Vols de vélos à Grenoble, une fatalité ?

Thème mensuel élu par les internautes le 6 novembre sur L’avertY.

« Tous des voleurs de vélo ces Grenoblois !!! », se disait déjà “guilmo” en 2004 sur un forum spécialisé. Les vols de vélos à Grenoble, ça ne date pas d’hier. Une preuve de plus, cette déclaration trouvée sur un autre forum d’un vol de vélo dans la région en 1994 ! Envoyée en 2008, écrite par un certain “Meg2” :

« Le risque de vol est élevé à Grenoble, mais ne pas rester fataliste : on m’a volé un vélo en 1994. L’antivol, une chaîne pas très épaisse, a été sectionné. Après ce vol, j’ai investi dans un solide antivol en U, et j’attache toujours le cadre à un point fixe, arceau ou poteau. Grâce aux U, j’ai déjà échappé à deux tentatives de vol. Un vol dans ma copropriété où deux vélos de voisins ont été embarqués, et pas le mien. Une autre tentative de vol, de nuit, dans une rue peu fréquentée. Il y avait des traces d’outils agressifs sur mon U. »

Un sujet vieux comme le vélo ? Le dernier chiffre officiel sur les vols de vélos en France concerne l’année 2016. Dans le rapport annuel InseeONDRP, on apprend que 354 000 ménages ont subi un vol ou tentative de vol cette année-là. Cela correspond à 2,3% des ménages équipés d’au moins un vélo. Des chiffres en relative stagnation, depuis une forte hausse en 2013. Le rapport ne s’appuie pas sur les déclarations de vol à la Police Nationale. C’est l’Insee qui va interroger en face-à-face un échantillon représentatif de 16 000 ménages (voir page 6 du document). On estime par ailleurs à plus de 20 millions le nombre de vélos en circulation en France.

Tout comme “Meg2”, les acteurs grenoblois en faveur du développement du vélo vous donneront des bons conseils pour bien attacher le vôtre. À commencer par “l’Association de Développement des Transports en Commun (ADTC) — Se déplacer autrement”, en lien avec la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB).

Idéalement, deux cadenas pour un seul vélo, reconnus pour leur résistance face aux voleurs. La FUB propose aux cyclistes de vérifier la fiabilité des antivols sur son site. Chaque cadenas est évalué “deux roues” pour le maximum, “une roue” pour un cadenas intermédiaire, et “aucune roue” signifiant que vous avez été chanceux avec votre antivol jusque-là. Évidemment, la qualité de ces antivols fonctionne avec le prix. Exemple pour les cadenas en “U” étiqueté “deux roues”, ils coûtent au moins 20€, et peuvent aller jusqu’à une centaine d’euros. Alors qu’un autre cadenas en “U” étiqueté “une roue” pourra coûter moins de 10€. Ce type de cadenas est vivement recommandé face aux autres types “boa”, “chaîne” ou “pliant”. Les plus mauvais élèves sont les cadenas par “câbles”. Gros ou petits, seulement 4 cadenas, sur 65 testés, arrivent à obtenir le label “une roue”, pour des prix équivalents aux “U”.

L’astuce ultime de la sécurisation, notamment pour le citoyen @VeloVoleGre sur Twitter, c’est l’utilisation de “deux cadenas de technologies différentes”. De cette manière, un voleur outillé pour un seul type de cadenas sera découragé. Lors de l’interview vidéo réalisée avec L’avertY, @VeloVoleGre proposait même que les fabricants fournissent des cadenas colorés pour être bien identifiés par les voleurs et ainsi mieux les dissuader. Cependant, le voleur se déporte sur les vélos suivants, moins bien cadenassés. C’est donc la concurrence aux meilleurs antivols qui s’installent pour garder son vélo. C’est là toute la limite de la prévention, martelée par les autorités et les associations. Tout vélo peut-être volé, quel que soit le contexte. À l’échelle personnelle, on ne peut que réduire les risques de vols.

L’agglomération grenobloise est-elle plus touchée, qu’une autre ?

En 2017, la FUB a publié un baromètre du ressenti des usagers du vélo dans leur ville. Chaque usager du vélo pouvait répondre à une série de 27 questions, en notant de 1 à 6 chaque point proposé. Au niveau national, 113 009 personnes ont répondu à ces questions, dont plus de 3000 à Grenoble, ce qui en fait une des villes ayant le plus largement participé en proportion par habitant (19/1000 habitants). À noter, qu’on ne peut pas qualifier cette étude de sondage précis, d’où l’appellation “baromètre”. Ceci dit, la méthode pour sonder le ressenti a été la même pour chaque ville.

Grenoble s’est illustrée en première place de sa catégorie “100 000 à 200 000 habitants”, avec une note globale B “favorable” à la pratique du vélo. Cette lettre correspond aux villes ayant eu une moyenne entre 3,9 et 4,3 sur 6 maximum. Si on regarde la fiche “résumé” proposée par la FUB pour Grenoble, on comprend rapidement quel est le principal frein à la pratique du vélo… les vols de vélos ! À la proposition 26, “les vols de vélos sont rares”, la ville a obtenu une note ressentie de 1,7 sur 6. C’est la note la plus basse dans sa catégorie, où la moyenne affiche 2,4 points. En revanche, pour toutes les autres propositions, Grenoble affiche de très bons résultats. Soit au-dessus de la moyenne, soit dans la moyenne de sa catégorie.

Avec une note globale de 3,91 points, Grenoble est à la limite entre une note B “favorable”, et C “plutôt favorable”. Le communiqué de presse avait d’ailleurs inscrit dans un premier temps Grenoble en “C” sur son podium des villes.

Capture écran issue du communiqué de presse de la FUB.

Côté agglomération, Échirolles et Saint-Martin-d’Hères écopent d’un D “moyen”. Saint-Égrève d’un C “plutôt favorable”. Ces trois villes sont aussi plombées par la question des vols, avec un écart de moyenne de -0,6 point. Les autres villes du baromètre, Fontaine et Meylan, obtiennent aussi un écart de moyenne négatif, mais moins fort (-0,3 point). Il fallait obtenir au moins 50 participations pour être classé dans ce baromètre. Ces seules cinq villes de l’agglomération ont obtenu le quota nécessaire (de 58 à 139 réponses). À Voiron, on trouve enfin une bonne note de ressenti sur les vols, à 3,5 points (+0,6 point au-dessus de la moyenne de sa catégorie).

Les 309 autres villes ne sont pas épargnées pour autant. Ce baromètre considère comme positif une note dépassant 3,5 points. Aucune moyenne de catégories n’arrive à ce seuil positif. Plus les villes sont grandes, plus le ressenti est négatif. On passe de 3,4 points de moyenne pour “moins de 20 000 habitants”, jusqu’à 2,0 points de moyenne pour “plus de 200 000 habitants”. Les vols de vélos ne sont donc pas une spécificité locale, mais pour la plaine grenobloise, c’est bien le point noir de la bonne pratique du vélo. Seules Montpellier et Aubervilliers arrivent à obtenir un ressenti négatif plus fort (1,6). Marseille obtient un ressenti négatif égal à Grenoble (1,7).

Des chiffres locaux qui datent

Contactée par L’avertY, la Police Nationale n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet. Il sera difficile d’établir l’actualité des vols de vélos à Grenoble en 2018. Cependant, quelques repères et indices peuvent nous éclairer. Tout d’abord, Emmanuel de l’ADTC, nous rapporte une information officieuse.

« J’ai discuté avec une personne qui avait échangé avec la Police récemment, qui lui a indiqué qu’il y avait 30% de vols en moins cette année à Grenoble. »

Comme il le souligne, cela ne peut être considéré pour une vérité brute, car les vols de vélos ne sont pas systématiquement déclarés à la Police. On peut tout autant imaginer qu’il y a moins de vols, qu’on peut dire que les gens se découragent de déclarer leurs vols de vélos. Dans le rapport Insee-ONDRP, cité plus haut, on apprend que dans 70% des cas de vols, les personnes ne déposent pas plainte. Toutefois, ces dernières années, la Police Nationale a mis en place un système de pré-plainte en ligne, qui permet de faciliter les déclarations de vols. Il faut tout de même se rendre à l’Hôtel de Police ensuite, ce qui peut toujours en décourager certains.

En 2015, la Police a communiqué sur 1456 vols de vélos sur la circonscription de sécurité publique de Grenoble (qui comprend aussi La Tronche, Saint-Martin-d’Hères, Échirolles, Fontaine, Gières et Saint-Martin-le-Vinoux). À Montpellier, 1 342 vélos ont été annoncés volés en 2014. Si ces chiffres sont seulement les 30% déclarés, il faut les multiplier par trois pour obtenir une bonne estimation du nombre de vélos volés par an.

Trois quarts des vols déclarés ont lieu à Grenoble même.

Sur les 1456 vols déclarés en 2015, seulement 35 vélos ont été retrouvés (2,4%). La moyenne nationale est de 7% de ménages qui retrouvent leur vélo (2016). Les retrouvailles avec son fidèle deux roues sont d’autant plus rares à Grenoble.

Un autre indice de l’état des vols de vélo à Grenoble se cache chez Métrovélo. Le service de location de Grenoble-Alpes Métropole propose pour tous leurs vélos des cadenas multiples, selon les recommandations de la FUB. On peut sans doute avancer que ce sont les vélos les plus sécurisés en circulation. Sur les 7500 vélos (tous types confondus), L’avertY a appris de source sérieuse, mais non-officielle, que “moins de 300 vélos” ont été volés au dernier décompte annuel. Ainsi Métrovélo n’est pas épargné. Ajouté à cela, une partie du parc est “immobilisé” pour des raisons d’entretien. On peut ainsi affirmer que plus de 4% de leurs vélos en circulation ont été volés.

Mieux connaître l’ennemi du cycliste

Face à ces constats de vols, jamais agréables, reste la solution de bien connaître les pratiques des voleurs, afin de mieux les contrer. Si vous ne devez retenir que quelques statistiques, retenez que 60% des vols se font de jour, et qu’ils interviennent majoritairement au printemps et en été. En novembre, vous êtes beaucoup plus tranquille. Ce qui laisse à penser que les voleurs suivent aussi la pratique des utilisateurs. Grenoble, grande ville de vélos, connaît beaucoup de vols ? Somme toute logique. Les confrontations ne sont (heureusement) pas fréquentes, seulement 5% des victimes voient le voleur.

Dans l’enquête relayée par Velook, on peut découvrir plusieurs profils de voleurs : les emprunteurs, les acquéreurs, les apprentis, les professionnels, les drogués et les receleurs. Chaque profil possède sa fiche technique sur ses motivations et ses fréquences de vols. Si les professionnels sont peu nombreux sur l’ensemble des voleurs, ils sont très actifs, préfèrent les vélos de grande valeur, dans les lieux touristiques. Pour ceux-là, aucun cadenas ne leur résiste. Si vous utilisez un cadenas trop maigre, ou que vous le laissez sans attache devant un magasin, vous serez peut-être victime d’un emprunteur ou d’un apprenti. Enfin, vous pouvez être receleur sans le savoir en achetant un vélo d’occasion sans facture. Vous contribuez ainsi au cercle vicieux des vols de vélos.

Mettre toutes les chances de son côté

Les citoyens rencontrés lors des interviews vidéos ne veulent pas céder à la fatalité des vols de vélos. Si les solutions ne sont pas miraculeuses, les bonnes pratiques se transmettent. L’une d’elle, encore méconnue, est le marquage de son vélo. Il en existe de plusieurs types, mais un seul est officiellement relié aux fichiers de la Police Nationale : le marquage Bicycode. Cela consiste à faire graver un code unique à 12 caractères, sur le cadre du vélo.

Le jour où vous êtes victime du vol, vous le signalez sur le site dédié, et lors de votre plainte à la Police. La base de données est mise à jour. Votre voleur va peut-être tenter de le revendre. Si le potentiel acheteur voit ce code, il pourra directement vérifier depuis son smartphone, dans la base, si le vélo est considéré volé, ou non.

Vous pouvez essayer ce code sur le site dédié.

En Isère, il n’existe que 3 lieux de marquage Bicycode. À Grenoble, Métrovélo le propose pour 5€. Tandis que Dayak, entreprise privée, le propose à 19€. Contactée par téléphone, l’entreprise explique qu’il a fallu acheter la machine, assez coûteuse, sans aucune aide particulière de l’État. D’où la grande différence de tarif. Vous ne pourrez pas faire graver votre vélo d’occasion si vous n’avez pas une facture d’achat (au moins du cadre, s’il s’agit d’un vélo recomposé). Et comme 50% de cyclistes victimes d’un vol préfèrent se tourner vers un vélo d’occasion, il y a fort à parier que bon nombre ne possèdent pas de facture. Cela pose la question du devenir de ces vélos d’occasions sans facture. Condamnés à la revente illégale ? Le marquage doit donc être envisagé au moment de l’achat du vélo. Au Danemark, il a fait ses preuves avec 40% de chance de retrouver son vélo, d’après la FUB.

Mais que pourrait faire la police ?

Si on peut comprendre que le travail des policiers n’est pas tourné uniquement vers les cyclistes, rien n’empêche de partager quelques idées constructives de leurs collègues à l’étranger. À Bruxelles, des vélos-appâts sont à l’expérimentation. Le principe est simple : déposer quelques vélos, modestement attachés, dans les endroits réputés sensibles, avec un GPS caché dans le vélo. L’effet peut-être à la fois dissuasif, à condition de bien communiquer l’existence de ces vélos truqués, mais aussi permettre de retrouver le voleur. Les voleurs du type “emprunteur” ou “apprenti” réfléchiront sans doute à deux fois avant de passer à l’acte. Au Canada, à Winnipeg, on teste aussi ce procédé, en ajoutant près des parkings vélos des autocollants “Est-ce un vélo-appât ?” (article en Anglais).

Grenoble s’essayera t-elle à cette technique, elle aussi ? En attendant, le vélo s’accroche à ce qu’il peut. Face aux vols, certains se tournent vers la location de Métrovélo, mais on voit aussi de plus en plus de trottinettes, de skates, de monoroue, d’overboards, qui ont l’avantage d’être transportables partout, à la main.

Ludovic Chataing, journaliste pour L’avertY.
Site web : www.laverty.fr


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#Final « Pas mal d’émotions qui se mélangent »

L’odyssée d’Olivier : l’interview à l’arrivée.

Il est allé au bout de ses 7200 kilomètres de voyage à vélo. Olivier est arrivé à Malte le 12 octobre. Avec quelques coups de pédales supplémentaires le lendemain, jusqu’au point le plus au Sud de l’île, il a officiellement achevé son Odyssée (avec une photo très aérienne). L’avertY l’a interviewé par téléphone le soir même, lorsqu’il était à l’auberge de jeunesse, pour avoir son ressenti.

Olivier et son vélo, au point le plus au Sud de l’Europe.

Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder à l’interview audio de L’avertY.

https://archive.org/embed/AppelDeMalteOdysseDOlivierV2

Voici également un extrait de son blog :

« Il n’y a pas de monument comme en Norvège, je passe simplement un petit trou dans une barrière et je suis un petit chemin bétonné qui me mène jusqu’à la pointe. Je suis tout seul sur un rocher en haut de la falaise qui domine la mer. Il est un peu plus de midi, le soleil perce timidement au sud au travers des nuages, et un peu plus loin face à moi se trouvent les côtes de l’Afrique, et en particulier la Libye. J’ai forcément une pensée pour tous ceux qui essaient de faire le trajet en sens inverse, à la recherche d’une vie meilleure en Europe, ou tout simplement pour leur survie. »

Épisodes précédents…
#0
(Re)-lire l’interview d’Olivier au départ fictif à Grenoble
#1
Passer le cap
#2
Fuir les moustiques
#3
Mer fraîche, feux de forêts
#4
2000 km, le bilan du premiers mois (la mensuelle)
#5
Un rythme à deux
#6
L’Elbe cool
#7
4400 km, le bilan du deuxième mois (la mensuelle)
#8
À travers les Alpes
#9
Le récit d’Alban
#10
6500 km, le bilan du troisième mois (la mensuelle)

Photo et blog : Olivier Letz.
Interview et mise en page : Ludovic Chataing.

Site web de L’avertY : www.laverty.fr

#10 « Je suis vraiment content qu’ils arrivent maintenant. »

L’Odyssée d’Olivier : 6500 km, le bilan du troisième mois

Ce jeudi 4 octobre, il ne reste plus “que” 720 kilomètres à parcourir en Italie pour Olivier, avant d’arriver à Malte, dernier pays à visiter. Dans le petit village d’Acquafredda, sur la côte italienne, Olivier commence à fatiguer à cause des dénivelés répétitifs. Heureusement, les renforts sont là pour l’aider à finir son incroyable Odyssée à vélo.

Épisodes précédents…
#0
(Re)-lire l’interview d’Olivier au départ fictif à Grenoble
#1
Passer le cap
#2
Fuir les moustiques
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Mer fraîche, feux de forêts
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2000 km, le bilan du premiers mois (la mensuelle)
#5
Un rythme à deux
#6
L’Elbe cool
#7
4400 km, le bilan du deuxième mois (la mensuelle)
#8
À travers les Alpes
#9
Le récit d’Alban

Quel est ton état de fraîcheur sur une échelle de 1 (le moins frais) à 10 (le plus frais) ?

On va dire six. Je commence à fatiguer un peu, mais ça roule quand même tout le temps. Sur le Sud de l’Italie en particulier, ça commence à être bien vallonné, il y a pas mal de collines, voir de montagnes. Je suis globalement le long de la mer, mais il y a pas mal de dénivelés. Donc ça me fait quand même des bonnes journées. J’essaye toujours de faire 70 km par jour en moyenne, mais avec plusieurs centaines de mètres de dénivelés. Par exemple, aujourd’hui, je pense avoir fait 700 mètres de dénivelés, ça tire sur les jambes. Je commence à accumuler un petit peu de fatigue sur l’ensemble du trajet mine de rien. La traversée des Alpes, ça s’est fait en gros en deux jours. Là depuis quatre, cinq jours, j’enchaîne les journées avec pas mal de dénivelés. En cumulé, sur cette région de l’Italie, je vais faire bien plus de dénivelés que ce que j’ai fait sur la traversée des Alpes. Je ne m’y attendais pas…

Blog : La tournée des châteaux.

Les meilleures pizzas d’Italie sont au Nord ou au Sud ?

J’en ai mangé pas mal à Naples, qui est censée être la capitale de la pizza. C’est vrai qu’elles étaient bien bonne là-bas. Globalement plutôt au Sud. J’aurais peut-être l’occasion d’en manger encore quelques-unes d’ici la fin du trajet pour confirmer. Quand je m’arrête au restaurant en Italie, je me dis que la pizza, c’est local. Ça me donne une bonne excuse. J’en ai mangé à Rome, à Naples, pas non plus des kilos. En général, je vais dans les restaurants dans les villes et que je suis en pause. Du coup, je n’ai pas envie de me faire à manger.

Blog : Re-garde le lac.

Si tu devais décrire l’Italie avec seulement des adjectifs, tu dirais que l’Italie est comment ?

Ce n’est pas facile, parce que c’est très différent entre le Nord et le Sud. Le Nord, j’ai trouvé ça très propre, on sent que ce n’est pas loin. Il y a une forte influence de l’Autriche, à parler Allemand. Assez strict. Alors qu’au Sud, c’est un peu plus folklorique, pour rester gentil. Un peu plus le bazar, que ce soit dans la circulation, que ce soit dans la gestion des poubelles. Il y a des poubelles de partout, c’est assez sale. Les gens roulent dans tous les sens. J’ai l’impression que c’est un peu plus égoïste aussi, que chacun est un peu plus renfermé sur soi. Il y a des barrières, des grilles de partout. C’est ce que j’ai ressenti en passant dans les villages. J’ai ressenti cette différence entre le Nord et le Sud, c’est assez progressif en avançant. Si je regarde la ville Bolzano dans le Nord, qui ressemblait pas mal à Grenoble, et Naples dans le Sud, j’ai l’impression d’être dans deux pays complètement différents.

Blog : Florence, comme au cinéma.

Comment trouves-tu cette côte italienne de la méditerranée ?

Vraiment jolie. Assez abrupte. Il y a pas mal de collines, de montagnes, des falaises qui tombent dans la mer, je trouve ça magnifique. Il y a pas mal de villages accrochés dans ces falaises. En me baladant comme ça de l’un à l’autre, j’apprécie vraiment l’ambiance qu’il y a. En avançant vers le Sud, c’est de plus en plus calme. On sent que c’est la fin de la saison. Il y a moins de touristes, plein d’endroits avec beaucoup moins de monde qu’en plein été. J’apprécie ce calme-là que je trouve dans les villages.

Blog : Des hauts et des bas.

Tu as pu “goûter” la mer ?

J’ai goûté la mer. Pas beaucoup, parce qu’il y a eu des jours où il ne faisait pas très beau. Quand je me suis baigné, elle était bien bonne. Ça faisait du bien sur une journée de plein soleil de pouvoir se rafraîchir. C’est bien plus chaud que la mer baltique. Ce qui est différent, c’est la manière dont c’est aménagé. En Italie, il y a beaucoup de plages privées avec des bars, des restaurants, voir des hôtels. Il y a quelques accès publics. Ça change de la Suède où c’était plus sauvage.

Blog : De la mer à l’amer.

Question patrimoine : quel est ton TOP 3 des monuments ou lieux que tu conseillerais à visiter en Italie (à ce stade de voyage) ?

J’ai fait trois grandes villes où j’ai visité : Florence, Rome, Naples.

  • À Rome, j’ai beaucoup aimé la basilique Saint-Pierre, le cœur du Vatican. Quoi qu’on en dise, qui est vraiment impressionnante, grande et bien décorée. Je n’y étais jamais allé.
  • Après, ce que j’ai beaucoup aimé, parce que ça changeait de ce que j’avais vu jusqu’à maintenant, ce sont les souterrains à Naples. C’est une construction qui date de l’époque romaine. C’était un aqueduc qui permettait d’amener de l’eau jusque dans la ville. Qui a été laissé à l’abandon. Qui a resservi pendant la Seconde Guerre mondiale comme abris anti-bombardement. Donc ça se visite, c’est assez original. En une heure, on découvre le système de galeries d’eaux, et comment les gens vivaient pendant la guerre quand ils allaient se réfugier là-dessous.
  • La côte amalfitaine, très jolie avec des villages installés dans les falaises. J’y suis passé alors que c’était assez gris, ça faisait une ambiance particulière. En plein soleil ça devait être encore plus impressionnant, plus coloré, plus joli. J’ai vraiment apprécié de passer par là avec mon petit vélo. Il y avait beaucoup, beaucoup de voitures. Je pense qu’en plein été, ça doit être la folie. J’arrivais à me faufiler dans les files de voitures, sur les petites routes qui zigzaguent dans les falaises. C’était chouette.
Blog : Pagaille et grisaille.

Rapidement,
Que retiens-tu de Florence ?

Énormément, énormément de touristes. Je pensais qu’en septembre ça serait un peu plus calme. Ça l’est peut-être, mais je n’ose pas imaginer en plein cœur de l’été.

Que retiens-tu de Rome ?

Il y a une grande richesse culturelle, énormément de lieux à visiter. J’y ai passé deux jours, et j’ai l’impression d’avoir vu qu’un tout petit bout de ce qu’il y a à découvrir là-bas. Une grande richesse historique à découvrir.

Que retiens-tu de Naples ?

La circulation. C’est bien le bazar, il y a des voitures dans tous les sens, ça klaxonne de partout. Moi, je me faufilais avec mon vélo au milieu. Finalement, je m’en suis pas trop mal sorti. À Rome c’était un peu le cas, mais là, c’est encore un niveau au-dessus.

Blog : Recette de la pizza napolitaine.

Dans l’actualité, on parle souvent des immigrés accueillis en Italie. Est-ce que tu ressens sur le terrain une forme de crispation à ce sujet ? Est-ce que les Italiens sont accueillants ?

Je vais répondre peut-être un petit peu à côté de la question. Je n’ai pas vraiment ressenti de crispation ou quoi que ce soit. Mais en arrivant en Italie, déjà dans le Nord, et c’est un peu le cas tout le long dans les différentes villes où je suis passé, j’ai vu beaucoup de petits groupes de noirs, d’Africains, je sais pas comment le dire. Beaucoup d’immigrés, je pense, qui sont là. Soit temporairement, soit installés. J’ai senti une forte présence d’Africains dans les villes. J’ai pas vraiment eu l’occasion d’en discuter avec des Italiens, je ne sais pas trop comment ils ressentent la chose. Pour ça que je ne peux pas vraiment répondre à la première question.

Je ne sais pas comment le dire… Depuis que je suis arrivé dans le Sud, comme tout est fermé parce que c’est la fin de la saison touristique, j’ai l’impression qu’ils ont plus envie d’accueillir grand monde. Ils accueillent du monde pendant l’été, et maintenant tout est fermé : les campings, les magasins. Je passe dans des villages, j’ai l’impression que c’est abandonné parce qu’il n’y a plus personne. Ce n’est pas forcément une mauvaise volonté, c’est la fin de la saison. Il doit y avoir tellement de monde pendant l’été, que ça doit mobiliser beaucoup d’énergie. Tout tourne autour du tourisme.

Blog : Sous la pluie et sur le plat.

Tu es de nouveau rejoint sur ton trajet… tu peux nous en dire plus ?

Ce sont mes parents qui m’ont rejoint pour la fin du trajet. Ils ont loué un petit camping-car, et mon père a pris son vélo en plus. Sur certaines étapes, on va rouler tous les deux pendant que ma mère conduit le camping-car. On va se retrouver les soirs pour pouvoir dormir dans le camping-car. Ça va bien me faciliter la vie, parce que tous les campings sont fermés. J’ai du mal à trouver des lieux d’hébergement. Là, au moins, je sais que tous les soirs, j’aurais de quoi dormir. Ça va me faciliter aussi la logistique. Niveau nourriture, je n’aurais pas besoin de faire des courses.

Blog : Dernière visite.

J’ai l’impression que la cavalerie est arrivée, pile-poil au bon moment ?

C’est exactement ce que je me disais. Il y a hier soir où c’était vraiment tendu pour trouver un lieu pour dormir. Il aurait fallu qu’ils arrivent un jour plus tôt, ça aurait été parfait. Je suis vraiment content qu’ils arrivent maintenant, parce que ça devenait compliqué. Je vais profiter du camping-car pour rentrer avec eux. On va sûrement faire quelques étapes pour visiter aussi. Ils sont venus directement de Grenoble en deux jours. Ils voulaient prendre le temps de visiter le reste de l’Italie. En remontant, on va prendre notre temps. À priori, on voulait voir le Vésuve à côté de Naples. Faut qu’on discute de tout ça, qu’on fasse le planning de ce qu’on veut faire ensemble. Je serais l’esprit libre, en mode touriste.

Nombre de kilomètres parcourus à vélo par Olivier depuis le Cap Nord.

Encouragez Olivier à parcourir les kilomètres restants en envoyant des questions, commentaires, mots sympas à ludovic.chataing@laverty.fr. D’autres photos disponibles sur son blog.

Photos : Olivier Letz.
Mise en page : Ludovic Chataing.

Site web de L’avertY : www.laverty.fr