📣 « Ce geste me permet d’être en accord avec mes opinions »

Sur Facebook, Maxime a partagé la publication de Help SDF Grenoble sur l’opération calendrier de l’avent inversé. Contacté par L’avertY, il a bien voulu raconter pourquoi il s’y est mis, et quelle était sa démarche personnelle.

La première fois que j’ai entendu cette idée de calendrier inversé, j’ai trouvé cette idée géniale ! Évidemment, on peut se dire que c’est une autre action sociale comme les centaines d’autres qu’il est possible de faire à tout instant, mais celle-ci m’a particulièrement touché.

Je me suis tout de suite imaginé offrir le cadeau à quelqu’un dans le besoin, et voir simplement le plaisir s’épanouir sur son visage. Se figurer cette femme ou cet homme, qui n’a sans doute pas beaucoup de temps à consacrer au bonheur, me regardant avec stupeur et joie mêlée, m’a convaincu que ce modeste engagement social était nécessaire et me convenait.

Il fallait donc que j’essaye. J’ai donc acheté des produits qui me font moi-même plaisir, comme des chocolats, des bonbons, de bonnes bières, des livres de science-fiction… Je me suis aussi renseigné sur les produits de première nécessité dont les personnes sans-abris ont le plus besoin : produits de toilettes, vêtements chauds, premiers soins, et aussi les nourritures privilégiées, par les associations en lien, pour leur facilité de conservation et de consommation.

J’ai demandé autour de moi qui pouvait m’aider, qui avait des dons à faire, etc. Cela me paraissait être une tâche ardue au début, mais sans vraiment planifier, j’ai constitué 3 cadeaux très facilement, sous forme de gros cartons avec tout plein de petites choses à l’intérieur.

Quand on est prospère, on est parfois (souvent) déconnecté de la réalité, à tel point qu’on n’arrive plus à identifier ce qui est un produit de luxe de ce qui est réellement nécessaire.

Au total, j’ai dépensé la première fois 50 euros pour faire ces calendriers inversés. Je me suis demandé si je n’en faisais pas trop. Si je n’aurais pas pu utiliser cet argent pour autre chose, faire un autre cadeau à ma famille. À Noël, tout le monde trouve son budget trop juste… Peuh, quelle honte ! Alors que je vais au bar en dépenser autant tous les mois ?! Alors que les personnes de ma famille n’ont aucun besoin de cadeau supplémentaire, si ce n’est un peu d’attention de ma part ?!… Depuis, je consacre a minima ces moyens pour offrir un cadeau de ce type pour les fêtes de fin d’année.

Enfin, ayant vu que cette action était réellement bénéfique, j’ai été convaincu qu’il était nécessaire de continuer, mais aussi de faire connaitre et encourager cette démarche somme toute accessible pour mon entourage, auprès de mes amis, collègues… Cette action ne va peut-être pas résoudre les problèmes de ces personnes, mais elle leur offre la possibilité d’appartenir à ce moment particulier des fêtes de fin d’année, où la plupart des gens font des exceptions dans leur quotidien.

Mais ce n’est que lorsqu’on m’a demandé de témoigner à ce sujet que je me suis réellement posé la question : pourquoi est-ce que “moi” je faisais “ça” ? Après avoir réfléchi plus sérieusement à ce sujet, j’en suis venu à en déterminer deux principales raisons.

Bien évidemment, la principale raison, déjà exposée ci-dessus, est la portée humaine de cet acte qui fait plaisir aux deux partis concernés. J’espère bien évidemment faire « chaud au cœur » à quelqu’un, accomplir une bonne action, et par la même, espérer et essayer de rendre le monde meilleur qu’il ne l’est, à un niveau certes tout petit, mais au moins à un niveau.

Et puis finalement, une deuxième raison m’est apparue, dont on en a bien tous conscience, mais qu’on ne rationalise quasiment jamais de peur certainement de paraitre imbu de soi-même. C’est une raison égoïste. Mais il me semble qu’elle a également un but d’ordre social. Je m’explique. Faire une bonne « action », un geste pour autrui, sans espérer de contrepartie permet d’avoir de l’estime de soi, de se sentir bien et en accord avec sa personnalité. Mais en même temps cet acte à une plus grande portée que la satisfaction de soi. En tout cas pour moi. En fait, faire ce geste me permet effectivement d’être en accord avec ce que je pense, mon discours, mes opinions… Réunir des produits de première nécessité et de la nourriture, de les porter et les donner à quelques personnes est une activité qui ne me prends pas de temps trop long, limite mes interactions avec des gens, etc…

Et je me dis « si moi je ne peux pas faire ça, alors que tous les paramètres sont réunis dans ma vie, alors que cette action est assez facile pour moi, comment dans ces conditions, je peux demander aux autres de penser comme ça, de faire eux-mêmes de bonnes actions qui sont en leurs capacités ? Notamment les plus riches, que j’aimerais voir renoncer à un peu de richesse pour en faire partager le maximum, sans que cela rogne le moins du monde leur train de vie. Qui suis-je alors si je ne peux pas faire cette petite action, complètement neutre pour moi et qui peut faire autant plaisir, et peut-être aider quelqu’un ? »

Ne pas tomber dans cette situation paradoxale est primordial pour moi (en tout cas essayer !). Et si par cette action, je peux continuer à tenir un discours prônant l’amour, la paix, la générosité, le partage… sans discrimination, méfiance, avarice : et si nous sommes assez nombreux à faire de même, alors, peut-être, nous rendrons un jour le monde meilleur.

J’ai évidemment bien à l’esprit que ce n’est pas en offrant des chocolats et des bonnets que la société sera révolutionnée et que nous vivrons dans le monde utopique auquel j’aspire. Mais cela me semble encore plus extravagant de prétendre à une justice sociale, à l’apaisement des conflits de toutes origines et de toute ampleur sans d’abord prendre conscience que rien ne se fera sans petites avancées personnelles.

Maxime

L’avertY est un média participatif sur l’agglomération grenobloise. Chaque mois, il permet aux citoyens de prendre la parole sous la forme d’une contribution citoyenne, comme celle-ci. Vous aussi, prenez la parole pour ré-inventer l’information locale !

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📣 « Ça nous a permis de nous confronter à la triste réalité de la rue »

Chez les scouts de Grenoble (Saint-Jean), le groupe des caravelles, composé uniquement de filles de 14 à 17 ans, est allé à la rencontre des sans-domicile samedi 15 décembre, dans le cadre d’un projet “Concevoir Agir Partager” (CAP). Chacune d’entre elles a donné son ressenti par écrit pour L’avertY, sur cette toute première journée de maraude de leur vie. Camille, une des deux cheffes du groupe scout, a permis la transmission des contributions citoyennes individuelles, et nous donne quelques informations supplémentaires sur la démarche du groupe.

Bonjour, je m’appelle Camille et je suis scoute. En ce début d’année, les jeunes dont je m’occupe ont choisi d’aller marauder dans les rues de Grenoble, à la rencontre des galériens de nos rues. “Galérien”, voilà un terme que l’on a appris pendant ce projet. Pour se préparer à la maraude, nous avons en effet rencontré Claire de l’association “Grain de sel hors des murs”. Elle s’occupe des personnes en galère (ou galériens), terme qu’elle préfère à “SDF”. Pour elle, ce sont comme des frères et des sœurs. Elle a fondé l’association “Grain de sel” et les accueille chez elle. Claire nous apprend que la chose la plus considérable que l’on peut leur offrir, est notre amitié, notre attention… et non les boissons, vêtements et plats que nos jeunes avaient prévu de préparer pour la maraude. Le jour J, nous partons en petits groupes pour marauder, avec boissons et nourriture préparées par les jeunes, avec des vêtements récoltés, et surtout prêtes à aller à la rencontre de ces galériens de rue, si souvent croisés, et souvent, si peu connus.

Nos jeunes sont toutes rentrées ravies, grandies, et demandeuses de recommencer. Certaines y sont d’ailleurs déjà retournées à l’occasion d’un tour en ville, comme Wifek, qui glisse sur notre conversation de groupe : “J’ai revu Albert, j’ai même partagé mes churros avec lui, il voulait savoir si on allait revenir toutes le voir…”.
Camille, cheffe scoute des caravelles de Saint-Jean à Grenoble.

Avec plus ou moins de longueurs dans leur texte, chaque participante partage ses impressions sur cette maraude du 15 décembre. Pour certaines, c’est un souvenir marquant, d’autres des rencontres, des sourires… et aussi pour l’une d’elles, une confrontation à la réalité.

Des rires et sourires

Bonjour, avec les caravelles nous avons fait un CAP d’équipe. Le 15 décembre nous sommes allées voir des SDF pour leur apporter surtout notre amitié. Nous avons aussi apporté de la nourriture, des boissons chaudes et des habits.

On était en groupe pour faire différents endroits. Par exemple, moi et mon équipe, on a marché et on a vu une dame et une petite fille gentille. Elle nous a demandées si on avait des habits, et on lui en a donné. Elle n’a pas beaucoup parlé, mais on a beaucoup rigolé. À un moment, il y a toute la famille qui est venue, et c’était un bon moment. Ensuite, on a marché et on a vu un autre groupe SDF, avec un chien trop gentil. On a beaucoup parlé et beaucoup rigolé. On a créé une amitié et c’était trop bien.

J’ai beaucoup aimé discuter avec eux et rigoler. Au début, les chiens me faisaient peur, mais en fait, ils sont très gentils. Ils ne mordent pas, ils sont trop mignons. J’ai appris à discuter avec des SDF et à créer des amitiés. J’ai passé une excellente après-midi avec des rires, des discussions, des amitiés et des sourires. 
Tiphaine Bugnard, 16 ans.

C’était une expérience forte en émotion. Les galériens sont vraiment contents de parler avec des personnes qui les écoutent sans les juger. Ils étaient hyper souriants, ça m’a vraiment touché. 
Erin, 15 ans.

Un souvenir marquant

Une expérience géniale, pour nous et pour les galériens. On a partagé avec eux un moment inoubliable et touchant. Ils sont dans une période compliquée, et c’est toujours bien de faire une belle action pour eux. 
Wifek Amdouni

Une très belle expérience. J’ai beaucoup appris des galériens. Ce sont des personnes très simples, humbles qui n’attendent pas de ta part de l’argent, mais seulement de l’écoute, un sourire, un moment de partage. En partant, un des galériens nous dit : “Vous savez, on n’oubliera jamais cette rencontre”. Et pour nous aussi. Cette expérience est très marquante, et fera partie de nos bons souvenirs scouts.
Yona Laigle-Thelis

Rencontre de deux univers

Un moment émouvant et plein d’humanité, où deux personnes, avec des vies complètement opposées, discutent, tout simplement, sur le pavé et autour d’un chocolat chaud. Deux mots, trois sourires, et c’est tout notre quotidien que l’on voit différemment. Alors, pourquoi pas vous ?
Margaux Sanchez, 16 ans.

Une occasion pour moi de parler à ce galérien Albert que j’ai rencontré samedi. Je le croise quotidiennement depuis 2 ans. Depuis, je lui souris plus souvent lorsque je croise son regard.
Lucie Pouillat

Un geste simple

On a pu montrer aux gens qui passaient dans la rue qu’un simple geste peut faire plaisir à quelqu’un.
Clémence Moussodji, 15 ans.

Se confronter à la réalité

C’était, comme à chaque édition des lumières de la Paix, un moment de partage où on a beaucoup reçu et, ce, à toutes les échelles. D’abord en tant que caravelles et pionniers, où la rencontre avec ces galériens nous a permis d’ouvrir significativement le champ de nos actions. Ensuite, en tant que passant, où là, on ne pense pas forcément à s’arrêter en face de ces gens, et où on a très facilement tendance à faire (malheureusement) comme trop de monde : à ne pas donner, ne serait-ce qu’un regard, à ceux qui galèrent. Enfin, on a appris en tant que futur.e.s acteur.trice.s de ce monde, qui sera le nôtre dans peu de temps. Ça nous a permis de sortir de ce cocon qu’est notre ignorance (généralement volontaire), et de nous confronter à la triste réalité de la rue, de nous sensibiliser au fait qu’il faut trouver des solutions durables pour tous. En clair, il suffit de se lancer un peu dans l’inconnu pour accéder à des richesses qu’on n’aurait pas forcément soupçonné en restant les bras ballants. Alors, merci du fond du cœur à ces hommes et femmes, de nous avoir fait vivre cette belle expérience.
Agathe, 16 ans.

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📣 « Je n’achète plus que des vélos d’occasion »

Suite à la demande de contributions citoyennes auprès de l’Association Développement Transports en Commun (ADTC)-“Se déplacer autrement” sur le thème mensuel “Les vols de vélos à Grenoble”, L’avertY a reçu le témoignage d’un de ses membres : Pierre Strobel. Il témoigne de son expérience personnelle.

Je me suis fait voler deux vélos en l’espace de quelques mois en 2016.

Premier vol : vélo de ville usagé (15 ans d’âge), pas vraiment attractif, posé devant une boulangerie. Je ne suis pas parano, je n’ai pas cru nécessaire de l’attacher pour le temps d’acheter une baguette de pain… et pourtant, une minute plus tard, il avait disparu. C’était dans la rue Jean Prévost à Grenoble : une rue calme, mais à 20 mètres d’un carrefour très fréquenté du Cours Jean Jaurès. J’ai commis l’erreur (?) d’acheter ensuite un beau vélo de ville blanc, neuf et soldé, chez un marchand de cycles.

A lieu le second vol : cette fois un beau vélo neuf, pourtant attaché à un arceau. Le cadenas était rigide, de milieu de gamme (je ne me souviens plus du modèle). Vélo laissé une nuit dehors dans la rue. Le lendemain, disparu. C’était dans le même quartier que pour le vol n°1 : à l’intersection rue Testud et Cours Jean Jaurès à Grenoble. Je suppose que le cadenas avait été pénible à scier mais présentait peut-être un point faible au niveau de la serrure – pour un voleur équipé d’outils ??

J’ai vaguement regardé s’il était proposé sur LeBonCoin, mais j’ai été découragé par le nombre de vélos proposés et l’absence de classement efficace pour la recherche. J’ai déposé plainte à la police pour dédommagement par mon assurance. Je ne me souviens plus si je l’avais fait graver.

Mes enseignements :

1) Cela ne me dissuade pas de faire du vélo, c’est d’une efficacité imbattable pour circuler en ville.
2) Je n’achète plus que des vélos d’occasion, cela me laisse moins de regrets en cas de vol.
3) J’utilise un cadenas en U rigide et lourd de la marque Abus.
4) J’ai un vélo gravé.

Je verrouille mon vélo à chaque arrêt, même le temps d’acheter un journal ou une baguette de pain. Il m’arrive de laisser mon vélo actuel (vélo de ville d’occasion) une nuit dehors, de préférence dans des avenues très passantes, avec le cadenas passant par un arceau et la roue avant. Aucun incident depuis deux ans.
Par le passé, j’ai souvent négligé le détail de la sécurisation de la roue avant, et je me suis fait voler à deux reprises une roue avant pendant un stationnement en soirée dans le centre de Grenoble.

L’avertY est un média participatif sur l’agglomération grenobloise. Chaque mois, il permet aux citoyens de prendre la parole sous la forme d’une contribution citoyenne, comme celle-ci. Vous aussi, prenez la parole pour ré-inventer l’information locale !

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