📣 « Ça nous a permis de nous confronter à la triste réalité de la rue »

Chez les scouts de Grenoble (Saint-Jean), le groupe des caravelles, composé uniquement de filles de 14 à 17 ans, est allé à la rencontre des sans-domicile samedi 15 décembre, dans le cadre d’un projet “Concevoir Agir Partager” (CAP). Chacune d’entre elles a donné son ressenti par écrit pour L’avertY, sur cette toute première journée de maraude de leur vie. Camille, une des deux cheffes du groupe scout, a permis la transmission des contributions citoyennes individuelles, et nous donne quelques informations supplémentaires sur la démarche du groupe.

Bonjour, je m’appelle Camille et je suis scoute. En ce début d’année, les jeunes dont je m’occupe ont choisi d’aller marauder dans les rues de Grenoble, à la rencontre des galériens de nos rues. “Galérien”, voilà un terme que l’on a appris pendant ce projet. Pour se préparer à la maraude, nous avons en effet rencontré Claire de l’association “Grain de sel hors des murs”. Elle s’occupe des personnes en galère (ou galériens), terme qu’elle préfère à “SDF”. Pour elle, ce sont comme des frères et des sœurs. Elle a fondé l’association “Grain de sel” et les accueille chez elle. Claire nous apprend que la chose la plus considérable que l’on peut leur offrir, est notre amitié, notre attention… et non les boissons, vêtements et plats que nos jeunes avaient prévu de préparer pour la maraude. Le jour J, nous partons en petits groupes pour marauder, avec boissons et nourriture préparées par les jeunes, avec des vêtements récoltés, et surtout prêtes à aller à la rencontre de ces galériens de rue, si souvent croisés, et souvent, si peu connus.

Nos jeunes sont toutes rentrées ravies, grandies, et demandeuses de recommencer. Certaines y sont d’ailleurs déjà retournées à l’occasion d’un tour en ville, comme Wifek, qui glisse sur notre conversation de groupe : “J’ai revu Albert, j’ai même partagé mes churros avec lui, il voulait savoir si on allait revenir toutes le voir…”.
Camille, cheffe scoute des caravelles de Saint-Jean à Grenoble.

Avec plus ou moins de longueurs dans leur texte, chaque participante partage ses impressions sur cette maraude du 15 décembre. Pour certaines, c’est un souvenir marquant, d’autres des rencontres, des sourires… et aussi pour l’une d’elles, une confrontation à la réalité.

Des rires et sourires

Bonjour, avec les caravelles nous avons fait un CAP d’équipe. Le 15 décembre nous sommes allées voir des SDF pour leur apporter surtout notre amitié. Nous avons aussi apporté de la nourriture, des boissons chaudes et des habits.

On était en groupe pour faire différents endroits. Par exemple, moi et mon équipe, on a marché et on a vu une dame et une petite fille gentille. Elle nous a demandées si on avait des habits, et on lui en a donné. Elle n’a pas beaucoup parlé, mais on a beaucoup rigolé. À un moment, il y a toute la famille qui est venue, et c’était un bon moment. Ensuite, on a marché et on a vu un autre groupe SDF, avec un chien trop gentil. On a beaucoup parlé et beaucoup rigolé. On a créé une amitié et c’était trop bien.

J’ai beaucoup aimé discuter avec eux et rigoler. Au début, les chiens me faisaient peur, mais en fait, ils sont très gentils. Ils ne mordent pas, ils sont trop mignons. J’ai appris à discuter avec des SDF et à créer des amitiés. J’ai passé une excellente après-midi avec des rires, des discussions, des amitiés et des sourires. 
Tiphaine Bugnard, 16 ans.

C’était une expérience forte en émotion. Les galériens sont vraiment contents de parler avec des personnes qui les écoutent sans les juger. Ils étaient hyper souriants, ça m’a vraiment touché. 
Erin, 15 ans.

Un souvenir marquant

Une expérience géniale, pour nous et pour les galériens. On a partagé avec eux un moment inoubliable et touchant. Ils sont dans une période compliquée, et c’est toujours bien de faire une belle action pour eux. 
Wifek Amdouni

Une très belle expérience. J’ai beaucoup appris des galériens. Ce sont des personnes très simples, humbles qui n’attendent pas de ta part de l’argent, mais seulement de l’écoute, un sourire, un moment de partage. En partant, un des galériens nous dit : “Vous savez, on n’oubliera jamais cette rencontre”. Et pour nous aussi. Cette expérience est très marquante, et fera partie de nos bons souvenirs scouts.
Yona Laigle-Thelis

Rencontre de deux univers

Un moment émouvant et plein d’humanité, où deux personnes, avec des vies complètement opposées, discutent, tout simplement, sur le pavé et autour d’un chocolat chaud. Deux mots, trois sourires, et c’est tout notre quotidien que l’on voit différemment. Alors, pourquoi pas vous ?
Margaux Sanchez, 16 ans.

Une occasion pour moi de parler à ce galérien Albert que j’ai rencontré samedi. Je le croise quotidiennement depuis 2 ans. Depuis, je lui souris plus souvent lorsque je croise son regard.
Lucie Pouillat

Un geste simple

On a pu montrer aux gens qui passaient dans la rue qu’un simple geste peut faire plaisir à quelqu’un.
Clémence Moussodji, 15 ans.

Se confronter à la réalité

C’était, comme à chaque édition des lumières de la Paix, un moment de partage où on a beaucoup reçu et, ce, à toutes les échelles. D’abord en tant que caravelles et pionniers, où la rencontre avec ces galériens nous a permis d’ouvrir significativement le champ de nos actions. Ensuite, en tant que passant, où là, on ne pense pas forcément à s’arrêter en face de ces gens, et où on a très facilement tendance à faire (malheureusement) comme trop de monde : à ne pas donner, ne serait-ce qu’un regard, à ceux qui galèrent. Enfin, on a appris en tant que futur.e.s acteur.trice.s de ce monde, qui sera le nôtre dans peu de temps. Ça nous a permis de sortir de ce cocon qu’est notre ignorance (généralement volontaire), et de nous confronter à la triste réalité de la rue, de nous sensibiliser au fait qu’il faut trouver des solutions durables pour tous. En clair, il suffit de se lancer un peu dans l’inconnu pour accéder à des richesses qu’on n’aurait pas forcément soupçonné en restant les bras ballants. Alors, merci du fond du cœur à ces hommes et femmes, de nous avoir fait vivre cette belle expérience.
Agathe, 16 ans.

L’avertY est un média participatif sur l’agglomération grenobloise. Chaque mois, il permet aux citoyens de prendre la parole sous la forme d’une contribution citoyenne, comme celle-ci. Vous aussi, prenez la parole pour ré-inventer l’information locale !

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📣 « Je n’achète plus que des vélos d’occasion »

Suite à la demande de contributions citoyennes auprès de l’Association Développement Transports en Commun (ADTC)-“Se déplacer autrement” sur le thème mensuel “Les vols de vélos à Grenoble”, L’avertY a reçu le témoignage d’un de ses membres : Pierre Strobel. Il témoigne de son expérience personnelle.

Je me suis fait voler deux vélos en l’espace de quelques mois en 2016.

Premier vol : vélo de ville usagé (15 ans d’âge), pas vraiment attractif, posé devant une boulangerie. Je ne suis pas parano, je n’ai pas cru nécessaire de l’attacher pour le temps d’acheter une baguette de pain… et pourtant, une minute plus tard, il avait disparu. C’était dans la rue Jean Prévost à Grenoble : une rue calme, mais à 20 mètres d’un carrefour très fréquenté du Cours Jean Jaurès. J’ai commis l’erreur (?) d’acheter ensuite un beau vélo de ville blanc, neuf et soldé, chez un marchand de cycles.

A lieu le second vol : cette fois un beau vélo neuf, pourtant attaché à un arceau. Le cadenas était rigide, de milieu de gamme (je ne me souviens plus du modèle). Vélo laissé une nuit dehors dans la rue. Le lendemain, disparu. C’était dans le même quartier que pour le vol n°1 : à l’intersection rue Testud et Cours Jean Jaurès à Grenoble. Je suppose que le cadenas avait été pénible à scier mais présentait peut-être un point faible au niveau de la serrure – pour un voleur équipé d’outils ??

J’ai vaguement regardé s’il était proposé sur LeBonCoin, mais j’ai été découragé par le nombre de vélos proposés et l’absence de classement efficace pour la recherche. J’ai déposé plainte à la police pour dédommagement par mon assurance. Je ne me souviens plus si je l’avais fait graver.

Mes enseignements :

1) Cela ne me dissuade pas de faire du vélo, c’est d’une efficacité imbattable pour circuler en ville.
2) Je n’achète plus que des vélos d’occasion, cela me laisse moins de regrets en cas de vol.
3) J’utilise un cadenas en U rigide et lourd de la marque Abus.
4) J’ai un vélo gravé.

Je verrouille mon vélo à chaque arrêt, même le temps d’acheter un journal ou une baguette de pain. Il m’arrive de laisser mon vélo actuel (vélo de ville d’occasion) une nuit dehors, de préférence dans des avenues très passantes, avec le cadenas passant par un arceau et la roue avant. Aucun incident depuis deux ans.
Par le passé, j’ai souvent négligé le détail de la sécurisation de la roue avant, et je me suis fait voler à deux reprises une roue avant pendant un stationnement en soirée dans le centre de Grenoble.

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📣 « J’ai surement coûté plus de 10.000€ en soins »

Loïc Giaconne a publié sur Facebook son opinion sur le système de soin français, à partir de son cas personnel : une rupture des ligaments croisés. Pour chaque étape de sa convalescence, depuis le jour de l’accident, il a noté ou évalué les coûts de sa remise en forme. Il a accepté que L’avertY reprenne ses propos dans une publication destinée à un plus large public.

Illustration : les documents administratifs de Loïc.

Le prix d’un genou : 7 756,50€.

Même si la convalescence n’est pas encore terminée, j’ai désormais assez de recul pour pouvoir estimer le prix d’un genou, ou plutôt d’une rupture complète du ligament croisé antérieur avec opération et rééducation. J’en suis arrivé à un total approximatif de 7 756,50€.

C’est un montant minimum, car le calcul comprend uniquement tous les soins “normaux” nécessaires après une telle blessure (certaines données sont tirées de moyennes nationales ou des forfaits/tarifs des endroits où j’ai été, ce n’est pas le montant exact que j’ai payé, ou plutôt coûté, mais une approximation) :

– Le secours sur piste et le trajet en ambulance (1128€),
– Les deux hospitalisations (le jour de l’accident puis l’opération deux mois après, 1711,6€ – estimations),
– Les achats en pharmacie (382€),
– La kinésithérapie (1448€, un peu moins d’une centaine de séances – pas encore terminées – estimation basse pour le nombre de séances totales),
– IRM (253,9€),
– RDV avec le chirurgien et l’anesthésiste (210€),
– Radiologie (40€, estimation),
– Arrêt maladie (2 314€, estimation, je n’ai plus le détail des versements),
– Infirmières à domicile (189€, estimation),
– Test isocinétique (80€, estimation).

Sur ce total de 7 756,50€, la part prise en charge par l’Assurance Maladie représente 4 760,63€, celle de la mutuelle 1 313,87€. Le reste se divise entre l’employeur pour une partie de l’arrêt maladie, et l’assurance du Vieux Campeur qui a pris en charge le secours. Pour ma part, je n’ai rien eu à débourser moi-même, si ce n’est avancer certains frais.

Je crois que je n’ai rien oublié en ce qui concerne le genou directement, mais durant l’arrêt maladie, des complications m’ont renvoyé à l’hôpital trois fois (suspicion d’infection, puis de phlébite, puis une labyrinthite m’y a collé deux jours). On peut y rajouter les deux RDV avec l’ORL qui ont suivi la labyrinthite, et également les deux opérations des dents de sagesse de l’été. Autant dire que cette année, j’ai surement coûté plus de 10 000€ en soins…

Peut-être que si on agitait devant nos nez les factures de ce qu’on coûte (je ne sais pas combien a coûté exactement mon opération, ni mes hospitalisations – qui sont pourtant les plus gros postes de dépenses), on se plaindrait moins ensuite quand il faut passer à la caisse pour payer nos impôts. Pour ma part, je vous le dis, cette année je suis content de les payer…

D’ailleurs je vous remercie tous pour votre aide car je n’aurais pas fait tout ça sans vous et votre contribution à notre système de santé. Merci.

Loïc Giaconne

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