📣 « Si l’enfer c’est l’époque vous n’êtes que Pluton et non Jupiter »

Suite au décès d’un premier médecin dans la lutte contre le Covid-19, Xavier Guicherd-Delannaz, grenoblois de cœur, a publié une lettre ouverte au Président de la République sur son compte Facebook. L’avertY la republie, avec son accord, sous forme de contribution citoyenne. Cette lettre permet aussi de revenir sur le déroulement des événements récents.

La honte

Lettre à M. Emmanuel Macron
Président de la République

Monsieur le Président,

Me permettez-vous, avec ma profonde gratitude, de vous exprimer l’angoisse d’un peuple dépourvu ? Si je ne cherche pas à assombrir le ciel du mont Olympe où siègent dieux et déesses de votre gouvernement, je vous annonce au demeurant que : “Vous êtes menacé de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches”, pour reprendre les propos de Zola envers le président Félix Faure.

Vous êtes sorti sain et sauf de multiples crises qui ravagent notre pays depuis votre mandature, devons -nous revenir ici sur les gilets jaunes, ou les manifestations contre la privatisation des aéroports de Paris, la réforme des retraites, les avocats et magistrats, les cheminots, les personnels soignants qui ont chacun dénoncé la casse des services publics ? Dans ces rues les chiens de gardes de votre régime ont réprimés, gazés, éborgnés, maltraités ceux que vous méprisez, ces “gens qui ne sont rien”, ces illettrés, ces derniers de cordés. Vous avez annoncé à la population qu’il n’existait pas d’argent magique, que cette ressource devait venir du fruit de notre travail et du labeur de l’Homme… Mais quand il s’agissait de sauver Notre-Dame vous avez su parler aux cœurs des riches et des puissants. Riches et puissants qui par de multiples avantages et cadeaux n’ont fait qu’accentuer les inégalités dans notre pays…

Lundi, Monsieur le Président, vous avez revêtu la tenue de chef de guerre, afin de nous enjoindre à lutter solidairement pour faire front face à une menace invisible nommée covid19.

Malheureusement, notre nation vit une crise sanitaire sans précédent.

Remontons si vous me le permettez, à l’origine même de ce mal, qui se situe dans la province de Wuhan, en Chine et qui proviendrait probablement d’un animal braconné pour ses écailles et sa viande. C’est entre le mois de novembre et de décembre 2019 qu’apparaissent les premiers cas d’un syndrome respiratoire qui, en l’espace de quatre mois, deviendra la maladie de notre siècle. Vous et votre gouvernement n’avez pas su voir la gravité de cette pandémie, vous avez en votre âme et conscience mené une politique de destruction massive, en fermant près de 5000 lits ces trois dernières années, ce qui a conduit à l’ignoble crise actuelle. J’ose espérer en ces heures sombres que l’histoire reconnaîtra votre incompétence et vous rendra coupable du crime social qui y a pu être commis.

Si la France reste un pays où la liberté d’expression demeure pleine et entière, il est du devoir de chacun de parler et de ne pas se terrer dans le mutisme, devenant ainsi complice de cette odieuse politique. Mes nuits s’ouvrent sur d’horribles cauchemars où des victimes souffrent sur des lits de fortunes d’un mal qui les asphyxient à petit feu. Hélas au réveil, ce qui me hante ne devient qu’une triste réalité…

Et c’est à vous, Monsieur le Président, que je la dois, cette guerre, dans laquelle vous avez engagé les Français, et qui ne peut pas durer car ce n’en est pas une. Et je suis convaincu que vous l’ignorez. Il y a cependant des faits qui ne peuvent pas être mis à l’écart et qui révèlent le cynisme et le mépris qui règnent en maître dans les plus hautes instances de l’État.

La vérité nous l’exigeons ! Cette crise qui, il y a quelques semaines n’était considérée que comme une simple grippe, est le triste résultat de plus de dix ans de destruction d’un système social érigé par Ambroise Croizat et bien d’autres dans des temps où la France ruinée par la Seconde Guerre mondiale devait se reconstruire…

J’ose croire que par les appels de la rue vous étiez informé de la détresse des soignants, des ouvriers, des salariés qui depuis des mois vous hurlent leurs détresses et ne reçoivent que matraques, lacrymogènes, et nassages.

Mais que dire de votre gestion en ces heures sombres de lutte contre l’invisible ?

Le 7 mars, vous incitez la population, pour l’unité de la nation, à poursuivre leurs loisirs en sortant au théâtre, au bar ou dans les lieux communs, comme si nous devions montrer au virus que les Français résistent, alors que silencieusement, le premier cas français mourrait le 26 février de cette triste pandémie…

Le 12 mars, soit cinq jours après, vous demandiez à chacun d’entre nous de rester auprès de nos proches. Cependant, la vie démocratique de la nation devait se tenir et votre appel du 14 mars à participer à une élection marquera le développement de cette peste noire.

Puis le 16 mars le couperet tombe, c’est le confinement sans confinement.

Jamais vous n’avez osé prononcer ce mot, vous lui avez préféré celui de guerre, pour revêtir votre tenue de Maréchal. Vous avez décidé d’envoyer vos larbins faire la sale besogne.

Mais comment réagir à votre annonce de reprise d’activité le 19 mars, l’économie ne peut s’arrêter, les Français doivent retourner au travail. Dois- je en conclure que cette peste s’arrête à la porte de l’entreprise ?

Si l’incompétence semble régner dans votre gouvernement, que dire d’Agnès Buzyn qui placardait des affichettes pour freiner la propagation du virus dans tous les aéroports internationaux le 23 janvier et qui affirmait que : “Le risque d’importation depuis Wuhan est quasi nul. Le risque de propagation du Coronavirus dans la population est très faible”. Comment avoir pris le risque, en connaissance de cause, d’envoyer votre ministre de la santé à la tête de votre rassemblement, pour la mascarade d’élections. Élections que vous avez maintenues alors qu’il était déjà trop tard pour endiguer la crise qui se propageait sur notre territoire. Quelle stupeur à la lecture des déclarations fracassantes au lendemain de votre allocution présidentielle.

Que dire encore des préconisations de Muriel Pénicaud, sur la fin des congés payés, et des 35 heures, que dire des interventions de votre porte-parole Sibeth Ndiaye sur son incapacité à connaître les gestes techniques du port d’un masque. Que dire enfin de votre Ministre de l’intérieur qui préconise une pratique du yoga sur la plage et qui les ferme le lendemain même ?

Monsieur le Président, un chef de guerre doit prendre des décisions fermes et est tenu de présider le conseil de guerre, sans laisser le soin à ses généraux de préparer les plans de bataille. Et pour finir que retiendra t-on de votre guerre si ce n’est que vos soldats se sentent seuls au front, sans armes ni commandement ? Comment osez-vous demander au personnel soignant de fabriquer leurs propres masques alors qu’il y a peu, vous sacrifiiez l’hôpital public ?

Votre gouvernement tue. Le front n’est pas tenu que par nos soignants, c’est aussi les cheminots et routiers qui acheminent les denrées aux personnels des magasins de consommation qui sont eux aussi en première ligne sans gants ni masques de protection. Ces gens qui ne sont rien selon vous, meurent. Ces hommes et ces femmes précaires, aux faibles revenus, ces personnes ubérisées, sont soumises aux projectiles quotidiens de cette peste, alors que tranquillement les cadres d’Amazon, Deliveroo, Carrefour, Leclerc sont en télétravail…

Monsieur le Président, dans ma belle ville de Grenoble j’ai lu sur un programme : “l’enfer c’est l’époque”. Si l’enfer c’est l’époque vous n’êtes que Pluton et non Jupiter…

Je ne conclurai pas par un “J’accuse !” car ces mots d’un autre temps appartiennent à un homme d’une telle grandeur d’âme qu’il me faudrait des années de besogne pour me hisser à ses côtés.

Et puis cette lettre est déjà bien trop longue pour un monde qui ne vit qu’avec 280 caractères…

Monsieur le Président, j’ai honte de voir notre pays dans des heures sombres revenir à la délation et aux menaces d’un État policier !

J’ai honte de voir riches et puissants nous demander des efforts de guerre en anéantissant nos acquis sociaux,

J’ai honte de voir les oubliés des rues crever dans l’indifférence d’un confinement,

J’ai honte de voir 750 milliards d’euros d’aides aux entreprises mais si peu redistribuées à l’hôpital, la santé et à la recherche,

J’ai honte de voir que c’est une majorité de femmes qui sont livrées comme chair à canon pour soutenir nos concitoyens,

Enfin, j’ai honte de voir votre gouvernement chaque jour marteler qu’il faut sauver notre économie car vos profits valent plus que nos vies !

Pour finir je reprendrais à Zola ces quelques mots :

“Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme.

J’attends.”

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mes sincères salutations, car pour le respect, il faut savoir le mériter.

Xavier Guicherd-Delannaz

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📣 « Chaque programme est évalué selon cinq critères»

[Municipales 2020 : exprimez-vous par contribution citoyenne !]

Camille Morio, à la fois grenobloise et maîtresse de conférences en droit public à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, a contacté L’avertY pour faire connaître le “Participomètre” à l’occasion des élections municipales 2020. Un dispositif destiné aux citoyen·ne·s qu’elle vous présente avec ses mots, via une contribution, dans l’esprit participatif du média.

Logo du participomètre, fourni par Camille Morio.

À quelle sauce les citoyen·nes vont-ils être mangés dans les six prochaines années ?

Le Participomètre, vous connaissez ? Vous en avez peut-être déjà vu le logo sur des analyses de programmes de L’avertY…

Il s’agit d’un projet initié par des citoyens engagés dans la cause participative à Grenoble et dans le bassin grenoblois. Prenant appui sur leur propre expérience et leurs propres réflexions [lien commercial], ils avaient dressé un constat assez négatif sur la pratique de la démocratie participative. Ne voulant pas sombrer dans une forme de désespoir, ils ont souhaité profiter de la campagne des élections municipales 2020 pour mettre le sujet à l’agenda. Un binôme de chercheurs dont je fais partie s’est attelé à la tâche, et nous avons fini par construire une grille d’évaluation des programmes des candidat·es en matière de participation (dans son sens le plus large) des habitants… Testée avec les citoyens et même des candidat·es qui se sont prêté·es au jeu, cette grille prend désormais la forme d’un site internet : https://irtd.fr/project/participometre/

Chaque programme électoral est évalué selon cinq critères : l’inclusion, la capacité à formuler une prise de position collective, les chances de déboucher sur une décision, les domaines sur lesquels les habitants peuvent participer et la possibilité pour les habitants de prendre des initiatives. À la fin, un score est attribué. Cette grille d’évaluation jauge aussi la mesure dans laquelle ce que les candidat·es proposent est conforme au droit applicable en matière de participation.

La finalité est double : scientifique, car la grille s’appuie sur des travaux de science politique dont il s’agit de tester le caractère « opérationnel », et démocratique, car il s’agit de mettre le sujet de l’association des habitant·es à la prise de décision sur le devant de la scène, de pousser les candidat·es à expliciter et préciser leurs propositions, et de mettre les électeurs encore plus en situation de choisir en connaissance de cause !

Chacun·e peut consulter la grille, envoyer un programme, et même évaluer un programme, pour n’importe quelle commune. Tous les résultats sont rendus publics. Alors, n’hésitez pas à contribuer au projet… En échange, nous vous concoctons une conférence publique de présentation des résultats de la ville de Grenoble : elle a lieu vendredi 13 mars de 18h à 20h, dans l’amphi F de Sciences Po Grenoble, c’est gratuit et ouvert à tou·te·s.

Camille Morio, habitante de Grenoble et maîtresse de conférences en droit public à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye.

Les premières évaluations de programmes sont accessibles ici.
Le travail de L’avertY sur les élections municipales, c’est par ici.

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📣 « C’est un véritable manque de respect des militants de base »

[Municipales 2020 : exprimez-vous par contribution citoyenne !]

Bernard est abonné à L’avertY. Il a partagé sa déception via les réseaux sociaux vis-à-vis de la décision politique de soutien de son parti Génération.s à la liste communiste de Saint-Martin-d’Hères pour les élections municipales. Comme un air de déjà vu par rapport aux élections de 2014.

Adhérent de Génération.s, je suis engagé à Solid’hères

Depuis sa création en Isère, je suis membre du mouvement Génération.s [ndlr : se prononce “génération S”], conduit durant un temps par Benoît Hamon. J’ai participé aux réunions du comité Grenoble Métropole.

J’ai toujours été de sensibilité politique écolo-sociale. Avec ma famille, nous habitons Saint-Martin-d’Hères depuis plus de 25 ans. Dans cette ville, sous gestion communiste depuis très longtemps, j’ai tout de suite rejoint “La gauche autrement”. J’ai participé aux différentes élections municipales, plus ou moins activement en raison de mes responsabilités de père de famille et mon travail de juriste rural.

Génération.s nous a incité à nous engager pour les élections municipales. En accord avec les autres adhérents de la commune, nous avons décidé de participer à la démarche devenu “Le collectif Solid’hères” car nous pensons qu’il porte les valeurs de notre mouvement. Ce n’est pas du tout le cas pour ce qui est du PCF et de Monsieur Queiros.

Nous avons été choqué d’apprendre que les responsables nationaux de Génération.s ont décidé de soutenir la liste communiste sans qu’aucun dialogue n’ait eu lieu. La couleur du parti ne reflète pas toujours les valeurs pratiquées.

Je ne démissionnerai pas de Génération.s et je participe avec convictions à ce projet municipal du collectif Solid’hères. Celui-ci est sans étiquettes et porte des valeurs citoyennes, écologistes et sociales.

Je ne comprends pas que les responsables départementaux de Génération.s aient choisi de publier leur soutien à Monsieur Queiros, contre l’avis des adhérents de la commune. C’est un véritable manque de respect des militants de base. Générations.s disait vouloir faire de la politique autrement. On en est loin et certains cadres préfèrent les arrangements d’appareils à l’engagement des militants.

J’invite tous les martinérois à soutenir le collectif Solid’hères.

Bernard Navet, citoyen martinérois.

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