Après avoir mis en lumière la librairie emblématique de Grenoble, Valérie Bonetto signe une nouvelle contribution sur un livre de Baptiste Morizot qui l’a inspiré. Elle nous livre ses réflexions suite à cette lecture, autour de la philosophie de Spinoza mais aussi sur le conflit entre éleveurs et partisans du loup.
« Manières d’être vivant ». Baptiste Morizot. Actes sud. 2020
J’ai écouté Baptiste Morizot, philosophe, sur France culture. Séduite par cet entretien, j’ai décidé d’acheter son livre « Manières d’être vivant ». Cette radio influence souvent mes lectures.
Je l’ai vu dans une belle vitrine, de la petite librairie « La dérive », située place Sainte-Claire à Grenoble. Je suis entrée dans le magasin et la vendeuse est allée me chercher délicatement ce seul exemplaire.
Je dévore les livres et j’allais faire de celui-ci une bouchée. Pourtant, je me suis impatientée des longues descriptions du pistage des loups dans le Vercors. Et par contre je me suis passionnée pour un chapitre plus philosophique et j’ai pris des notes comme à mon habitude.
Son argumentation m’est apparue comme révélatrice. La morale classique occidentale est fondée sur un dualisme qui oppose raison et passions. Et la raison est sensée devoir dominer les passions assimilées à de l’animalité. Les animaux quant à eux, sont réduits à de la bassesse. Ils sont donc méprisés.
Ce qui a été encore plus surprenant, c’est le développement suivant sur la philosophie de Spinoza. Pour une fois ce théoricien m’apparut comme compréhensible. Cette argumentation a pu m’aider de façon concrète. Il est dit en effet, que les passions voire les addictions ne sont pas mauvaises en soi. Mais il faut écarter celles qui ne vont pas vers la vie. Par ailleurs une autre passion peut facilement détourner de celle qui est mortifère. Spinoza confirme aussi mon expérience. À savoir que la volonté n’est pas toute puissante. Elle n’existe pas en soi. Elle est plutôt le résultat de la disposition et de la construction concrète d’un cadre favorable à son émergence. Ce cadre peut être fait d’habitudes choisies, de rencontres bienveillantes…
En fait en relisant ce livre, pour justement écrire cet article, je me suis rendu compte que je n’avais été marquée que par un chapitre. À la relecture, j’ai été plus sensible à la poésie, de l’évocation du pistage des loups et des mystères de leur hurlement. L’auteur est un original qui allie expérience concrète et réflexion, poésie et philosophie.
Membre de la fédération nationale de l’environnement Isère, j’ai aussi présenté ce livre. Et j’ai suggéré lors d’une réunion de s’en inspirer. En effet B. Morizot propose de sortir de la confrontation stérile entre éleveurs de mouton et partisans du loup. Ceci pourrait se faire grâce à des médiateurs. Il parle alors de diplomatie interespèces. J’ai proposé de l’appliquer à la chasse qui était le sujet du jour. Cela a été une fin de non recevoir. « La FNE est radicalement anti-chasse et les chasseurs sont un lobby ».
Valérie Bonetto
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