La démocratie selon Éric Piolle

Illustration marches de l'hôtel de ville à Grenoble

Sujet élu le 6 janvier avec 34% des votes, à égalité | rejoindre les 81 abonné·e·s

Depuis l’élection d’Éric Piolle en 2014, la Ville de Grenoble a mis en place de nombreux dispositifs de participation citoyenne : la votation d’initiative citoyenne, les chantiers ouverts au public, le budget participatif, les conseils citoyens indépendants… Mais concrètement, comment s’articule le dialogue entre la municipalité et les habitant·e·s, et avec l’opposition ?

Depuis 2017, la Ville de Grenoble est régulièrement récompensée pour les dispositifs de participation citoyenne qu’elle a mis en place. En 2021, pour la cinquième fois, elle a remporté un trophée décerné par la Gazette des communes (journal dédié à l’actualité des communes, départements et régions) et le think thank Décider ensemble, et a reçu la mention spéciale du jury pour la Convention citoyenne Covid

Cependant, en 2017, le collectif “Touchez pas à nos bibliothèques” a demandé au jury d’annuler la distinction car la Ville avait refusé de présenter leur pétition contre la fermeture des bibliothèques à la votation citoyenne. Autre coup dur, le Tribunal administratif de Grenoble a annulé le dispositif d’interpellation et de votation citoyenne le 24 mai 2018.

En prenant pour exemple le budget participatif, on se rend compte qu’à Grenoble, si le nombre de participants augmente, il reste inférieur à des villes comme Rennes ou Angers, comparables à Grenoble en terme de taille. Rennes a lancé son budget participatif en 2016 et Angers en 2018. Dans le détail, les conditions des budgets participatifs diffèrent. À Grenoble les habitant·e·s doivent avoir plus de 16 ans, à Angers 11 ans et à Rennes, il n’y a pas de condition d’âge ou de nationalité. Concernant le budget alloué par an, il est de 800 000 euros à Grenoble, 1 million à Angers et 3,5 millions à Rennes.

Annabelle Bretton, adjointe déléguée à l’Éducation populaire, jeunesse et démocratie ouverte, dresse le bilan de ces outils de participation citoyenne : “Nous essayons d’adapter au mieux tous ces dispositifs. Il faut être en capacité de se réinventer si cela ne fonctionne pas. Nous n’avons jamais arrêté un dispositif. Par exemple, la loi impose la mise en place des Conseils Citoyens Indépendants (CCI) [ndlr : dans les quartiers prioritaires]. C’est le dispositif qu’on a le plus évalué via le Comité de suivi et d’évaluation géré par les citoyens et qui a le plus évolué.” Elle précise : “La charte des CCI a été réécrite en 2018 avec les habitant·e·s pour modifier la façon dont on intègre un CCI et pour ainsi l’ouvrir à plus de gens. En dehors des élus, seuls les CCI ont le droit de formuler une question orale au maire de Grenoble, en début de conseil municipal. J’ai d’ailleurs été tiré au sort en 2015 pour intégrer un CCI, donc je suis la preuve que la participation citoyenne fonctionne, j’en suis moi-même issue”, se rappelle-t-elle.

Rupture de dialogue avec l’association Alliance Citoyenne

Les citoyen·ne·s choisissent parfois d’autres moyens pour s’exprimer. Le cas de l’Alliance Citoyenne est emblématique et illustre une rupture de dialogue avec la municipalité. Cette association qui existe depuis 2012 est composée de trois syndicats principaux : le syndicat des locataires de Grenoble Habitat, celui des handi-citoyen·ne·s et celui des femmes musulmanes. Elle prône l’action directe non violente. Ces trois syndicats ont tous à leur manière été en conflit avec la municipalité. 

Audrey a emménagé il y a cinq ans dans un logement du bailleur Grenoble Habitat. Ce dernier est détenu à 51% par la ville et les 49% restants appartiennent à des investisseurs privés et institutionnels. Rapidement, elle constate de gros dysfonctionnements (pannes électriques, inondations, etc) mais on ne lui répond pas lorsqu’elle contacte Grenoble Habitat. Elle rejoint l’Alliance Citoyenne et devient membre du syndicat des locataires. L’Alliance Citoyenne multiplie les actions pour se faire entendre, en vain. En mai 2018, l’association lance une pétition, signée par 507 locataires pour réclamer une résolution des problèmes rencontrés par les locataires de Grenoble Habitat. Le bailleur social les soupçonne d’avoir volé leur fichier de locataires et porte plainte contre X pour “vol de fichiers” en juin 2018. Selon l’Alliance Citoyenne, “Ils ont pu prendre cette décision car les élu·e·s l’ont permis. En effet, le Conseil d’administration de Grenoble Habitat est composé d’élu·e·s de la ville qui y sont majoritaires. Ce qui veut dire que la décision a d’abord été validée par le conseil et donc par les élu·e·s.”

En décembre 2020, la situation s’envenime à la suite d’une action au siège de Grenoble Habitat, la présidente du bailleur, Barbara Schuman, porte plainte pour “violence en réunion”. Audrey explique : “Elle a déclaré que nous avions frappé des salariées femmes lors de cette intervention. Heureusement nous avions des vidéos et la police a classé le dossier sans suite.” Depuis, les élus ont envoyé un courrier à l’Alliance Citoyenne pour signifier qu’il n’y aurait plus aucun échange. “La municipalité exige qu’on ne fasse plus d’actions pour dialoguer. Sauf que c’est notre mode de fonctionnement. Ces actions sont mises en place car justement le dialogue est inexistant”, renchérit Fatiha, également membre du syndicat des locataires.

Éric Piolle le 7 février au conseil municipal de Grenoble (temporairement dans les locaux de la Métro).

Autre cas emblématique, celui du syndicat des femmes musulmanes. “Nous avions commencé à nous organiser puis nous avons rejoint l’Alliance Citoyenne. Au départ, nous voulions juste pouvoir porter les tenues de notre choix. Via un questionnaire rempli par de nombreuses femmes et filles, il apparaissait qu’elles voulaient avoir la liberté de se couvrir davantage, par respect pour leur religion ou simplement parce qu’elles sont complexées par leur corps. Sauf que le règlement l’interdit”, raconte Taous, membre du syndicat des femmes musulmanes.

En septembre 2018, elles rencontrent plusieurs élu·e·s, notamment Sadok Bouzaïene (ancien adjoint aux Sports), Emmanuel Carroz (ancien adjoint à l’égalité des droits) et Émilie Oddos, (ancienne cheffe du cabinet d’Éric Piolle). “On nous a jeté des fleurs en nous disant que c’était super que des personnes concernées s’emparent de ces sujets. On a crié victoire tout de suite. Ils nous ont promis un retour d’ici la fin de l’année”, se rappelle Taous. L’association déchante vite, la municipalité ne donne plus aucune nouvelle. L’Alliance décide de passer à l’action au mois de juin 2019. Plusieurs femmes se sont baignées avec un maillot de bain couvrant, malgré l’interdiction.

Pour moi, il n’y a pas de démocratie. En 2022, les femmes ne peuvent pas porter le maillot de bain de leur choix. Le maire refuse de nous recevoir, alors que nous sommes des citoyennes. Il bafoue nos droits.

Taous, membre du syndicat des femmes musulmanes.

Peu de temps après leur action, le maire de Grenoble avait en effet déclaré : “Je me refuse d’entrer dans un dialogue avec des revendications communautaristes.” Il avait tout de même demandé une clarification au Premier ministre Jean Castex en lui adressant une lettre le 18 juin 2021. Il a également pris position dans un tweet le 17 février dernier en faveur des Hijabeuses.

Interrogée sur l’Alliance Citoyenne, Annabelle Bretton répond : “Je ne peux pas prendre partie car ce sujet est devenu très politique. Ce que je peux dire, c’est que la méthode de l’Alliance Citoyenne, qui est l’action directe, fait peur aux agent·e·s et aux élu·e·s. Moi je pars du principe que cela reste des citoyen·ne·s qui s’expriment, quelle que soit leur façon de le faire.” Elle ajoute : “Lorsqu’il y a eu l’intrusion dans les piscines, c’est moi qui ai répondu à la presse. Les journalistes voulaient absolument m’entendre dire que je condamnais leur action. Je leur ai répondu que je ne condamnais pas des citoyens qui s’expriment, sauf lorsqu’il y a de la violence bien sûr.”

Depuis, l’Alliance Citoyenne s’est saisie du dispositif d’interpellation citoyenne de la Ville de Grenoble et a lancé “une pétition pour demander l’accès aux piscines pour toustes” en octobre 2021. Le syndicat des femmes musulmanes a récolté environ 200 signatures. 

En effet, le 14 juin 2021, le conseil municipal a voté la mise en place de trois nouveaux dispositifs de participation citoyenne : la médiation d’initiative citoyenne, l’atelier d’initiative citoyenne et une version modifiée du dispositif d’interpellation et de votation citoyennes. Pour les activer, un même mode opératoire : les citoyen·ne·s devront recueillir un nombre suffisant de signatures. Il en faudra 50 en un mois, pour obtenir une médiation d’initiative citoyenne ; 1000 en trois mois pour la mise en place d’un atelier d’initiative citoyenne ; et 8000 soutiens soit 5% de la population, à rassembler en douze mois, pour activer le dispositif d’interpellation et de votation citoyenne. Un seuil nettement plus haut que dans l’ancien dispositif, où 2000 signatures suffisaient. Pour remporter la votation, les pétitionnaires devront être majoritaires et que le vote obtienne au moins 16 000 voix – soit l’équivalent de 10% de la population grenobloise –, au lieu des 20 000 auparavant.

Enfin, une ultime médiation a été menée mercredi 19 janvier 2022 entre la mairie et les membres de l’Alliance Citoyenne. La municipalité a répondu “non”, arguant que la question devait être débattue en conseil municipal. L’élue à l’Égalité des droits Chloé Le Bret, impliquée dans la médiation, a démissionné. Elle explique :

Nous avons travaillé sur le sujet pendant trois mois. Nous avions réussi à reconstruire une relation de confiance avec l’Alliance Citoyenne. J’avais demandé au co-président du groupe Grenoble en commun d’organiser un débat pour trancher, quelques semaines avant la fin de la médiation. On m’a refusé ce débat. C’est une question de droit des femmes, qui concerne le corps des femmes. Et la municipalité en a fait une question confessionnelle et a toujours refusé d’en discuter avec les membres du syndicat des femmes musulmanes. Ce sujet n’a jamais été débattu au sein de la majorité.

Chloé Le Bret, ancienne élue à l’Égalité des droits.

Autre élément déclencheur, la cheffe de cabinet d’Éric Piolle, Lydia Cherifi est venue assister à la dernière médiation : “C’est aussi la goutte d’eau qui m’a fait démissionner. Elle a eu le droit de venir sur décision du maire, sans que les élu·e·s en charge soit au courant. Nous avons pris cela pour de la défiance envers nous, qui gérons le dossier.” Elle rajoute :  “L’Alliance Citoyenne était très étonnée de la voir ici et lui a donc demandé, à juste titre, la raison de sa présence. Elle leur a répondu que c’est parce que le maire s’intéressait à la question. Cela a donc fait rire les membres du syndicat des femmes musulmanes qui attendent un rendez-vous avec le maire depuis quatre ans. La réunion s’est donc très mal passée à cause de sa présence.”

Le groupe de la majorité Grenoble en commun a réagi à sa démission par voie de communiqué, vendredi 21 janvier 2022, annonçant prendre acte de ce départ : “Ce choix lui appartient et doit être respecté. Nous sommes confiants dans sa volonté et sa capacité à porter, dans le champ militant et associatif qui lui conviendra le mieux, son combat pour l’émancipation et les droits humains.” Le groupe a indiqué qu’il “poursuivra son travail” et qu’il veillera à ce que les débats se tiennent “en retrait du tumulte médiatique”. 

Conseil municipal du 7 février 2022 dans les locaux de la Métro.
Annabelle Bretton est la troisième élue à gauche au premier rang.

Malgré tout, Annabelle Bretton, adjointe à la démocratie ouverte considère que le dispositif de la médiation fonctionne : “Nous avons douze demandes de médiation en cours dont deux avec l’Alliance Citoyenne. Cette médiation ne s’est pas mal passée dans la mesure où pendant trois mois, il y a eu de nombreux échanges entre les élus et l’association. En tant qu’adjointe, je suis garante du délai de trois mois à respecter pour répondre aux administrés. Ici la réponse est négative.” Elle met également en avant le rôle d’Éric Piolle dans le processus : “On me laisse faire. C’est le maire qui m’a dit de mettre en place les dispositifs d’interpellation au plus vite, notamment le seuil de 50 signatures. Il savait très bien que le dialogue pourrait ainsi reprendre avec l’Alliance Citoyenne.”

Plus récemment au sein de l’Alliance, le syndicat des handi-citoyens a lui aussi du mal à s’entendre avec la municipalité. “À titre personnel, j’ai été victime de panne d’ascenseur dans ma résidence. Lorsque je contactais Grenoble Habitat, je mettais les élus en copie (voir capture d’écran ci-dessous) et pas de réponse, sauf quand l’Alliance Citoyenne menaçait de faire une action”, raconte Marion, membre des handi-citoyens et locataire de Grenoble Habitat. “Cela a une incidence directe puisque le syndicat des handi-citoyens ne siège pas à la Commission communale d’accessibilité, car Luis Beltran-Lopez refuse de recevoir les membres de l’Alliance”, dénonce Elies, salarié de l’association. Luis Beltran-Lopez, conseiller municipal délégué Handicap et accessibilité, reconnaît quant à lui qu’il y a eu des tensions avec l’Alliance mais il indique qu’il n’a pas de problème avec ses membres :

C’était difficile pour nous en tant qu’élus de les recevoir car ils avaient des méthodes plutôt dynamiques et révolutionnaires pendant une période. Mais je continue à les rencontrer à plein d’événements, notamment pendant le mois de l’accessibilité. Concernant la Commission, je n’ai eu qu’une seule demande de leur part en tout début de mandat pour la rejoindre. Et ils ne sont pas revenus vers moi par la suite.”

Luis Beltran-Lopez, conseiller municipal délégué Handicap et accessibilité.

Capture d’écran d’un mail envoyé par Marion le 4 octobre 2021 à Grenoble Habitat et à plusieurs élu·e·s.

D’autres associations sont très critiques vis-à-vis de la municipalité. C’est le cas du Dal 38 (Droit Au Logement) : “La mairie de Grenoble n’est absolument pas à la hauteur de la crise du logement cher, et nous comptons sur le rapport de force pour faire infléchir sa politique. Les rares avancées obtenues l’ont été suite à des actions (occupation de GEG pour obtenir le rétablissement de l’électricité dans le squat du 6 rue Jay par exemple).” Le Dal 38 condamne la politique du logement de la Ville :  “Elle va dans le sens de la disparition de logements sociaux, de la baisse du budget du CCAS concernant l’hébergement, de non-respect des droits des habitant·e·s des bidonvilles et squats, de poursuite des expulsions et des coupures, de vente du patrimoine municipal, du manque d’efforts sur la production de HLM bon marché.” 

Entre 2016 et 2018, la Ville de Grenoble a expérimenté le dispositif de la votation d’initiative citoyenne. Cela permettait la tenue d’un débat en Conseil municipal si une pétition de 2 000 signatures était obtenue. Ensuite, soit le conseil entérinait la décision, soit il la soumettait au vote des habitant·e·s. À défaut de 2000 votes favorables, le projet était enterré. En deux ans, seules trois pétitions ont été signées par plus de 2 000 personnes, et une seule a été portée devant le conseil municipal. Il s’agissait d’abroger les nouveaux tarifs de stationnements. Le “oui” l’a emporté avec 66% des voix, soit 4 515 voix sur 6 618 votants, loin des 20 000 voix requises par le dispositif. 

Le Dal 38 est intervenu deux fois au conseil municipal lors du premier mandat d’Éric Piolle, notamment avec la pétition qui a obtenu 2000 signatures contre la démolition du 20 galerie de l’arlequin. Là aussi, le mécontentement est manifeste : “Il est vite apparu qu’il s’agissait d’un simulacre démocratique et d’un débat tronqué, qui n’a donné aucune suite concrète à part le sentiment renforcé d’un mépris envers les habitants des quartiers populaires, et d’avoir perdu du temps à récolter deux mille signatures.  C’est pourquoi sous le second mandat, nous n’avons jamais exigé d’être reçus, ni invités.”

D’autres syndicats comme Sud Collectivités Territoriales et Solidaires 38 font également un bilan peu élogieux de la municipalité. Delphine* est membre du de Solidaires Isère et fait également partie de Sud Collectivités Territoriales, elle analyse : “Lors du premier mandat d’Éric Piolle, il n’avait pas de politique sociale. Cela a mis en difficulté beaucoup de militant·e·s. Certains élu·e·s faisaient partie de ces collectifs. Le réseau militant a mis du temps à se reconstruire car il y avait un sentiment très fort que cette mairie utilisait ces luttes pour faire de la communication. Sous le second mandat, il n’y a pas non plus eu d’avancées sociales.

Solidaires 38 dialogue peu avec la mairie car le syndicat n’en a pas vraiment besoin, sauf pour des négociations par rapport à ses locaux. En revanche, Sud Collectivités Territoriales est davantage présent dans les luttes puisqu’il est au service des agent·e·s des collectivités. Il a récemment pris part au mouvement des bibliothécaires qui dans un premier temps, portait sur la fermeture de plusieurs bibliothèques, puis dans un deuxième temps, protestait contre la vérification du pass sanitaire dans les bibliothèques. “Là il y a eu une absence de dialogue social. Toute l’intersyndicale, même la CFDT est partie car l’élu délégué du personnel, Pierre Mériaux, était odieux. La seule chose qu’elles ont obtenue c’est que le pass sanitaire des moins de 18 ans ne soit pas contrôlé et la mairie a fait installer des bornes pour que les gens scannent eux-mêmes leur pass”, commente Delphine. 

Pour d’autres, les relations avec la municipalité se sont améliorées. Thibaut Dehut, un des quatre co-président de l’Union de quartier Notre-Dame depuis septembre 2021 et membre du Cluq (Comité de Liaison des Unions de Quartier de Grenoble) dresse le bilan : “Les relations avec la municipalité étaient bloquées lors de l’ex-présidence de Gérard Hudault. Il y avait des tensions récurrentes donc très peu de dialogue. Depuis le dialogue a repris, même si ce n’est pas 100% parfait. Lorsque nous contactons la mairie, on nous répond. Nous échangeons régulièrement avec les services, notamment lors de l’installation d’une nouvelle terrasse dans notre secteur”. Sur cette question, l’Union de quartier a donné son avis, puis téléphoné aux services concernés. Elle a ensuite adressé un courrier au maire. “Par exemple, lorsque la mairie a annoncé la piétonisation de la place Notre-Dame, les habitants n’avaient pas été consultés. L’Union de quartier Notre-Dame ne s’est donc pas prononcée. Nous avons ensuite organisé un temps d’échange avec les commerces puis nous avons pris rendez-vous avec la mairie où nous avons été reçus par Maxence Alloto (adjoint chargé des commerces), Gilles Namur (chargé des espaces publics) et Alan Confesson (maire adjoint du Secteur 2). Nous avons donc de bons rapports. Mais ce n’est pas le cas de toutes les unions de quartiers, certaines sont très opposées à la municipalité et du coup cela ne se passe pas bien.

“Éric Piolle n’intègre pas l’opposition”

Lors du conseil municipal du 7 février 2022, les tensions étaient palpables entre les élu·e·s de l’opposition et la majorité. Émilie Chalas, députée de l’Isère et conseillère municipale membre du groupe Nouveau regard, est l’une des figures de cette opposition. “J’ai travaillé pendant 13 ans à la mairie de Moirans, et je voyais bien comment se passaient les conseils municipaux. À Grenoble, c’est différent. Éric Piolle ne répond jamais aux questions. En deux ans, nous n’avons eu aucun échange constructif et la majorité n’a voté aucun dispositif de l’opposition”, condamne Émilie Chalas. Pour elle, Éric Piolle n’intègre pas l’opposition :

Dans sa vision politique, si on n’est pas d’accord avec lui, on est un ennemi. Pourtant, nous sommes légitimes à porter une parole car nous représentons une partie des Grenoblois·es. Nous avons autant de légitimité que la majorité à nous exprimer, c’est juste qu’ils sont plus nombreux. Mais ça, ils l’ont oublié. Éric Piolle continue à être le maire de son électorat.”

Émilie Chalas, députée de l’Isère et conseillère municipale de l’opposition.

L’opposition est en train de préparer une délibération pour réclamer que l’ordre du jour ainsi que les contenus et annexes leur soient transmis cinq jours avant le conseil municipal pour pouvoir travailler. Concernant la démocratie participative grenobloise, Émilie Chalas ne mâche pas ses mots : “Éric Piolle ne crée pas de débat, il interroge des gens qui sont d’accord avec lui, ce n’est pas ça la participation citoyenne.”

De gauche à droite, Émilie Chalas et Delphine Bense du groupe Nouveau regard, Anne Chatelain-Roche (non inscrite), lors du conseil municipal du 7 février 2022.

La politique culturelle d’Éric Piolle ne fait pas non plus l’unanimité. Elle est critiquée par les milieux culturels grenoblois. France Culture a enquêté sur “La révolution culturelle de l’écologie politique à Grenoble”, ainsi que le Monde Diplomatique dans son numéro de décembre 2021, avec un dossier consacré aux “écologistes à l’épreuve du pouvoir”

Contacté, via son service presse à maintes reprises, Éric Piolle n’a manifestement pas souhaité nous accorder d’interview.

Reportage réalisé par Lola Manecy
Illustration Alice Quistrebert
Graphique Ludovic Chataing

*le prénom a été modifié

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3 réflexions sur « La démocratie selon Éric Piolle »

  1. Ancien élu à l’éducation du précédent mandat, j’ai eu l’occasion de participer à de nombreuses réunion publiques notamment sur les constructions pour le plan école, mais aussi l’organisation de la semaine scolaire ou encore les périscolaire. Je n’ai jamais ressenti ces tensions. Mon avis, c’est que l’opposition et les médias se concentrent sur ce qui peut bloquer et généralisent alors que de nombreuses réunions, concertations, chantiers ouverts au public se passent bien. Je faisais partie du Comité Technique Paritaire et cela se passait aussi très bien 98% du temps. Il y a eu une ou deux fois des tensions, alors que l’on se réunissait une fois par mois pendant 6 ans soit près de 70 fois !
    Pour avoir une vision globale, il faut s’intéresser à tout le champ du dialogue citoyen, et pas seulement ceux qui sont mis en avant par des activistes qui poussent leur cause ou des oppositions qui cherchent à exister.

  2. “Absence de dialogue social” pendant la crise sanitaire et concernant les vérifications de pass’sanitaire par le personnel municipal : c’est un peu fort : j’ai entendu rapporter qu’il y avait eu pas mal de discussions et il y avait urgence à agir. On sait très bien les problèmes de vax et antivax, les pass et antipass et les bornes installées ont fini par résoudre ce problème local. Perso j’ai profité de l’ouverture de la bib d’étude ( bd Liautey) car j’avais besoin de trouver des lieux ouverts d’accès à la presse et à la culture surtout après ce long confinement respecté ou pas par les habitants pour tenter d’enrayer l’épidémie. Exercice difficile de pouvoir mettre tout le monde d’accord vu le contexte, et là on n’a qu’une partie ( opposante) qui s’exprime, donc…
    Au CM je lis dans votre article qui relaye les propos une élue d’opposition que “le maire ne répond pas aux questions de l’opposition” : il faudrait les lister et ses réponses et ce avec des CM commençant à 15h et se terminant vers 22h45!et des délibérations votées à l’unanimité qui plus est! et avec excusez moi une tactique bien rodée de l’opposition (” normal” paraît-il dans ce lieu d’exercice de la démocratie pour pouvoir exister et de plus en captation vidéo!) …mon avis subjectif perso : il serait bon d’analyser ces CM: les oppositions sont surtout …dans l’opposition ( re-normal!) mais plus que rarissimement dans la proposition et celà donne lieu à des tacles et des obstructions ( classiques) qui tiennent en longueur et des élus, ues qui s’écoutent parler avec délices et n’incitent absolument pas à suivre ces CM et qui de plus obhèrent de fait une formation à “une instruction civique citoyenne” de qualité. C’est assez classique et parfois les faits et les actions ( végétalisation entre autre, comité scientifique mis sur pied pour gérer la crise COVID avec des habitants participants à x réunions régulièrement (+ 1 prix je crois décerné) sont plus aisés à comprendre en lisant le d.l ou en se baladant dans les quartiers car les dires sont parfois disons…orientés mais les actions sont elles bien concrètes ( ces disputes sur arbres coupés et plantés n’ont pas lieu d’être à mon avis: il suffit de vérifier sur place et le service en question est us qu’au point. Il y a d’ailleurs eu possibilité de recevoir des arbres à planter pour des corps).
    Mini exemple d’une opposition à laain un peu lourde : les fontaines de Grenoble ( je ne sais plus le nom exact mais si il y en a …une…à remettre en eau ..les autres fonctionnent bel et bien, j’ai vérifié par ex quartier Hoche, alors affirmer comme l’a fait une élue ” que la fontaine de mon enfance ne fonctionnait pas et englober toutes les autres…? De plus il y a eu un budget participatif déposé sur ce sujet, et cette élue pourrait trouver des amis,ies pour en déposer un en ce sens, ça aurait du panache que l’opposition s’empare d’un processus de “participation démocratique ?! “.
    C’est tout pour cette fois , ce n’est pas évident d’écrire des articles ” objectifs” et j’ai essayé de donner un peu mon avis…

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