz.

#6 « J’aurais dû mieux travailler l’Allemand à l’école. »

L’odyssée d’Olivier : L’Elbe cool.
Interview réalisée le 22 août.

Après une visite de Berlin sur deux journées complètes, Olivier est reparti pour suivre l’Elbe, une rivière dans l’Est de l’Allemagne, qu’il a particulièrement apprécié, loin du bruit de la capitale. Déjà, la République Tchèque montre le bout de son nez ! Mais avant de quitter ce pays marqué par l’histoire, Olivier a décidé de s’accorder une nouvelle étape sur son itinéraire, à Dresde, une ville de 500 000 habitants.

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#3 Mer fraîche, feux de forêts
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#5 Un rythme à deux

Pourquoi avoir choisi la ville de Dresde pour t’arrêter ?

On m’a dit que c’était une belle ville. Je ne connaissais pas plus que ça avant d’arriver. Je me suis renseigné un tout petit peu, hier et avant-hier, pour voir ce qu’il y avait d’intéressant. D’autant plus que je suis en “retard de pause”, en avance par rapport au planning prévu. Je veux bien profiter des endroits où je passe.

Tu as passé la journée d’aujourd’hui à visiter la ville, c’est comment du coup ?

La ville est très sympa. Beaucoup plus calme qu’à Berlin. C’était sympa de me balader dans les rues piétonnes. Ce qui est particulier à Dresde, c’est que la ville a été détruite intégralement par les bombardements en 1945. La plupart des bâtiments anciens ont été reconstruits à l’identique. Les vieux bâtiments ont été remis en état.

Ce matin, j’ai visité des églises. Trois grandes églises : la cathédrale catholique et deux églises protestantes, très belles avec des styles très différents. Il y en avait une très sobre, une autre pleine de dorures. J’ai apprécié les atmosphères différentes dans chacune. Cette après-midi, je suis allé dans un double musée, dans un grand château. L’un sur les techniques des mathématiques et de la physique, surtout sur les mesures de temps. Il y a des globes terrestres, des vieilles horloges, des sextants, des outils du 17ème siècle. L’autre musée est plus peintures classiques, et un peu de sculpture, avec des peintres de toute l’Europe : des Italiens, des Néerlandais, des Français. Le château a été restauré dans un super bon état. Les pierres sont un peu grises, un peu noires, mais on sent qu’il a été bien restauré, bien entretenu. C’est un beau château. Il a un style assez particulier, vu qu’il date du 17ème siècle. Il est bien mis en valeur.

Depuis le début de ton voyage, tu rencontres des personnes ici ou là. Après plusieurs semaines, tu as revu Richard, cycliste berlinois, et vous avez passé la soirée ensemble. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Je l’avais rencontré sur le bateau en Norvège, le dernier que j’ai pris. On était chacun avec notre sacoche de guidon de vélo. C’était assez caractéristique sur le bateau. Il y avait les gens qui étaient là pour le bateau et les cyclistes qui avaient chacun leurs sacoches en bandoulières. J’ai repéré comme ça cinq, six cyclistes. Lui, il est descendu du bateau plus tôt pour aller jusqu’au Cap Nord à vélo. Il a pris 6 mois de congé sabbatiques. Il est arrivé là-bas 3 ou 4 jours après moi, mais il est redescendu en passant par la Finlande. Il a repris un bateau pour revenir en Suède, pour refaire un petit bout de vélo, et il a pris ensuite plus ou moins le même itinéraire que moi. Il a bien roulé aussi. Il m’avait laissé ses coordonnées en me disant : “quand tu passes à Berlin, tu m’appelles”.

Du coup, on a passé la dernière soirée à Berlin ensemble. Il m’a donné rendez-vous pas très loin de chez lui. Il m’a emmené dans un petit lac. On a fait 10 minutes, un quart d’heure de vélo pour y aller. Lui y va régulièrement se baigner pour se détendre après le boulot. C’est un lieu où les gens du coin, du quartier, vont, mais pas les touristes. Juste à côté de ce lac, on est monté sur une petite colline à pied, qui permet d’avoir une vue assez sympa sur Berlin, à l’écart du centre-ville. Il y avait un peu de monde là-haut, mais c’est surtout des gens locaux qui viennent à priori. Le soleil s’est couché assez vite. On s’est fait la remarque ensemble qu’on s’était habitué au soleil de minuit quand on était en Norvège. Ensuite, on est redescendu pour manger dans un restaurant indien à côté de chez lui.

Est-ce que tu es rassasié de ton parcours en Allemagne, finalement assez rapide par rapport à la Suède ?

Je suis assez content de ce que j’ai vu en Allemagne. C’était plus varié que ce que j’ai vu en Suède, dans le sens où je suis passé dans des grandes villes, à Berlin, à Dresde. Je suis aussi passé dans des tout petits villages. J’ai fait du vélo dans des champs, dans la forêt. J’ai l’impression d’avoir vu des endroits assez variés de l’Allemagne. C’était la partie “Allemagne de l’Est” que je ne connaissais pas. Je suis content aussi que ça ne dure pas trop longtemps, pour que je ne me lasse pas comme en Suède. Je vais aller me balader dans un Parc national, mais je crois qu’il me reste que 50 km en Allemagne. Dans la réflexion que je me faisais, j’aurais dû mieux travailler l’Allemand à l’école, parce que ça manque un peu. J’arrive à baragouiner deux trois mots. Sinon, il y a pas mal de personnes qui parlent Anglais.

Est-ce que l’Elbe t’a fait pensé à la ViaRhôna ?

Je n’ai pas du tout senti le parallèle. Sur le Rhône, c’était bien plus aménagé. Il y avait plus de digues, de barrages, d’installation. Là, j’ai trouvé la rivière plus sauvage. Je n’ai pas vu de bateau. Sur le Rhône, il y a pas mal de péniches. Sur l’Elbe, c’est l’ambiance petite rivière qui coule de village en village. Qui fait beaucoup de méandres. L’itinéraire suit, donc ça fait de la distance. Le Rhône, c’est beaucoup plus rectiligne. On avance tout droit le long des digues.

Chaque semaine, L’avertY propose à Olivier de commenter certaines de ses photos prises durant le trajet. Quel est le contexte de la photo ? Quelles anecdotes ? Pourquoi ces choix-là de photos ?

N°15 Le château de Neuhirschstein

« Je suis allé le voir de plus prêt. J’ai quitté l’itinéraire pour trouver un endroit pour manger à midi. J’étais au bord de la forêt dans un endroit très au calme. Je suis allé faire un tour vers ce château qui surplombe l’Elbe. Il y avait cette petite place, où il y a une petite allée en pavé, des zones d’herbes, des fontaines, des fleurs. Au bout de la rue, il n’y avait quasiment personne qui passait par là. Une belle atmosphère. Je n’ai pas réussi à savoir si le château était habité, ou pas. J’ai pu faire le tour. »

N°16 et 16 bis Au bord de l’Elbe

« L’Elbe est la rivière que j’ai rejointe il y a 4 jours. Il y a un itinéraire cyclable qui longe l’Elbe sur toute la longueur. Je suis le long de la rivière en permanence. Des fois ça s’écarte un peu. Quand je vois des choses sympas, qui me plaisent aux yeux, dans ces cas-là, j’ai envie de m’arrêter prendre une photo. Quand un élément ressort. Sur ce petit village, il y avait un très beau reflet, bien dégagé, une belle lumière. Et puis un peu la même chose sur ce banc isolé. Tout le long de l’itinéraire, il y a régulièrement des zones aménagées pour les cyclistes. Ce petit banc, c’est l’occasion de faire une pause sympa le long de la rivière. Il y avait un peu soleil. Une ambiance qui me plaisait bien et assez caractéristique de ce que j’ai pu voir ces derniers jours le long de l’Elbe. »

Encouragez Olivier à parcourir les kilomètres restants en envoyant des questions, commentaires, mots sympas à ludovic.chataing@laverty.fr. D’autres photos disponibles sur son blog.

Propos recueillis et mise en page par Ludovic Chataing
Photos Olivier Letz.